Dérapage de Raïssouni sur l’Algérie : les condamnations s’enchaînent

Dérapage de Raïssouni sur l’Algérie : les condamnations s’enchaînent

Les propos récemment proférés par le Président de l’Union internationale des Oulémas musulmans (UIOM), le marocain Ahmed Raïssouni, au sujet de l’Algérie ont suscité de vives réactions et une vague d’indignation et de condamnations.

Intervenant dans une émission de télévision, le prédicateur marocain, président de l’UIOM, Ahmed Raïssouni, avait appelé les Marocains au « djihade » et à une marche millionnaire sur le territoire algérien afin de récupérer Tindouf. De plus, Raïssouni s’en était pris à l’intégralité territoriale de la Mauritanie.

Ces propos polémiques ont suscité de vives réactions, à commencer par l’organisation qu’il préside, à savoir l’Union internationale des Oulémas musulmans (UIOM). Qui, à travers un communiqué, a affirmé que « les propos de Raïssouni expriment uniquement son opinion et n’engagent aucunement l’opinion de l’Union ».

Propos de Raïssouni sur Tindouf : les réactions s’enchaînent en Algérie

En Algérie, le Haut conseil islamique (HCI) a dénoncé les propos controversés de Raïssouni. Notant que « cet individu n’a pas tiré d’enseignements suite au camouflet essuyé par son prédécesseur, Allal El Fassi, qui avait parlé de Tindouf en pleine Révolution algérienne ».

De son côté, le Président de l’Association des oulémas musulmans algériens, Abderrazak Guessoum, a aussi condamné ces propos. Jugeant qu’ « ils ne servent nullement l’unité des peuples et ne préservent pas le bon voisinage ». De plus, Guessoum n’a pas manqué de rappeler « le mutisme » du marocain Ahmed Raïssouni concernant « la trahison de la cause palestinienne par le roi marocain ainsi que les visites successives des dirigeants militaires israéliens au Maroc ».

Dans ce même sens, le Président de l’Association des oulémas musulmans algériens a noté « le fait d’appeler au djihade contre l’Algérie est une violation flagrante du principe de djihade en Islam ».

D’ailleurs, la Ligue Rahmania des zaouïas scientifiques a aussi condamné les propos du prédicateur marocain. Dans un communiqué signé par son chef, Cheikh Mohamed El-Mamoun Al-Qassimi, la Ligue a estimé que les propos de Raïssouni sont choquants. Rajoutant qu’il s’agit « d’une bavure qui a entaché d’opprobre sa crédibilité et sa réputation en milieux scientifiques ».

Selon la Ligue, « l’appel au jihade de Raïssouni est un appel clair à attiser les feux de la « Fitna » et à creuser davantage le fossé qui sépare les deux pays. En jonchant d’épines la voie menant à l’édifice maghrébin pour lequel a été créée l’Union du Maghreb arabe ».

Dérapage de Raïssouni sur l’Algérie : Jil Jadid rompt le silence

Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le parti de Soufiane Djilali, Jil Jadid, a regretté « les propos graves et délirants du Président de l’union mondiale des oulémas musulmans censés représenter l’élite religieuse des pays musulmans ».

« En plus de considérer le Sahara Occidental comme marocain sans discussions, il (Ahmed Raïssouni) dénie aux mauritaniens la légitimité de leur souveraineté qui aurait due être d’emblée marocaine. Mais propose, toute honte bue, de mobiliser 35 millions de Marocains pour faire le Jihad en occupant Tindouf », a dénoncé Jij Jadid.

Scandalisé par ces propos graves, Jil Jadid a pointé du doigt « la fidélité déclarée du prédicateur marocain à Allal El Fassi ». Qui témoigne justement de « son ambition est de récupérer le « Maroc de l’Est » jusqu’à Béchar et Adrar ! ».

« Au-delà du délire d’un tel discours qui appelle à une condamnation sans réserve, la question se pose sur le sérieux et le niveau de l’organisation dont il préside les destinées. Et surtout son instrumentalisation par des agendas internationaux », a encore estimé le parti de Soufiane Djilali.

Plusieurs partis politiques réagissent aux propos controversés de Raïssouni

Les déclarations douteuses de Raïssouni sur l’Algérie ont suscité de vives réactions auprès de la classe politique nationale. Plusieurs partis à l’instar de Jij Jadid ont condamné ces propos. En effet, c’est le cas du parti de Abderrazak Makri, le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Qui a estimé que « les propos de Raïssouni présentent une bourde que l’histoire retiendra et que les générations successives ressasseront à jamais ».

D’ailleurs, le MSP a rappelé que « ce sont les sacrifices des Algériens durant la Guerre de libération nationale qui ont permis d’arracher l’indépendance et de consacrer l’unité du territoire de l’Algérie ». Notant qu’il s’agit là d’une vérité durant laquelle Raïssouni aurait dû s’incliner avec révérence et respect.

Pour sa part, le Front de libération nationale (FLN) a jugé que « ces propos sont irresponsables ». Et qu’ « ils proviennent d’un haineux ignare qui se méprend sur les valeurs de l’Islam et usurpe ses fonctions pour inciter à la Fitna et aux hostilités entre musulmans ».

Le FLN a aussi remis en question le rôle de l’Union internationale des Oulémas musulmans (UIOM). Estimant que « Raïssouni s’est permis de porter atteinte à la souveraineté des pays et à la dignité de leurs peuples, en attentant à l’unité et à la souveraineté territoriale de l’Algérie, et en prônant la Fitna ».

Le Mouvement El Bina El Watani a, pour sa part, dénoncé les déclarations du prédicateur marocain. Notant qu’ « elles ont choqué les Algériens et d’autres peuples du Maghreb, tels les Mauritaniens et les Sahraouis ».

De plus, le Mouvement a estimé que « les tentatives d’atteinte à la souveraineté et à l’unité territoriale de l’Algérie sont devenues monnaie courante ». Rajoutant que « Raïssouni n’est plus habilité à présider l’UIOM qui sert des agendas politiques reflétés par des positions négatives affichées à répétition ».