Dénonçant les attaques contre le prophète, Le monde musulman manifeste sa colère

Dénonçant les attaques contre le prophète, Le monde musulman manifeste sa colère

Alger, à l’instar d’autres capitales arabes, a manifesté contre les caricatures de Charlie Hebdo

«L’islam est une religion de paix» et «Mahomet (Qsssl) sera toujours notre guide», pouvait-on lire sur des banderoles.



Quelques milliers de musulmans ont manifesté dans plusieurs pays musulmans après la prière du vendredi contre la publication par Charlie Hebdo d’un dessin représentant le prophète Mohamed (Qsssl). A Amman, ils étaient plusieurs milliers de membres des Frères musulmans ou d’organisations de jeunesse, à défiler sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire «l’atteinte au grand prophète relève du terrorisme mondial».

Le Front de l’Action islamique, principal parti de l’opposition et vitrine politique des Frères musulmans en Jordanie, avait affirmé mercredi dernier, que «l’atteinte à la personne du prophète (…) est une atteinte à tous les musulmans à travers le monde».

Charlie Hebdo a publié dans dernière édition de mercredi dernier, une Une titrée «Tout est pardonné» avec une caricature du Prophète Mohamed (Qsssl) représenté la larme à l’oeil et tenant une pancarte «Je suis Charlie», le slogan des manifestants ayant défilé en France et ailleurs dans le monde, après les attentats qui ont fait 17 morts la semaine dernière à Paris, dont 12 lors de l’attaque contre l’hebdomadaire satirique.

Le roi Abdallah II de Jordanie, qui avait participé dimanche dernier, à la marche de Paris contre le «terrorisme», a qualifié jeudi le journal français Charlie Hebdo d’ «irresponsable et inconscient». Le site sensible de l’esplanade des Mosquées de la Ville sainte à Jérusalem occupée par Israël, a été également le théâtre d’une manifestation de musulmans palestiniens. «L’islam est une religion de paix» et «Mahomet (Qsssl) sera toujours notre guide», pouvait-on lire sur des banderoles.

De même que les manifestants ont scandé des slogans hostiles à la France. Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35.000 personnes ont pris part, n’a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi dernier, comme une «insulte» aux musulmans la Une de Charlie Hebdo et condamné «le terrorisme sous toutes ses formes».

A Khartoum, plusieurs centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière. «Expulsez l’ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu», ont-ils scandé. Sur une banderole on pouvait lire: «le gouvernement français doit présenter des excuses (…)».

A Tunis, des fidèles ont quitté la mosquée El-Fath alors que l’imam Noureddine Khadmi, un ancien ministre des Affaires religieuses, n’avait pas terminé son prêche consacré au prophète et à l’attentat contre Charlie Hebdo.

«Nous sommes contre toute atteinte à notre Prophète, mais cela n’est pas une excuse pour tuer les gens. Ce qui s’est passé (l’attentat) est contre l’islam qui est une religion de tolérance, et a porté atteinte à tous les musulmans à l’étranger», a dit l’imam. Certains fidèles l’ont alors interrompu en arguant que les journalistes de Charlie Hebdo «méritaient d’être tués puisqu’ils ont insulté plusieurs fois notre prophète».

Au Qatar, l’Union mondiale des ouléma, dirigée par le prédicateur Youssef al Qaradaoui, considéré comme l’éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des «manifestations pacifiques» et critiqué le «silence honteux» de la communauté internationale sur cette «insulte aux religions».

Les autorités de ce pays, qui avaient fermement dénoncé l’attentat contre Charlie Hebdo, ont «condamné la nouvelle publication de dessins offensants contre le prophète Mohamed Qsssl» et affirmé que la publication de nouvelles caricatures alimentait «la haine et la colère».

En Iran, où les autorités ont également dénoncé cette semaine la Une de Charlie Hebdo, une manifestation de colère prévue par des étudiants islamistes a été annulée sans raison officielle. Selon l’agence de presse Fars, les organisateurs ont toutefois annoncé que le rassemblement se tiendrait lundi prochain devant l’ambassade de France à Téhéran.

Au Bahreïn, le ministère des Affaires étrangères a condamné l’acte «honteux de republier des dessins insultant» le prophète (Qsssl), soulignant qu’une telle attitude «créera des circonstances favorables à la propagation de la haine et du terrorisme». Le premier acte de violence a eu lieu au Niger où le Centre culturel français de Zinder, la deuxième ville du Niger, a été incendié hier, par des manifestants, a annoncé son directeur. Une cinquantaine de personnes ont «cassé la porte» d’entrée, puis «mis le feu» à la cafétéria, à la médiathèque et à des locaux administratifs du CCF, malgré des «tirs de sommation» de «deux policiers» présents pour protéger le complexe, a déclaré à l’AFP Kaoumi Bawa, le directeur du centre de Zinder, ville située dans le Sud, non loin de la frontière avec le Nigeria. A Dakar, un millier de manifestants ont protesté, après la prière du vendredi, contre la caricature du Prophète (Qsssl) en brûlant le drapeau français devant l’ambassade de France, avec des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Ne touche pas à mon prophète», «La liberté de blasphémer tue la liberté d’expression». Lors de cette marche de la Grande Mosquée jusqu’à la Place de l’Obélisque, les manifestants ont critiqué le président Macky Sall pour avoir participé à la marche organisée dimanche à Paris, contre «le terrorisme».