Dernier nostalgique de «l’Algérie française»: Susini mort… sans remords

Dernier nostalgique de «l’Algérie française»: Susini mort… sans remords

Cofondateur avec Pierre Lagaillarde de l’Oganisation de l’armée secrète (OAS), Jean-Jacques Susini, dernier nostalgique de l’Algérie française, est mort le 3 juillet à l’âge de 83 ans.

Il rejoint les Aussaresses, Massu, Bigeard… sans avoir manifesté le moindre remord pour les assassinats, enlèvements, torture, attentats aveugles, ratonnades contre des Algériens. A son tableau de «chasse» : 1600 morts et 5000 blessés, tous des victimes innocentes dont le seul tort est d’avoir demandé la liberté.

Il était né à Alger le 30 juillet 1933 dans une famille d’origine corse, avec un père cheminot et syndicaliste. C’est sa grand-mère maternelle, admiratrice du dictateur fasciste italien Benito Mussolini (1883-1945), qui sera sa source d’inspiration. Etudiant en médecine, toujours tiré à quatre épingles, il adhère au parti gaulliste, le Rassemblement du Peuple Français (RPF), pour s’en détacher rapidement. Dès 1958, Jean-Jacques Susini a l’intuition que le fameux «Je vous ai compris» du général De Gaulle à Alger ne signifiait pas «Je suis d’accord avec vous».

Et il rejoint le Front national français du cafetier Joseph Ortiz (1917-1995), préfiguration de l’OAS. Alors que les Français du continent veulent l’indépendance de l’Algérie, lui se veut le défenseur des pieds-noirs, les Français d’Algérie : «Je défendais le sol, la famille, c’était un tout», dira-t-il au quotidien Corse-Matin. Avec Jo Ortiz et l’avocat Pierre Lagaillarde (1931-2014), il organise en 1960 à Alger les «Journées des barricades», ce qui lui vaut d’être condamné à deux ans de prison avec sursis. Jean-Jacques Susini s’exile alors en Espagne où il fonde l’OAS en 1961 avec le général Raoul Salan (1899-1984), dont il dirigera la branche Action psychologique et propagande (APP).

En 1962, il regagne Alger avec le général Salan alors que l’Algérie est meurtrie par le terrorisme aveugle de l’OAS. Condamné deux fois par contumace à la peine de mort par la Cour de sûreté de l’Etat, Susini vit dans la clandestinité en Italie avant de revenir en France à la suite d’une première amnistie accordée en 1968 par le président De Gaulle. Définitivement amnistié en 1981 par le président François Mitterrand (1916-1996), il fonde une société de gestion en sécurité. En politique, il s’engage au Front national de Jean-Marie Le Pen.