Départ du général Toufik dans la presse: une nouvelle ère ou perpétuation du « système » ?

Départ du général Toufik dans la presse: une nouvelle ère ou perpétuation du « système » ?
depart-du-general-toufik-dans-la-presse-une-nouvelle-ere-ou-perpetuation-du-systeme.jpg

La fin d’une époque, d’un mythe, d’une légende, d’un système … ou tout simplement la fin de mission pour le Général Toufik. Tels sont les intitulés de plusieurs quotidiens ce lundi 14 septembre, au lendemain du limogeage, mise en retraite ou le départ, selon la panoplie de termes « usés », de Mohamed Mediene, remplacé par le général-major à la retraite Athmane Tartag à la tête du DRS.

Une chose semble toutefois certaine pour la presse locale. Cette fin « est un événement, (…) tant [le Général Toufik] a concerté à travers ses services « de vastes pouvoirs hors de portée et de tout contrôle », dénote aujourd’hui, El Watan à titre d’exemple. Le quotidien francophone ne diffère pas des autres journaux, annonçant « La fin d’une époque » à la Une.

Quelle époque ? « La plus tumultueuse de l’histoire contemporaine du pays », lance El Watan.

Le quotidien Le Soir d’Algérie détaille cette ère, ces 25 ans de règne par le Général Toufik du « département le plus sensible et le plus puissant du pays ».

LG Algérie

« L’on peut citer l’interruption du processus électoral [En 1992], l’avènement du HCE après l’assassinat de feu Mohamed Boudiaf, les transitions difficiles tout au long de la décennie 1990 et, surtout, le terrorisme auquel il brisera les riens grâce à une lutte implacable », rappellent le colonnes du quotidien.

L’ère des institutions « civiles » ?

Le journal Liberté commente lui aussi le départ en retraite « avec une statue de mythe fissurée » de Mohamed Mediene.

Il s’agit de « la fin d’un mythe », de « vingt-cinq ans de mystère ». L’éditorial de Sofiane Aït Iflis du même quotidien, qui souligne « l’écroulement du mythe » à son tour, prêche une prise de recul pour dresser un bilan du DRS sous Mediene, de ses actions, « occultes ou assumées ».

Dans le même sillage, le Quotidien d’Oran s’interroge aussi le remplacement du général Toufik, qui signifie « que l’Algérie soit résolument tournée vers une ère nouvelle ».

Celle où ce sont désormais les « institutions civiles » qui vont décider du sort de cette nation ? (…) Bouteflika veut-il réellement rendre à César ce qui appartient à César et instaurer un pouvoir tel que souhaité dans la charte du progrès de la Soummam » ?

Ou simple « mutation » ?

Le départ de Mediene, bien qu’il soit survenu dans un contexte conflictuel, obéit surtout à « des impératifs politiques et sécuritaires nouveaux », telle est l’autre pensée du quotidien El Watan. « Le DRS, qui convenait durant une période marquée par une guerre contre le terrorisme ne correspond plus dans sa forme actuelle à une nouvelle situation où la menace sécuritaire, qui a connu des transformations profondes », redouble de férocité.

Le Jeune Indépendant s’interroge dans ses colonnes sur la mise à la retraite du général Toufik: la fin d’une ère ou « tab jnan » d’une génération » ?

« L’énigmatique personnage va enfin céder sa place à quelqu’un d’autre de son univers (…) il est presque légitime de se poser la question de savoir si la mise à la retraite d’un général de l’envergure de Mohamed Mediene n’est pas l’annonce d’une nouvelle ère pour l’Etat algérien (…) Est-ce le commencement de « tab jnana » ? »

Pour le quotidien El Khabar, l’événement « historique » qu’est le départ du Général Toufik marque la fin « d’une légende ». « El Ostoura, nommée « Général Toufik » a pris fin en Algérie, vers 14H30, à la tombée de l’information faisant état de son limogeage », indique le journal arabophone.

Des lectures qui laissent planer le doute quant aux conséquences de cet événement. Somme toute, la conjoncture sera-t-elle « meilleure, tout aussi mauvaise ou pire » ?