Ayant trouvé le terrain propice, les salafistes monopolisent le débat au sein des deux importants canaux: la mosquée et la télé.
Fin de la récréation. Le gouvernement ne peut plus tolérer les dépassements à l’éthique et les appels à la violence. Décidément, les mosquées et les télés seront dans le viseur. Devant la montée des salafistes, qui ont investi le terrain ces derniers temps, la menace est réellement visible. Ayant trouvé le terrain propice, les salafistes monopolisent le débat au sein des deux importants canaux: la mosquée et la télé. Usant de ces deux moyens, les salafistes véhiculent, sans craindre la moindre restriction, des idées et des idéologies contraires à nos traditions. La réplique du gouvernement traduit réellement qu’une véritable menace se profile à l’horizon.
Faca à la conjoncture actuelle marquée par la multiplication des attentats kamikazes en Tunisie, en France et au Koweit, la prévention reste de mise. Sachant que la criminalité et la violence ont atteint des proportions alarmantes au sein de la société algérienne, il n’y a pas besoin d’en rajouter une couche. Le gouvernement, qui a fermé l’oeil auparavant, réagit à travers ses deux ministres, à savoir le ministre des Affaires religieuses et celui de la Communication. Une réaction jugée un peu tardive par les observateurs de la scène politique qui, sachant que les salafistes n’ont jamais cessé d’activer sur le terrain en exposant ouvertement leur idéologie, estiment que le gouvernement aurait dû s’y prendre dès le départ. Preuve en est, des salafistes avaient le champ libre pour s’exprimer directement à partir des plateaux de télévision en s’attaquant même à la pensée libre. L’on se rappelle bien les attaques du salafiste Hamadache contre l’écrivain et journaliste Kamel Daoud. Devant les dépassements, le ministre des Affaires religieuses a décidé de sévir. Mohamed Aïssa a déclaré la guerre aux salafistes. Son premier objectif: assainir les mosquées de cette secte. Le premier responsable du secteur veut revenir à l’islam d’antan qu’a connu la société algérienne et refuse les idées importées de l’extérieur. Pour ce faire, Mohamed Aïssa veut à tout prix mettre la main sur la totalité des 17.000 mosquées que compte notre pays en leur assurant un encadrement de qualité par des imams triés sur le volet. Selon le ministre, 55 mosquées à Alger sont gérées par des imams salafistes. Ces derniers ont bénéficié d’une autorisation provisoire de la part du Conseil scientifique (du ministère des Affaires religieuses) avant son arrivée à la tête du secteur. Mohamed Aïssa promet de ne pas leur renouveler les autorisations et s’engage à les remplacer par des imams habilités. En attendant l’expiration de l’autorisation, son département garde l’oeil grand ouvert sur ces mosquées.
Le ministre est revenu à la charge en rappelant à la veille du Ramadhan la création d’un observatoire de veille contre le prosélytisme religieux, les «dérives sectaires et le terrorisme». Il avait même mis en garde des «chouyoukhs autoproclamés et des prédicateurs non formés» qui tentent d’introduire dans le pays un courant religieux étranger à «nos valeurs malékites et ibadites». Le ministre de la Communication vient de lui emboîter le pas. Hamid Grine a adressé dimanche dernier une mise au point aux chaînes privées les sommant de proscrire les expressions de violence de leurs programmes.
