Dépistage de drogue à l’embauche : un moyen de lutte… mais pas que !

Dépistage de drogue à l’embauche : un moyen de lutte… mais pas que !
Test anti drogue à l’embauche en Algérie

Bientôt, passer un test anti-drogue fera partie du parcours normal pour décrocher un emploi en Algérie. La loi 25-03 sur le dépistage obligatoire entre dans sa phase concrète.

Plus qu’un simple contrôle destiné à prévenir la consommation, ce dispositif promet d’apporter un nouveau regard sur un phénomène aux multiples enjeux. Selon M. Zebbiche Younes, chef du laboratoire central de biologie et de toxicologie à l’hôpital Ali Aït Idir, l’objectif dépasse la dimension sécuritaire. Il s’agit aussi d’accompagner les personnes concernées et de produire des données plus précises sur la consommation de stupéfiants dans le pays.

Interrogé sur la question, M. Zebbiche nous a confirmé la mise en œuvre imminente du test anti-drogue dans le cadre du recrutement en Algérie. Mais au-delà de la lutte contre la drogue, ce dispositif se veut surtout un moyen d’accompagner et de soigner

Un test pensé pour protéger, pas pour sanctionner

Contrairement à ce que certains redoutent, le test anti-drogue pour l’embauche ne cherche pas à stigmatiser les usagers, mais à les orienter vers une prise en charge adaptée.

« Lorsqu’un résultat s’avère positif, l’objectif n’est pas de punir, mais de diriger la personne vers les services compétents pour qu’elle soit aidée », explique le responsable du laboratoire.

Cette logique de santé publique s’étendra également aux établissements scolaires et de formation. Les jeunes identifiés à travers un dépistage positif pourraient ainsi bénéficier d’un suivi médical ou psychologique, avec l’accord de leurs parents ou tuteurs légaux. Une approche que M. Zebbiche qualifie de « préventive », dans un contexte où la consommation de drogue touche de plus en plus de tranches d’âge.

Des données inédites pour comprendre l’ampleur du phénomène en Algérie

L’entrée en vigueur du dispositif devrait également offrir une photographie plus précise de la situation en Algérie. En centralisant les résultats issus des laboratoires agréés, le ministère de la Santé et les autorités compétentes disposeront d’un outil inédit pour établir des statistiques fiables sur l’usage de stupéfiants dans le pays.

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« Ce sera une occasion unique d’avoir des données réelles, issues du terrain, et de comprendre l’ampleur du phénomène », a souligné M. Zebbiche.

Ces chiffres permettront d’ajuster les politiques publiques de prévention, d’éducation et de traitement. En ciblant mieux les régions et les secteurs les plus touchés.

Dépistage de drogue : quelle suite pour les employés testés positifs ?

La mesure ne s’appliquera pas uniquement aux nouveaux demandeurs d’emploi. Les travailleurs déjà en poste pourront également être soumis à un test, selon les dispositions prévues par la loi.

« Oui, les employés en activité sont aussi concernés », a précisé le chef de service. Rappelant que dans les cas positifs, un accompagnement thérapeutique serait privilégié.

Cependant, dans certaines situations, le salarié pourra être temporairement écarté de son poste pour suivre un traitement, avant de pouvoir réintégrer le milieu professionnel.

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En apparence, cette réforme semble s’inscrire dans la stricte logique de la sécurité au travail. Mais à y regarder de plus près, elle trace aussi les contours d’une politique de réinsertion et de santé publique, visant à briser le tabou autour de l’addiction.

En associant la prévention, la détection et la prise en charge, les autorités espèrent non seulement réduire les risques en entreprise, mais aussi offrir une seconde chance à ceux qui en ont besoin.