Ils envisagent de créer un Conseil pour la communauté émigrée
La mise en place par le président Bouteflika du Conseil consultatif de la communauté algérienne à l’étranger motive en partie leur intention.
En Grande-Bretagne, il existe une pléthore d’associations d’immigrés algériens. Mais souvent, elles sont effacées ou inutiles. L’existence de certaines est même sujet de controverse, leurs créateurs étant soupçonnés de les utiliser comme un moyen leur permettant d’obtenir une subvention du gouvernement britannique, dans le cadre de l’aide financière que ce dernier apporte aux organisations de charité.
Une fois l’argent en poche, quelques-uns oublient leurs engagements et rentrent dans une longue hibernation. D’autres associations plus rares et autrement plus altruistes se démènent comme elles peuvent pour venir au secours de milliers d’Algériens dans le besoin et à l’abandon, dans un pays ou ils se sentent complètement perdus.
Pour gagner en puissance, des responsables d’organisations ont eu l’idée de se rassembler dans le cadre d’une entité inter-associative. Selon ses concepteurs, cette mégastructure devra permettre aux Algériens du Royaume-Uni de se faire entendre à la fois, auprès des autorités de leurs pays d’accueil et d’origine. Plusieurs rencontres ont été organisées depuis quelques mois pour parachever ce projet.
La dernière réunion a eu lieu samedi dernier. La prochaine est programmée le 21 novembre prochain. À cette date, les participants devront s’entendre sur les statuts qui régiront l’organisation. Un rendez-vous imminent qui explique en partie leur empressement. Il n’a pas lieu à Londres mais à Alger. À la fin du mois en cours, devra se tenir la première session du Conseil consultatif de la communauté algérienne à l’étranger, mis en place par le président Bouteflika, en août dernier.
Au lieu d’y pendre part en rangs dispersés ou de faire l’objet d’une sélection arbitraire, les associations algériennes de Grande-Bretagne et d’Irlande ont décidé d’opter pour une représentation consensuelle et qui a du poids. Avoir un pied dans ce Conseil, constitue à leurs yeux l’unique moyen d’attirer l’attention de l’État algérien sur la communauté algérienne de Grande-Bretagne.
Il est reproché à Alger, en effet, de ne voir d’émigrés algériens qu’en France, alors que les registres consulaires recensent environ 25 000 compatriotes établis au Royaume-Uni. Mais selon certaines sources, leur nombre serait beaucoup plus important. La proportion des sans- papiers, enfle les statistiques incommensurablement. Leur sort est sans doute le plus affligeant. Sans argent, sans travail et sans toit, ils sont les recrues privilégiées des gangs.
Ceux qui sont arrêtés, à la suite d’un crime sont envoyés en prison et ensuite dans les centres de rétention pour immigrés clandestins, et ce avant leur expulsion définitive. À I’intérieur de ces établissements, les séjours ont l’aspect de peines carcérales à rallonge.
Quelques associations actives et parfois des volontaires tentent d’apporter un soutien aux harraga incarcérés en leur permettant d’obtenir une aide juridique et de sensibiliser les services consulaires algériens sur leur condition. Même en situation régulière, beaucoup d’Algériens sont spoliés de leurs droits parce qu’ils ne connaissent pas la législation de leur pays d’accueil, ne maîtrisent pas vraiment l’anglais et vivent en marge de la société.
Le cas des femmes violentées est sans doute le plus édifiant. Mais pas seulement. En l’absence de liens de solidarité solides, des enfants, nés de couples algériens disloqués, se retrouvent dans des hospices ou des familles d’accueil. Il arrive aussi que des compatriotes sans le sou, n’arrivent pas à payer les frais d’un séjour à l’hôpital. D’autres meurent dans l’anonymat et une totale solitude.