Déperdition scolaire, Malaise et désarroi des parents

Déperdition scolaire, Malaise et désarroi des parents
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Ils sont nombreux, les adolescents qui quittent l’école et se retrouvent devant des horizons bouchés.

Qui ne souhaite pas la meilleure éducation pour sa progéniture ? C’est, croit-on, celle-ci qui assure un avenir radieux, un poste de travail adéquat, une vie conjugale sans heurt. C’est un rêve partagé par des milliers de mères et de pères. Toutefois, au niveau du primaire, des problèmes peuvent surgir et conduire à l’échec. La surcharge des classes, les grèves récurrentes, pour ne citer que ces réalités vécues au quotidien, favorisent la déperdition scolaire.

Ils sont nombreux, les adolescents qui quittent l’école et se retrouvent devant des horizons bouchés. Certains s’inscrivent dans des centres de formation professionnelle. D’autres, par contre, sont happés par la rue et exposés aux dangers et mauvaises tentations de celle-ci. Dans les quartiers populaires, les adolescents ayant à peine le niveau du BEM se retrouvent livrés à eux-mêmes. Les plus débrouillards essayent de se rendre utiles pour leurs familles en vendant des cigarettes et du tabac à chiquer. D’autres accaparent les espaces publics et s’improvisent gardiens. A raison de 50 dinars par véhicule, la recette, en fin de journée est conséquente. Pourquoi alors chercher une formation diplômante ? C’est le cas de Yacine, 18 ans, ayant redoublé plusieurs fois. Arrivé au CEM, il échoue à deux reprises à l’examen du BEM. Il se retrouve exclu, orienté vers la formation professionnelle.

La maman rencontrée dans une cité de l’ouest de la capitale se soucie de l’avenir de son fils. Elle ne se borne pas à voir l’intérêt de son fils dans l’immédiat. Elle pense à l’avenir car être « gardien de parking » n’est pour elle qu’un pis-aller. Elle souhaite pour lui un poste stable et surtout un métier. « Avec un diplôme de mécanicien ou autre, il peut travailler n’importe où », dira-t-elle. « Il peut être assuré, en cas de maladie ou d’accident de travail. Ce ne sera pas le cas en surveillant les voitures », soupire-t-elle. En extrapolant, elle ira jusqu’à dire : « Quelle est la jeune fille qui acceptera de lier son destin avec un voiturier sans promotion dans ce travail ingrat ? ». Comme d’autres mères inquiètes et désemparées de voir leurs enfants éjectés définitivement, elle est consciente que sa situation ne peut durer. Elle reconnaît qu’elle ne peut aborder avec son fils le sujet d’une formation professionnelle. « C’est le black out. A chaque fois que j’essaye de parler avec lui de son avenir, il claque la porte et ne rentre qu’à une heure tardive », se plaint elle. Le lendemain, il pose sur la table une liasse de billets. Une manière de lui signifier qu’il gagne bien sa vie et qu’il participe aux dépenses de la maisonnée. Mais, pour elle, « l’argent ne remplace pas un statut social, un métier stable ». Hassen, chauffeur dans une entreprise étatique, est encore plus soucieux de l’avenir de son fils exclu également du CEM à 16 ans. Son moral est au plus bas, depuis la rentrée scolaire. Il a frappé à toutes les portes pour lui trouver une place dans un autre CEM, mais en vain. Les notes de son rejeton sont toutes en dessous de 10. Ce papa n’arrive pas à comprendre les résultats scolaires de son fils alors qu’il n’a ménagé aucun effort pour l’accompagner dans sa scolarité. Actuellement, Hassen attend la rentrée au niveau des centres de formation professionnelle. « Mon fils est obligé d’apprendre un métier, j’y veillerai », dira t-il. C’est devenu pour lui une obsession.

Rabéa F.