Derrière la mort du fils aîné de l’émir du Dubaï, les secrets du monde d’excès des princes du Golfe

Derrière la mort du fils aîné de l’émir du Dubaï, les secrets du monde d’excès des princes du Golfe

Vendredi 18 septembre, le sulfureux prince Rashid est décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 34 ans, selon un communiqué officiel. Il était réputé pour son amour des chevaux de courses, des voitures de luxe et des femmes, ainsi que pour sa dépendance à la drogue et au sexe.

Le cercle très fermé des grandes fortunes de la péninsule arabique a récemment été éclaboussé par la mort du Sheikh Rashid, le fils aîné de l’émir de Dubaï, Mohammed ben Rachid Al Maktoum. Son mode de vie était emblématique des jeunes « playboys arabes » qui dépensent sans compter et font la fête à outrance à travers le monde.

Vendredi 18 septembre, Rashid est décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 34 ans, selon le communiqué officiel. A Dubaï, un deuil national de trois jours a été décrété.

Pendant plusieurs années, le sulfureux prince Rashid, connu pour son amour des chevaux de courses, des voitures de luxe et des femmes, a écopé d’une réputation de drogué et d’obsédé sexuel.

Aux Emirats, sa mort a été présentée de manière très officielle, mais en Occident, son décès a levé le voile sur le monde très secret des « Playboys arabes » qui s’échappent chaque été de la chaleur du Moyen-Orient, et dépensent sans compter dans de nombreux pays occidentaux.

Le comportement débridé de ces jeunes princes arabes a récemment débouché sur un autre scandale, avec le cas du prince Abdulaziz Al-Saud, accusé d’agressions sexuelles. Quelques semaines plus tôt, le Sheikh qatari Khalid bin Hamad al-Thani avait quitté précipitamment les Etats-Unis, après avoir été soupçonné de conduire sa Ferrari jaune dans Los Angeles sous l’emprise de drogues.

Si ce comportement peut choquer les citoyens outre-Atlantique, à Londres, les habitants sont généralement habitués à ces nouveaux visiteurs. L’afflux de jeunes millionnaires issus des pétromonarchies est presque devenu un rituel estival dans la capitale britannique. Devant des palaces tels que le Dorchester, le Claridge, ou Harrods, il est commun de voir des bolides personnalisés, affrétés en avion pour près de 50 000 euros. La compagnie Qatar Airways met à disposition des avions entiers pour transporter ces véhicules et les ramener dans la péninsule chaque été.

« La majorité de ces princes ont entre 21 et 25 ans, et disposent de véritables fortunes dans leur pays respectif grâce à l’argent du pétrole. Ils viennent à Londres pour se désinhiber quelques temps, loin de la vie très stricte et ennuyeuse qu’ils mènent dans chez eux. Au q »otidien, ils ne peuvent, en effet, pas faire de folies, et viennent à Londres pour l’été afin de s’amuser, avant de rentrer et de se marier, selon Daniel Hallworth, spécialiste de l’importation temporaire de véhicules vers l’Europe pour ses clients arabes, cité par the Daily Beast.

« Les véhicules atterrissent à l’aéroport d’Heathrow. D’habitude, ils viennent à Londres en juillet, et la durée de leur séjour dépend de la météo. S’il pleut beaucoup, comme cette année, ils commencent à s’ennuyer et s’envolent vers le sud de la France pour quelques semaines » explique Daniel Hallworth. « Beaucoup séjournent dans les propriétés dont ils disposent, ou prennent des suites dans les grands hôtels. Le Dorchester est très populaire car il dispose d’un parking devant l’entrée ».

« Ils sont généralement très protégés et reclus, sans être pour autant paranoïaques, ce sont des gens très privés. Ces millionnaires ne souhaitent être connus de personne, et sont très discrets sur leurs activités. Ils sont peu loquaces. Ils sont heureux que les gens regardent leurs bolides, mais ils ne donnent leurs noms à personne ».

Si la prédominance des hommes est toujours bien établie, le gente féminine issue des pays du Golfe n’est pas pour autant lésée quand il s’agit des loisirs, bien au contraire. Les jeunes femmes préfèrent souvent Paris à Londres, notamment pour le shopping, et séjournent souvent à l’hôtel George V ou au Plaza Athénée, le palace de l’avenue Montaigne détenu par le Sultan de Brunei.

Lors de sa dernière escapade parisienne, la princesse Maha bint Mohammed bin Ahmad al-Sudairi, belle-sœur du roi Abdallah d’Arabie Saoudite, aurait tenté de fuir le Shangri-La Hotel, où elle et ses proches ont occupé 41 chambres pendant cinq mois, laissant derrière elle une note s’élevant à plus de 7 millions d’euros. L’addition aurait été réglée en 48 heures par des membres de la famille royale saoudienne, mais la jeune Maha est désormais forcée de rester dans le pays jusqu’à la fin de ses jours.

Le Sheikh Rashid était lui aussi un amateur régulier de la capitale britannique. Outre la richesse colossale de son père, sa fortune personnelle était estimée à 1,9 million de dollars par le magazine Forbes. Même parmi ces fameux « Playboys arabes » rompus à la fête et à la démesure, son comportement était considéré comme particulièrement excessif.

Le jeune héritier était lui aussi tombé en disgrâce auprès de son père, et avait perdu sa place dans l’ordre de succession en 2008, au profit de son frère cadet, le Sheikh hamden. Ce changement semble être dû à l’implication de Rashid dans une affaire d’homicide, selon une note confidentielle envoyée à Washington par le consulat des Etats-Unis à Dubaï, et dont le contenu a été révélé par Wikileaks.

Le consul David Williams aurait ainsi écrit : « Selon certaines allégations, Rashid aurait tué un assistant de l’émir, compromettant de fait  son statut d’héritier ». Pendant les dernières années de sa vie, le Sheikh Rashid n’était autorisé à quitter Dubaï que très exceptionnellement, et ses escapades londoniennes ont donc été largement restreintes. Un employé avait même raconté en 2011 la cure de désintoxication imposée à Rashid par sa famille.

Ces derniers temps, il avait été isolé de toutes ses fréquentations, et les informations disponibles à son sujet sur internet ont même été intégralement effacées, à l’exception de quelques photos officielles. Malgré le drame qui aura fait vaciller très brièvement ce microcosme, le mode de vie fastueux et excessif des jeunes millionnaires du Golfe n’est pas prêt de changer.