Démonstration de force devant le ministère de l’Education nationale : des centaines d’enseignants et de syndicalistes interpellés par la police

Démonstration de force devant le ministère de l’Education nationale : des centaines d’enseignants et de syndicalistes interpellés par la police

L’annexe du ministère de l’Education, sise au Ruisseau, à Alger, était hier quadrillée par un impressionnant dispositif policier. Le motif de ce renfort sécuritaire était un mégarassemblement qui devait se tenir devant le siège de l’Education par au moins 1 000 enseignants, selon des organisateurs. Ceux-ci s’apprêtaient à participer à un sit-in auquel a appelé l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF), un rassemblement à la place des Fusillés, au Ruisseau.

« Plus de 1 200 bus arrivés tôt le matin de plusieurs wilayas ont été refoulés avant même d’arriver à Alger », nous confiera le porte-parole de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation, Sadek Dziri.

« Les environs de la place des Fusillés (Alger) ont été encerclés pour empêcher les protestataires d’affluer près de l’annexe du ministère de l’Education nationale », a-t-il-ajouté. L’UNPEF estime le nombre des travailleurs qui allaient venir assister au sit-in à 30 000 personnes. « Le nombre des manifestants interpellé est estimé entre 300 et 700 », nous dira le syndicaliste.

Les contestataires se sont rassemblés, portant des banderoles sur lesquelles étaient inscrites leurs principales revendications, telles que « Jusqu’à quand durera le mépris ? », alors que des enseignants appelaient au dialogue et à la liberté d’expression. L’image qui s’affichait à ce moment est saisissante : d’un côté, des enseignants pacifiques, brandissant des banderoles et scandant des slogans et, de l’autre, des brigades anti-émeutes, boucliers au poing, matraques au fourreau, prêtes à en découdre avec les manifestants.

« Les pouvoirs publics nous considèrent comme de vulgaires voyous. Sinon, pourquoi dépêcher les CNS, sachant que nous sommes des pacifistes ? », s’emporte un professeur qui ajoute : « Nous ne sommes pas habitués aux mouvements de rue. Si nous nous sommes rassemblés aujourd’hui, c’est pour nous faire entendre ». Toutes les personnes rencontrées se disent « dupées », et pour reprendre leur expression, ne « voient toujours pas le bout du tunnel » . Elles affirment être plus que jamais déterminées à maintenir leur mot d’ordre.

« C’est une journée de protestation avec une lettre adressée au président de la République », explique Sadek Dziri , organisateur de la manifestation. Les protestataires exigent des solutions pour trois principaux dossiers, selon lui. Le premier est celui du nouveau statut particulier des travailleurs de l’Education, dont certains articles doivent être révisés. Le deuxième est celui des augmentations loin d’être satisfaisantes dont ont bénéficié les corps communs et les travailleurs professionnels. Le troisième, enfin, concerne les primes des travailleurs du Sud. « Le gouvernement dit que ce dernier problème est réglé. Qu’il nous donne alors un document officiel, et les gens vont reprendre le travail », défie Dziri.

Concernant le taux de suivi de la grève de trois jours entamée dès lundi dernier par les travailleurs du Sud, l’Unpef estime que ce mouvement a connu un taux moyen d’adhésion de 72 % à l’échelle nationale. Le taux de participation le plus important a été enregistré à Biskra, avec 80%, suivie de Ouargla et Ghardaïa, avec respectivement 74,32 et 72,14%.

Sandra Touat