En ce moment, tous les journaux et magazines spécialisés dans le football à travers le monde publient des classements de footballeurs d’un genre particulier. Nous étions habitués à lire des classements de footballeurs basés sur les performances sportives,….. les passes décisives ou les buts marqués par exemple, mais cette fois-ci, ce sont des classements sur la taille des salaires, du plus grand au plus petit, qui apparaissent.
Le supporter algérien étant aussi curieux que le reste de la planète, concernant le salaire de ses idoles, Compétition a décidé d’enquêter sur le sujet et vous allez vous apercevoir, chers lecteurs, qu’en dehors de la curiosité concernant le nombre de zéros sur la fiche de paye de Belhadj, Bougherra ou Ziani, vous allez vous apercevoir que nos Fennecs ne sont pas si bien lotis que ça comparés à d’autres joueurs supérieurs ou égaux. Notre équipe nationale ne pèse que 1 160 000 euros, si j’ose dire !
Les Algériens : les «pauvres» du football mondial
Les footballeurs professionnels algériens font partie des «smicards» ou des «pauvres» du football mondial. Car lorsqu’on compare leurs salaires à ceux de leurs collègues africains, sud-américains et surtout européens, on est en droit de se poser des questions. Notre réflexion va certainement vous faire bondir de votre chaise, chers lecteurs, surtout si vous lirez le classement et que vous lirez que le salaire mensuel du Fennec le moins bien payé, Mehdi Mostefa, est égal au salaire de 5 ans d’un salarié moyen de chez nous, mais pour comprendre notre propos, il faut sortir du monde réel pour se plonger dans le monde du football, qui génère, on le rappelle, des milliards d’euros chaque année. N’oublions pas qu’un footballeur n’a que 5 ans dans sa carrière très courte, pour épargner l’argent qui va lui permettre de vivre et de faire vivre sa famille le reste de ses jours.
De plus, lorsqu’on regarde les milliards d’euros, on constate qu’ils sont générés à 90% par les droits TV, la billetterie et surtout le mershandising. Il faut savoir, à titre d’exemple, que les droits TV de la Premier League anglaise se sont négociés à 3,558 milliards d’euros ou, concernant le volet merchandising, qu’un maillot du Real Madrid ou du FC Barcelone qui a un prix de revient total de 1 euro, dans le sud-est asiatique, est revendu 100 euros. On s’aperçoit très vite, à la lecture de ces chiffres, que même les 1 083 000 euros mensuels de Cristiano Ronaldo ne sont qu’une goutte d’eau comparé à ce qui entre dans les caisses des clubs, des confédérations continentales et surtout de la FIFA qui, elle, gagne vraiment le jackpot à tous les coups.
Là où le bât blesse, c’est qu’on s’aperçoit qu’hormis Karim Ziani et Nadir Belhadj qui tirent un peu leur épingle du jeu financièrement parlant, le reste de nos joueurs expatriés ne sont pas très bien payés comparé à leur statut dans leur club, à leur niveau de jeu et à leur statut d’international et de mondialiste.
Lorsqu’on voit un Madjid Bougherra, par exemple, qui fait partie des meilleurs défenseurs centraux d’Europe et incontestablement dans le top trois africain et qui sort d’une Coupe du monde, on peut s’interroger sur ses 80 000 euros mensuels alors que des joueurs qui lui sont inférieurs ou égaux, comme le Français Sébastien Squilaci par exemple, qui touche, lui, à Arsenal 180 000 euros par mois. Autrefois, nos expatriés jouaient tous en Ligue 1 française, et lorsqu’on s’interrogeait sur leurs petits salaires comparés au reste de leurs collègues, on invoquait immédiatement la «hogra», la discrimination du footballeur algérien avec des relents de xénophobie datant de l’époque coloniale.
Aujourd’hui, cet argument ne tient plus car nos joueurs sont éparpillés dans toute l’Europe et pour un Anglais, un Allemand ou un Russe, un footballeur algérien est un footballeur comme un autre. La vérité, c’est que nos joueurs n’ont pas su fructifier leur lucarne médiatique qu’à représentée la Coupe du monde 2010, ne jouent pas dans les bons clubs et n’ont donc pas les bonnes fiches de paye. Voilà le nœud du problème.
Le problème du footballeur algérien n’est-il pas un problème d’agents ?
Lorsqu’on regarde le Top 50 des plus gros salaires du football mondial, hormis le fait qu’il n’y a aucun Fennec, on s’aperçoit vite qu’ils jouent tous dans des grands clubs, Inter de Milan, Real de Madrid, Barcelone ou Chelsea, etc. Grands clubs européens où aucun footballeur algérien n’évolue et pourtant en équipe d’Algérie, il y a certains joueurs qui ont largement leur place dans le très haut niveau européen.
