“Dérapages” sur l’histoire: ces attaques sélectives contre les auteurs

“Dérapages” sur l’histoire: ces attaques sélectives contre les auteurs

Les dernières déclarations de Nordine Ait Hamouda sur l’histoire de l’Émir Abdelkader et d’autres personnalités à l’effigie de Boumediene et Ben Bella, ont soulevé moult interrogations. Le timing, les dérapages impunis d’autres personnalités, le débat sur l’histoire … ont été, entre autres points soulevés suite à ces déclarations.

Lors d’une intervention sur la chaine El Hayat TV, l’ancien député a fait plusieurs « révélations » sur l’histoire de l’Emir Abdelkader, des membres de sa famille et d’autres personnalités historiques. En effet, e fils de l’emblématique révolutionnaire Amirouche Ait Hamouda a carrément accusé l’Émir Abdelkader de « traitre ». Selon lui, « l’émir Abdelkader a vendu l’Algérie à la France en négociant de laisser certaines régions sous son pouvoir ».

Au-delà de la remise en cause de toute une tranche de l’histoire de l’Algérie par les propos de Nordine Ait Hamouda, qu’il considère d’ailleurs « comme révélations », le débat sur l’histoire de l’Algérie devra être déterré pour définir et fixer définitivement la situation pour éviter ce genre de débats et de « dérapages ». Or, ces dernières sorties médiatiques ont également soulevé un autre problème, encore plus grave.

Comment se fait-il que les déclarations de Nordine ont suscité l’acharnement et l’indignation des « prétendus gardiens de l’histoire », alors que les propos tendancieux de certains autres, sur l’histoire millénaire de l’Algérie, n’ont pas été, ne serait-ce que dénoncés ? Il s’agit en l’occurrence de président du mouvement El Bina Abdelkader Bengrina, du sénateur du FLN Benzaim ou encore de la controversée Naima Salhi.

À qui profite la sélectivité des réactions ?

Donc les faits sont là. La sélectivité des réactions aussi. Sinon, comment peut-on se prétendre défenseur acharné de l’histoire et en même temps sélectionner les faits sur lesquelles l’on intervient. Car, d’un point de vue plausible, les dérapages de Bengrina, Benzaim, Naima Salhi … sont tous également liés à l’histoire de l’Algérie.

Si l’intervention de l’ARAV, en convoquant le Directeur de la chaine El Hayat, et la réaction du ministère des Moudjahidine, sont considérées tout à fait logiques et réglementaires, du fait des prérogatives qui leur sont garanties, les attaques et surtout les insultes n’ont pas lieu d’être mêlées dans ce débat.

Quoique, les institutions officielles citées en haut devront également se prononcer sur les dérapages des personnalités politiques ayant attaqué d’autres personnalités historiques et d’autres fondements de l’Algérie consacrés par la constitution telle que la langue amazighe.

À ce propos, l’on peut citer la qualification de Bengrina de « Tamazight de chose », ou bien les propos haineux proférés par Benzaim sur la Kabylie ou encore sur le roi berbère Chechnak, qui est également une partie reconnue de l’histoire de l’Algérie du nord de l’Afrique.

Ouverture de l’archive nationale : une nécessité ?

Face aux multiples « dérapage » proclamés comme des vérités historiques, l’ouverture de l’archive nationale demeure désormais une obligation, afin de remettre toute sortie d’un haut responsable ou des historiens autoproclamés dans son contexte historique exact.

Cependant, il convient de noter que cette démarche risque de susciter « un chaos dans le pays », selon le Directeur des archives nationales lui-même.  Interrogé le mois d’avril dernier à ce sujet, Abdelmadjid Chikhi avait indiqué que « nos archives nationales sont très sensibles et ne sont pas communicables au risque de provoquer le chaos dans le pays ». (Lire notre article sur ce sujet).

Alors que des historiens dénoncent l’inaccessibilité de certaines archives « dits sensibles », Chikhi avait alors affirmé depuis Guelma qu’il a donné des directives « pour que les noms des personnes et des lieux soient supprimés des documents en question pour ne pas toucher aux personnes physiques ».

Si ces déclarations veulent bien dire quelque chose, c’est que le chapitre des débats houleux sur l’histoire de l’Algérie a de beaux jours devant lui. Face à une telle situation, n’importe qui peut se prétendre historien pour tracer l’histoire comme bon lui semble sur des plateaux de télévision et sur les réseaux sociaux.