Un projet de 83 millions d’euros pour lequel Air Algérie est traînée en arbitrage international
Rompus et aguerris dans le domaine de l’arnaque, les Libanais sont mis sous haute surveillance par le gouvernement.
Encore une fois, les Libanais font parler d’eux… dans le domaine de l’arnaque! De sources crédibles, nous avons appris qu’une note du gouvernement adressée aux collectivités locales, interdit toute attribution de marché aux societés libanaises, notamment dans les secteurs de la construction et des travaux publics. Cette décision du gouvernement serait dictée par les innombrables affaires d’arnaques dont celle du futur siège d’Air Algérie. En effet, depuis hier, le scandale du futur siège d’Air Algérie revient au-devant de la scène. L’affaire est en arbitrage international au niveau de la Chambre du commerce (CCI) de Paris. C’est l’histoire d’un projet d’environ 100 millions de dollars qui naît avec un permis de construire caduc. Mort. Délivré le 29 janvier 2008, le permis de construire attribué par l’APC de Bab Ezzouar, dont nous détenons une copie, etait bel et bien caduc avant même l’entame de la réalisation du siège en question.
La durée de vie d’un permis de construire est de trois ans. C’est la loi algérienne qui le stipule. Caduc depuis janvier 2011, soit il y a plus de trois ans maintenant; le permis de construire n’a subi ni actualisation ni modification. Si le maître de l’oeuvre, à savoir le bureau d’études Khatib et Allami, qui nous a fourgué l’étude le sait, la compagnie algérienne, Air Algérie, comme étant le maître de l’ouvrage, le découvre dans le tas, et dans des conditions pour le moins que l’on puisse dire très mal confortable. Piégée ou mal informée par le bureau d’études que Air algérie a engagé, cette dernière se retrouve au coeur d’un conflit qui ne dit pas son nom avec la societé chargée de réaliser le futur siège, en l’occurrence, SMI, societé canadienne. SMI l’a traînée en arbitrage international, revendiquant un dédommagement qui dépasse légèrement les 90 millions d’euros. Comment peut-on arriver là? D’abord, le conflit a éclaté lorsque Air Algérie a commencé à refuser de payer les travaux supplémentaires effectués par le groupe canadien. Pas que ça, puisque le projet, en plus de ces carences de payement, accuse d’autres tares qui ont fini par le bloquer à jamais. Absence de plans, permis de construire caduc, inexistence de système de désenfumage, modification des plans, etc. Est-ce que les responsables d’Air Algérie étaient au courant de ce qui se passe dans ce projet? Visiblement, pas tout à fait! Puisque au beau milieu des travaux supervisés par les Libanais, Air Algérie a connu un changement de son président-directeur général. Wahid Bouabdellah a été remplacé par M.Boultif. Aussi, le directeur du projet de ce futur siège fut remplacé au même moment. Les seuls qui étaient là et qui savaient tout, ce sont les «Libanais»! Ont-ils informé ou non les nouveaux responsables d’Air Algérie de tout ce qui entoure ledit projet? Il s’est averé que non. Un non qui coûtera cher. Explication: en 2008 déjà, les services de la Protection civile avaient émis leur avis avec la prescription de transmettre pour approbation de l’ensemble des dossiers techniques (plans et notes de calcul), à savoir le dossier de désenfumage, réseaux incendie et le système de sécurité incendie. Le lot le plus important, c’est-à-dire qui touche à la structure de taille, le désenfumage (installation de moteurs, passage de gaines…), nécessite l’approbation en amont, afin d’éviter des transformations et des retombées architecturales néfastes sur le bâtiment en question. Tous ces détails techniques vont ouvrir la trappe pour tuer le projet du futur siège de la compagnie Air Algérie. Le maître de l’ouvrage (Air Algérie) et le maître de l’oeuvre (le bureau d’études libanais Khatib et Allami), sont dans l’obligation d’installer ces systèmes, notamment celui du désenfumage conformément à la législation et la réglementation en vigueur (ordonnance 76-04 du 2 février 1976 et le décret 76-35 portant règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les immeubles de grandes hauteurs). Or, aucun dossier n’a été déposé dans ce sens. Jusqu’à ce jour d’ailleurs. Comme quoi, les Libanais ne redoutent rien!

La démarche permettra d’éviter des travaux supplémentaires, gros oeuvres et aménagements qui gonfleraient la facture du coût de ce nouveau siège. Du coup, les retards dans la réalisation sont immenses. Une chose est averée; la première étude est mal faite (non prise en considération de l’ensemble des préoccupations du maître de l’ouvrage), d’où le nouvel ordonnateur du maître de l’ouvrage a procédé selon sa propre politique. En principe, juste après la finalisation de l’avant-projet détaillé (APD), le dossier technique doit être attribué à un bureau technique pour sa réalisation… chose qui ne s’est jamais faite! C’est tout l’indice qui démontre la marge du hasard qui caractérise ce projet! Un projet de 83 millions d’euros pour lequel Air Algérie est traînée en arbitrage international en lui réclamant un peu plus de 90 millions d’euros de dédommagement… le tout, parce qu’elle a engagé un bureau d’études libanais qui n’a fait qu’anticiper sa déchéance sur cette affaire. Affaire à suivre et à méditer… pour nos gouvernants.