Pourquoi les footballeurs algériens n’arrivent-ils pas à franchir le dernier palier qui leur permettrait d’accéder à ce très haut niveau et à la fiche de paye qui va avec ? Ce n’est pas, à notre sens, une question de talent, mais plutôt une question d’agents. En Europe, les agents et même les cabinets d’agents, puisqu’aujourd’hui il n’y a pratiquement plus d’agent qui travaille en solitaire, sont sectorisés en divisions comme le sont les équipes de football. Certains agents sont spécialisés dans les joueurs et les clubs de première division, d’autres dans la deuxième division et ainsi de suite jusqu’au niveau le plus bas.
Hormis les grandes stars comme Cristiano Ronaldo, Lionel Messi ou même à un degré moindre, Karim Benzema, qui sont détectés très tôt et signent directement pour des grands cabinets d’agents, le jeune footballeur qui sort d’un centre de formation européen doit signer dans un petit cabinet d’agent et monter crescendo au gré de l’évolution de sa carrière et de son talent jusqu’à signer un jour au cabinet d’agents qui lui permettra de signer au Milan AC. L’exemple le plus frappant est celui de Franck Ribéry, qui a suivi, au début de sa carrière, le même circuit que nos Fennecs, avec des petits cabinets d’agents qui le faisaient signer au FC Metz et à Galatasaray jusqu’à l’Olympique de Marseille. Dès que Ribéry a commencé à briller à haut niveau à Marseille et qu’il a ambitionné de signer dans un grand d’Europe, son premier geste a été de quitter son agent pour rejoindre le grand cabinet d’agents que dirige Jean-Pierre Bernes, qui compte parmi ses clients un certain Zinedine Zidane et Samir Nasri.
Cette signature de Ribéry chez Bernes lui a ouvert immédiatement les portes du grand Bayern de Munich et d’un salaire de 416 000 euros par mois. Nos Fennecs étant quasiment tous nés en France, il est tout naturel qu’on les retrouve dans des cabinets d’agents français. En France, il n’y a que deux cabinets qui sont les interlocuteurs des grands clubs du top 10 européen, ceux de Jean-Pierre Bernes et de son concurrent dirigé par l’ancien président de l’OM, le Franco-Sénégalais Pape Diouf.
Malheureusement, aucun international algérien ne figure dans ces deux écuries. Nos joueurs venant tous de Ligue 2, voire de petits clubs, en progressant et en signant à Charlton, aux Rangers, à Portsmouth ou à Benfica, n’ont pas su remercier leurs premiers agents pour rejoindre des cabinets d’agents dignes de leurs rangs qui leur auraient permis d’accéder à des Manchester United, Chelsea, Arsenal ou Bayern. Même lorsque nos joueurs font de grosses performances, comme celles de Bougherra face à Rooney en coupe du monde et en Ligue des champions, lorsque des managers de clubs comme Arsène Wenger ou Sir Alex Ferguson se renseignent sur eux, en voyant les agents qui s’occupent de leurs affaires, des agents qu’ils ne connaissent pas alors qu’eux sont habitués à traiter avec les mêmes personnes, font marche arrière et prennent quelqu’un d’autre. Cela peut paraître tout simplement idiot, mais le football de très haut niveau a ses codes et nos joueurs doivent le comprendre pour évoluer, Sir Alex Ferguson et Manchester United ne traiteront jamais avec un agent qui est habitué à négocier des transferts de Gueugnon à Sedan. S’ils ne changent pas d’agents très vite, nos joueurs seront abonnés ad vitam eternam aux petits salaires et à des transferts vers le Qatar, la Turquie, l’Ecosse ou la Grèce.
Classement des Fennecs par salaire
1/ Karim Ziani :
autour de 300 000 euros par mois
2/ Nadir Belhadj :
autour de 280 000 euros par mois
3/ Madjid Bougherra :
autour de 80 000 euros par mois
4/ Rafik Djebbour :
autour de 70 000 euros par mois
5/ Mehdi Lacen :
autour de 70 000 euros par mois
6/ Ryad Boudebouz :
autour de 60 000 euros par mois
7/ Hassan Yebda :
autour de 60 000 euros par mois
8/ Rafik Halliche :
autour de 60 000 euros par mois
9/ Abdelkader Ghezzal :
autour de 50 000 euros par mois
10/ Mourad Meghni :
autour de 40 000 euros par mois
11/ Raïs M’bolhi :
autour de 40 000 euros par mois
12/ Antar Yahia :
autour de 35 000 euros par mois
13/ Mehdi Mostefa :
autour de 15 000 euros par mois
Classement des dix plus gros salaires du football mondial
1 Cristiano Ronaldo Real Madrid CF 1.083.000 €
2 Zlatan Ibrahimovic FC Barcelona 1.000.000 €
3 Lionel Messi FC Barcelona 875.000 €
4 Samuel Eto´o Internazionale 875.000 €
5 Ricardo Kaká Real Madrid CF 833.000 €
6 Emmanuel Adebayor Manchester City 708.000 €
7 Karim Benzema Real Madrid CF 708.000 €
8 Carlos Tevez Manchester City 666.000 €
9 John Terry Chelsea FC 625.000 €
10 Frank Lampard Chelsea FC 625.000 €