Des acquis considérables contrariés par la corruption

Des acquis considérables contrariés par la corruption

64_slide_1_130220120242.jpgCinquante après l’indépendance, pour les Algériens, évoquer le secteur de l’énergie c’est éprouver un sentiment d’orgueil national. C’est toute la notion de recouvrement de la souveraineté nationale et de la récupération de nos richesses naturelles dont il s’agit.

La nationalisation des mines, en 1967, et celle des hydrocarbures, en 1971, ont constitué des décisions majeures qui avaient déterminé toute la politique de développement économique et social de l’Algérie poste indépendance. Ces décisions ont été, malheureusement, contrariées par la corruption. Près de cinquante après l’indépendance, l’Algérie vit toujours sous l’emprise de la corruption. Pire encore, ce fléau économique et financier, qui ronge en profondeur la société algérienne et les institutions étatiques, ne finit pas de s’amplifier au fil des ans.

Les régimes politiques successifs de 1962 à nos jours ont tous eu leur part de responsabilité.

De l’ère Boumediène où les pratiques corruptrices servaient à soudoyer les opposants politiques pour les écarter du pouvoir tout en mettant en avant le principe sacro-saint de la lutte contre “les atteintes à l’économie nationale et à la dilapidation des deniers publics” en instituant la Cour de sûreté de l’Etat, à celle de Chadli où la Cour des comptes a été instrumentalisée pour éliminer les adversaires du pouvoir de l’époque, et enfin, celle de Bouteflika, où les scandales politico-financiers (les affaire Khelifa, Sonatrach I et II, l’autoroute Est-Ouest et aujourd’hui, Sapiem et ENI) dont deux anciens ministres algériens son impliqués dans des pots-de-vin au coût de 200 millions de dollars, selon la justice italienne), ont fini par éclater au grand jour. Dans un tel contexte, il paraît intéressant de relever que la revue Esprit, dans son numéro consacré au thème “La corruption, la peur et la révolte”, a publié une étude de l’expert en sociologie politique, Mohamed Hachmaoui, intitulée “Corruption politique en Algérie : l’envers de l’autoritarisme” qui considère que : “La corruption en Algérie n’est ni accidentelle ni sectorielle mais procède bel et bien d’un système de gouvernement.”

L’auteur estime par ailleurs que “l’affaiblissement institutionnel a été favorable à la prolifération des affaires des tenants du régime et de leurs parentèles… les causes sont profondes et sont liées à la nature d’un régime corruptophile”. Au demeurant, et ça n’est pas le fait du hasard, si les “révolutions arabes” ont révélé une revendication commune : la dénonciation de la corruption notoire des dirigeants de leurs pays respectifs. En Algérie, l’opinion publique, médusée face à un discours officiel édulcoré et de circonstance, qui ne convainc personne en dépit du renforcement des mécanismes de contrôle de la dépense publique et de lutte contre la corruption, a fini par perdre confiance dans une justice, qui s’est limitée, du moins jusqu’à présent, à ne juger que des responsables de second rang. Comment peut-il en être autrement, alors que tous les éléments des investigations menées par les institutions en charge de cette mission semblent converger vers la mise en cause directe de hauts responsables qui étaient, il n’y a pas longtemps, en charge de la gestion du secteur de l’énergie, et qui ne sont, apparemment, pas inquiétés outre mesure. Les informations autour des scandales politico-financiers, au niveau de Sonatrach, ont été rapportées quasi quotidiennement par la presse nationale et par le site Wiki-Leaks, notamment à travers l’étonnante révélation du patron de la compagnie pétrolière BP, mettant directement en cause Chakib Khelil, confortant ainsi l’avis de nombreux observateurs avertis de ces questions.