Dépenses militaires et de sécurité: L’Algérie dans le top 10

Dépenses militaires et de sécurité: L’Algérie dans le top 10

L’info est donnée comme un scoop par l’Institut international d’études stratégiques sis à Washington. Comme si l’Algérie, qui vit depuis quelque temps dans un environnement géopolitique plutôt hostile, ne serait pas en droit de s’entourer de précautions sécuritaires.

L’Institut international des études stratégiques, basé à Washington, a classé l’Algérie parmi les 10 pays au monde qui dépensent le plus sur la Défense, la sécurité et l’armement. Selon le rapport, l’Algérie a dépensé en 2011, l’équivalent de 4.47% de ses rentes sur la Défense et se place, ainsi, à la 8e place dans le classement, après l’Arabie saoudite, le Sultanat d’Oman, Israël, le Yémen, les États- Unis et la Jordanie.

Si, certains estiment que les dépenses algériennes sont excessives, il faut voir que l’on se situe derrière un pays comme le Sultanat d’Oman, une petite monarchie indépendante qui, avec ses 309 500 km2 de superficie et ses 2,6 millions d’habitants, tente de s’imposer dans un environnement moins dangereux, aux côtés de l’Arabie saoudite, que celui de l’Algérie. L’Algérie vit depuis quelques années dans un environnement géopolitique hostile.

À la menace terroriste constituée par Al-Qaïda et la volonté américaine -jamais à court d’arguments- d’installer une base militaire aux portes sud du pays, sont venus s’ajouter des événements aussi graves que la crise libyenne et ses effets pervers sur la région, la rébellion touarègue au Nord-Mali, la libre circulation des armes lourdes volées dans les casernes libyennes après la chute de Kadhafi, la naissance de cet étrange groupe armé malien, le «Ansar Eddine», de Iyad Ag Ghali, qui cherche à instaurer la charia à Kidal, le jeu des stratégies de puissances au Sahel et la volonté chez certains de penser, dès aujourd’hui, la partition du Mali.

Tout cela, s’est superposé, couche après couche, sur le traditionnel frémissement entre l’Algérie et le Maroc, ainsi que sur le projet de monter sur pied une armée régionale, spécialisée dans la lute antiterroriste, constituée par les pays du champ, mais ouverte aux pays maghrébins, qui avoisinerait les 75 000 hommes et dont le centre opérationnel est basé à Tamanrasset. En fait, autant de paramètres qui concourent à la création de dogmes militaires et sécuritaires constants pour l’ANP.

Et c’est dans cette logique qu’on peut apprécier la position de l’Algérie dans le récent «Rapport de l’Institut international des études stratégiques». Mais, les dépenses de l’Algérie pour sa sécurité -qui n’a pas de prix- ne semblent pas «démesurées», car au final, le budget que l’Algérie consacre à l’Éducation et l’Enseignement supérieur, est plus important que celui de la Défense, avec 7.1 milliards de dollars, suivi par le budget alloué à l’Intérieur et qui avoisine les 6 milliards de dollars.

En réalité, les pays du Maghreb, comme ceux du Machrek, se sont lancés dans une véritable course à l’armement dans un contexte de géopolitique internationale devenu belliqueux, et où il n’y a pas de place pour les faibles. Les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, en bordure de la mer, se sont engagés dans la course à l’arme navale aussi. Les pays occidentaux, principaux fournisseurs, et dans un contexte de faillite économique qui risque de les laminer, se sont fixés un seul objectif : vendre au plus offrant.

Un surarmement sous-tendu par le jeu des puissances Le rapport intitulé «AMI International 2011 World Naval Market Forecast Highlights Continued Growth, Continuity in the Mena Region» qui a été publié avant la fin de l’année, souligne que les pays de la région Mena n’ont cessé de multiplier les investissements pour acquérir des navires, afin de protéger leurs eaux territoriales, et ce, depuis 2008.

Dans ce rapport, le Maroc, devance l’Algérie, en matière d’acquisition d’armement naval, dont les fleurons seront le patrouilleur «Bir Anzarane» et le plus grand navire de combat, le «Mohammed-VI», une frégate de 6 000 tonnes et 140 mètres de long, qui sera livrée en 2013. Objectif déclaré du Maroc : mieux surveiller le détroit de Gibraltar et plus largement la Méditerranée Occidentale contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue.

Mais, à échelle militaire, cette force navale tend à mieux contrôler la berge sud-ouest de la Méditerranée. En plus de ces navires de guerre, il faut ajouter les 24 avions militaires F-16 commandés aux Américains. L’été dernier, le Maroc a reçu les 4 premiers exemplaires. L’Occident ne mise pas sur les équilibres régionaux, cela ne l’intéresse même plus. Aujourd’hui, tout se vend et tout s’achète. Et à chaque pays le soin de faire en sorte de ne pas apparaître comme le maillon faible de la chaîne des pays de la région…

Fayçal Oukaci