Des acteurs politiques et de la société civile appellent à dire “Non” au prochain scrutin : “Cette élection est une insulte à l’honneur national”

Des acteurs politiques et de la société civile appellent à dire “Non” au prochain  scrutin : “Cette élection est une insulte à l’honneur national”

“Les pratiques contraires aux principes de l’éthique” observées lors de la constitution des listes de candidatures “sont suffisantes pour disqualifier cette mascarade”.

“N’en déplaise au ministre de l’Intérieur, aux partis politiques participationnistes et aux propagandistes ‘lèches-bottes’ qui tentent désespérément de mobiliser les Algériens, cette élection sera inscrite dans les pages les plus sombres de notre histoire comme une insulte et une atteinte à l’honneur national.” Ils sont douze, pour la plupart des animateurs politiques, mais aussi des acteurs de la société civile à lancer un appel aux citoyens à faire “preuve de dignité et de courage” pour dire “non” à la prochaine élection, qualifiée de mascarade.

“Fidèles à nos engagements primordiaux, convaincus de la justesse de notre position de dissidence contre la mascarade de mai prochain, nous appelons les citoyens à faire preuve de dignité et de courage pour dire : ‘Non à une élection des barons et des prédateurs’, ‘Non aux imposteurs et aux courtisans’, ‘Non au mensonge et à la bassesse’”, écrivent Mohamed Arezki Ferrad, Me Dabouz, Ali Benouari, Soufiane Djilali, Karim Tabbou, Amar Khababa, Saad Bouakba, Farid Mokhtari et Samir Benlarbi, entre autres, dans un communiqué signé conjointement et rendu public hier. “Agir et ne pas se rendre complice de cette mascarade est un fait hautement patriotique. Boycotter, c’est affirmer son refus de soumission à la lâcheté et à la trahison”, notent-ils. “Les pratiques contraires aux principes de l’éthique citoyenne et des règles du jeu démocratique qui ont marqué la constitution des listes pour les prochaines législatives sont suffisantes pour disqualifier cette mascarade”, soutiennent-ils encore.

Considérant le “silence” de la justice devant les atteintes à la loi, à la morale et aux principes de la politique comme “une attestation de sa complicité, de son implication et de sa soumission aux ordres et aux intérêts mafieux”, les douze signataires relèvent également que “l’incapacité de la Haute instance indépendante de surveillance des élections à mettre un terme à toutes ces dérives et à imposer une discipline stricte à la mesure de son appellation apporte une preuve supplémentaire de l’absence d’une quelconque volonté d’aller vers des arbitrages électoraux dignes et démocratiques”. Selon eux, la prochaine élection ne déroge pas aux règles qui ont présidé aux précédentes, en ce sens que les aspirations des citoyens au changement sont sacrifiées sur l’autel d’arrangements occultes. “(…) Les citoyens se retrouvent encore une fois otages des pratiques mafieuses, des marchandages et des arrangements souterrains.”

Les signataires ne manquent pas d’alerter sur les menaces et “dangers” que fait peser la crise politique “inédite” que vit le pays et qu’aggrave l’absence du chef de l’État sur la stabilité du pays. “L’absence prolongée du chef de l’État et son incapacité “physique et mentale” à assumer ses missions constitutionnelles a impacté lourdement les services de l’État.” “Toutes les institutions sont suspendues à la seule volonté des décideurs de l’ombre. Elles sont devenues de simples instruments au service de la prédation et des prédateurs (…)”, notent-ils.

Aspirant à créer un nouvel espace de concertation, maintenant que le projet de Mazafran est “politiquement mort”, selon eux, ces signataires ont, lors d’un échange avec les journalistes, mis l’accent sur la nécessité de tirer les leçons de l’expérience de Mazafran, d’aller vers les citoyens pour déconstruire les “pratiques du pouvoir” et “reconstruire la confiance”. “Nous sommes un comité d’alerte”, a résumé Karim Tabbou qui plaide pour la “renégociation d’un contrat politique avec les autres acteurs sur la base de clauses sérieuses”.

“Il y a eu trois ratages : le contrat de Rome, le retrait des six en 1999 et la conférence de Mazafran (…) Il y a beaucoup d’archaïsme dans notre fonctionnement.”

Pour sa part, Soufiane Djilali estime que l’enjeu désormais est de “mutualiser les moyens de lutte, les hommes et les activistes en général”, même s’il admet qu’“il faut du temps et de la pratique”. À noter qu’Ali Benflis n’a pas pris part à cette sortie. Son parti considère que l’Icso doit être sauvegardée.