Quinze manifestants ont été tués par balle, ce lundi matin, lors d’une marche de contestation à Taëz, au sud de Sanaâ.
«Le nombre des morts a atteint les 15, et il y a des dizaines de blessés», a précisé ce médecin, Sadok Choujaâ, qui dirige un hôpital de campagne soignant les protestataires.
Peu auparavant, le même médecin avait indiqué qu’au moins dix manifestants avaient été tués par balle.
«Les soldats et les membres des forces de sécurité continuent de tirer sur les manifestants», qui demandent le départ du président Ali Abdellah Saleh, a-t-il ajouté.
Selon des manifestants, les premières victimes sont tombées sous les balles de l’armée et des forces de l’ordre. Les protestataires ont ensuite atteint le siège du gouverneur de province et ils ont pu entrer dans la cour du bâtiment, mais ont été accueillis par des salves de tirs d’hommes armés dont certains étaient postés sur les toits.
Hier dimanche, un jeune a été atteint mortellement par les tirs de la police, alors qu’il déchirait un portrait du président Saleh, ont rapporté de nombreux témoins mais les autorités ont démenti cette mort. Des centaines de manifestants ont été, par ailleurs, indisposés par des gaz lacrymogènes et on enregistre des dizaines de blessés par des jets de pierre dans la ville de Hodeida, sur la mer Rouge dans la même journée d’hier, selon des sources médicales. «1 650 manifestants ont souffert de suffocation en inhalant des gaz lacrymogènes, une trentaine ont été blessés par des jets de pierre et 13 ont été touchés par des balles», selon un nouveau bilan d’un hôpital de campagne proche du lieu de sit-in.
Les heurts ont débuté hier soir lorsque des dizaines de milliers de manifestants ont commencé à marcher sur le palais présidentiel de cette ville de 400 000 habitants, aux cris de «A bas le régime», selon des témoins.
Selon les organisateurs, une trentaine de personnes avaient été interpellées après les heurts. Des milliers de manifestants campent depuis la mi-février dans le centre de Taëz, réclamant comme à Sanaâ et à Aden la chute du régime du président Saleh. Le mouvement de contestation, lancé fin janvier dernier, s’était accentué après la mort à Sanaâ le 18 mars dernier de 52 manifestants par des tirs attribués à ses partisans. Abandonné par une partie de l’armée et des chefs tribaux et religieux, le président Saleh a mis en garde contre le risque de chaos au Yémen s’il était contraint à céder le pouvoir et a su mobiliser en masse ses partisans le 25 mars et le 1er avril derniers. Il a exhorté l’opposition rassemblée au sein du Forum commun «à mettre un terme à la crise en levant les sit-in, en arrêtant de couper les routes et en mettant fin à la rébellion dans certaines unités militaires». «Nous sommes prêts à discuter d’un transfert pacifique du pouvoir dans un cadre constitutionnel», a répété le président Saleh. Plus de deux mois de manifestations ont fait au moins 95 morts, selon Amnesty International.