Rapatriement de dépouilles : Entre exil et solitude

Rapatriement de dépouilles : Entre exil et solitude

Les frontières Algériennes sont fermées depuis plus d’un an. Si les dépouilles des ressortissants Algériens décédés à l’étranger étaient accompagnées par leurs proches dans un premier temps, ce n’est plus le cas maintenant, suite à la suspension de la délivrance des autorisations spéciales de voyage, qui a été annoncée par l’ambassade d’Algérie en France, le 5 avril dernier.

Plus de 9 000 dépouilles ont été rapatriées au moins d’une année affirme la compagnie nationale Air Algérie. Plus de vingt cadavres d’Algériens décédés à l’étranger débarquent chaque jour sur le tarmac de l’aéroport international d’Alger. Les dépouilles funèbres, qui devraient être accompagnées par des proches, des amis, ou de la famille, arrivent au pays dans une froide solitude.

Selon nos confrères d’El Watan, les Algériens qui émettent le souhait d’être enterrés en Algérie, ont souvent toute leur famille à l’étranger, ce qui fait qu’une fois rapatriées, les dépouilles de ces ressortissants Algériens, se retrouvent entre les mains des agences de pompes funèbres.

Témoignage tragique et poignant

Hadj Ali Allali est l’un des propriétaires de pompes funèbres à Alger. Il déclare que « les défunts n’ont plus personne en Algérie. Nous prenons en charge l’inhumation ». Hadj Ali ajoute que voir un proche qui se fait inhumer dans la solitude « c’est la pire des choses qui puisse arriver à des Algériens qui perdent leurs proches, surtout lorsqu’il s’agit des parents ».

M. Allali raconte l’histoire de cette ressortissante Algérienne en France qui l’appelait jour et nui « en pleurant à chaudes larmes ». La pauvre venait de perdre sa mère, et cette dernière avait fait le souhait d’être enterrée en Algérie, dans son village natal à Souk Ahras.

Vu que la ressortissante Algérienne ne pouvait accompagner la dépouille de sa maman, elle a assisté à l’enterrement, « de l’arrivée du cercueil, de sa traversée par route jusqu’à son arrivée au cimetière et sa mise sous terre », via un appel vidéo.  « C’était tragique et poignant confie M.Allal. Toute la journée, elle était collée au téléphone et pleurait sans cesse. À un moment, j’avais l’impression qu’elle n’avait plus de larmes à force de pleurer. Elle culpabilisait du fait qu’elle n’avait pas accompagné sa mère et que celle-ci soit partie seule ».

Malgré les appels de détresse incessants des Algériens bloqués à l’étranger, l’apparition des nouveaux variants ne semble pas faciliter les choses pour qu’ils puissent rentrer enfin au pays. Si la fermeture des frontières a permis de maitriser le taux de contaminations dû à la Covid-19, sur le plan humain, cette décision a eu des conséquences dramatiques sur la diaspora Algérienne.