Les affrontements entre pro-Morsi et des habitants des quartiers du Caire ont tourné au carnage hier
Ces nouvelles violences, dont le bilan définitif n’était pas fixé, ont fait potentiellement au moins 100 morts hier, soit la journée la plus meurtrière en Egypte depuis la destitution de M. Morsi le 3 juillet.
Des dizaines de partisans du président égyptien destitué Mohamed Morsi ont été tués hier dans les affrontements les plus meurtriers depuis sa chute, le nouveau pouvoir annonçant sa volonté de mettre un terme à la contestation des islamistes. Les deux camps se rejetaient la responsabilité de ces violences au Caire, qui ont fait «plus de 100 morts» selon les partisans du président islamiste renversé le 3 juillet par l’armée. Selon un correspondant de l’AFP il y avait au moins 37 cadavres dans un hôpital de campagne des pro-Morsi. Tous ont été touchés par balles, a indiqué une médecin, Amal Ibrahim, précisant qu’un nombre indéterminé d’autres avaient été acheminés vers les hôpitaux. Le ministère de la Santé a pour sa part fait état de 29 morts dans des hôpitaux d’Etat, ce qui porterait le bilan provisoire d’hier à 66 morts.
Les affrontements ont eu lieu tôt le matin, quelques heures après des manifestations massives rivales des partisans de l’armée et des Frères musulmans, la formation de M.Morsi, aggravant encore la division du pays secoué par une grave crise politique. Des pro-Morsi partis de leur campement à la mosquée Rabaa al-Adawiya (nord-est du Caire) ont tenté de bloquer la circulation à un pont routier sur la route de l’aéroport et se sont heurtés aux riverains d’un quartier voisin, selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Hani Abdellatif.
Les forces de sécurité sont intervenues pour s’interposer et la police n’a «utilisé que du gaz lacrymogène», a-t-il dit laissant entendre que les dizaines de morts avaient été tués par des habitants des environs.
Les pro-Morsi en revanche ont mis en cause des «policiers en uniforme agissant au côté d’hommes de main», tirant à balles réelles et avec de la chevrotine. Faisant redouter de nouveaux heurts sanglants, le ministre de l’Intérieur Mohamed Ibrahim a annoncé la dispersion «très prochaine» des deux campements au Caire où se sont installées des milliers de partisans de M.Morsi depuis son renversement. Il a promis une intervention «dans le cadre de la loi» et «le moins de pertes possibles», mais a appelé les protestataires à quitter les lieux d’eux-mêmes «pour éviter que le sang ne coule». Pour le porte-parole de l’Intérieur, la réponse massive à l’appel du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, à manifester vendredi pour lui donner «mandat d’en finir avec le terrorisme» démontre que le peuple «souhaite la stabilisation du pays sous la protection de l’armée et la police». Mais pour les partisans de M.Morsi, les violences d’hier sont le résultat direct du discours du général Sissi, maître d’oeuvre du renversement du premier président d’Egypte élu démocratiquement. «De telles déclarations de Sissi incitent à la violence et à la haine et servent à couvrir les crimes haineux de l’armée et de la police», ont-ils accusé. A Rabaa al-Adawiya, des jeunes islamistes portant casque et gourdins scandaient «Sissi assassin».
«Le général Sissi est l’homme fort du nouveau régime», souligne Moustafa Kamel el-Sayyed, professeur de science politique à l’Université du Caire, ajoutant qu’il «jouit du soutien d’une grande partie de la population en raison de son action contre les Frères musulmans». «Sur tout ce qui touche à la sécurité, il a une influence prépondérante», ajoute-t-il.
Les Egyptiens se sont mobilisés massivement vendredi dans tout le pays, répondant à l’appel de l’un ou l’autre des deux camps. Huit personnes ont été tuées lors d’affrontements à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, selon un dernier bilan. A l’étranger, la représentante diplomatique de l’Union européenne Catherine Ahston a dit «déplorer profondément les pertes humaines» dans les violences, et souligné la nécessité d’une transition rapide vers un pouvoir civil élu. Les violences liées aux troubles politiques en Egypte ont fait plus de 250 morts en un mois.
L’Intérieur rejette la responsabilité des violences sur les islamistes
Le ministère égyptien de l’Intérieur a rejeté hier sur les islamistes la responsabilité des affrontements qui ont fait des dizaines de morts parmi les partisans du président destitué Mohamed Morsi, et assuré que la police n’avait pas tiré à balles réelles sur eux. «Les Frères musulmans ont refusé que la journée se déroule pacifiquement et ont cherché à la gâcher dans plusieurs gouvernorats en particulier au Caire et à Alexandrie», a déclaré le porte-parole du ministère, Hani Abdellatif, en référence aux manifestations massives de vendredi. Des manifestants pro-Morsi ont tenté tôt hier matin de bloquer un pont routier sur la route de l’aéroport du Caire et se sont heurtés aux riverains d’un quartier voisin, a-t-il affirmé, ajoutant que «les forces de sécurité sont intervenues pour les séparer et empêcher la fermeture du pont». La police «n’a pas utilisé plus que du gaz lacrymogène» contre les manifestants, a assuré le porte-parole, laissant entendre que les dizaines de morts déplorés par les islamistes avaient été tués par des habitants des environs.