«La nouvelle loi relative à l’information a supprimé les peines de prison pour les délits d’expression»
Vivement donc le dossier sécuritaire. Il est le seul à faire gagner les bons points à l’Algérie au plan international.
«L’Algérie a renforcé son rôle d’acteur régional dans la lutte contre le terrorisme.» C’est en ces termes que le dernier rapport du département d’Etat américain a salué le rôle clé de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme. Le document rendu public avant hier, a cité en exemple l’accueil par l’Algérie de «la réunion inaugurale du Forum mondial de lutte antiterroriste, un groupe multilatéral que les États-Unis ont créé pour étendre les discussions sur la lutte contre le terrorisme au-delà des pays industrialisés occidentaux». Vivement donc le dossier sécuritaire.
Il est le seul à faire gagner les bons points à l’Algérie au plan international, du moins au yeux des Américains. Pour le reste des dossiers, le rapport US a été très sceptique. Si bien qu’à chaque fois qu’il souligne une avancée effectuée par l’Algérie, il lui oppose systématiquement un fait, une loi ou une démarche du gouvernement qui ternit cette même avancée.

Le rapport du département d’Etat souligne par exemple que «des progrès ont été réalisés en Algérie dans les domaines de la liberté de la presse». Il note que «la nouvelle loi relative à l’information a supprimé les peines de prison pour les délits d’expression commis par des journalistes», notamment pour diffamation ou outrage envers le président, les institutions publiques ou les tribunaux.
A cette avancée, le rapport oppose le fait que cette même loi «a augmenté le montant des amendes imposées. Elle a également élargi les restrictions frappant les journalistes en exigeant qu’ils respectent une série d’objectifs formulés en termes vagues et en prévoyant des sanctions pouvant être ordonnées par un conseil professionnel d’éthique en cas d’infraction». Evoquant le rôle de la femme dans les institutions élues, le département d’Etat rappelle que l’Algérie a adopté une nouvelle loi le 12 janvier 2012, imposant un quota de 30% de femmes sur les listes électorales des partis pour les élections législatives et les élections locales.
Les femmes ont remporté 31% pour cent des sièges au Parlement élu le 10 mai. Une avancée fortement saluée par l’ancienne secrétaire d’état américaine Hillary Clinton. Mais le rapport américain ne la voit pas de cet oeil. Il lui oppose «le Code du statut personnel (qui) est discriminatoire à l’égard des femmes dans les domaines de l’autorité parentale, du divorce et de l’héritage». Le document américain a relevé les nouvelles lois adoptées en janvier 2012, la levée de l’état d’urgence en 2011, en vigueur depuis 19 ans, et la mise en place d’importantes réformes constitutionnelles et électorales, «n’ont guère donné aux Algériens une plus grande liberté pour s’associer, former des partis politiques ou exprimer leurs opinions». Pour le département d’Etat US, «les autorités ont invoqué d’autres lois et réglementations répressives pour étouffer les voix dissidentes et juguler les activités relatives aux droits humains». Le rapport cite l’exemple de la loi de 1991 régissant le droit à la liberté de réunion, qui exige l’obtention d’une autorisation préalable pour les manifestations publiques.
Pêle-mêle, le rapport cite des actions menées par des syndicats et empêchées par les services de sécurité durant l’année 2012, particulièrement au niveau de la capitale. «La nouvelle loi sur les associations, que le Parlement a adoptée le 12 janvier 2012, contient bon nombre de nouvelles dispositions qui octroient des pouvoirs considérables au gouvernement pour contrôler les associations», lit-on dans le rapport. En revanche, Dame justice n’a pas été gratifiée de compliments de la part de l’Oncle Sam. Le document américain a relevé dans ce sens que des insuffisances dans le secteur de la justice notamment pour «les détentions préventives prolongées». Ce qui est aux yeux des Américains un mauvais point qui tranche avec les percées démocratiques enregistrées en Algérie. Par ailleurs, une large partie du rapport a été consacrée au Monde arabe, notamment les pays qui ont eu à connaître des révolutions.
Washington ne cache plus sa déception relevant que «l’espoir né aux premiers jours du Réveil du monde arabe a buté sur les dures réalités de transitions contestées et incomplètes». Et cette «transition démocratique de la région ne se fera pas de manière linéaire et il y aura forcément des reculs», met en garde le département d’État.