La démocratie n’est pas un projet national. Elle est un rêve porté par quelques intellectuels nourris des idéaux des Lumières.
Les violations de la liberté d’expression et de rassemblement sont systématiques en Algérie.
Souvent, ce rêve se limite aux seuls intellectuels francophones. Le reste de la société n’y croient même pas. Le reste de la population est divisé entre les conservatismes religieux et nationaliste. C’est la raison pour laquelle, la démocratie ne nous réussit pas encore.
Si l’on se réfère aux manuels scolaires des trois paliers, rares sont les cours consacrés aux libertés fondamentales, à la citoyenneté et aux valeurs démocratiques. Même si l’on parcoure les bibliothèques et les librairies, nous trouverons de moins en moins d’ouvrages qui traitent des idées universelles et des principes démocratiques. Notamment en langue arabe, langue que maîtrisent de plus en plus les citoyens.
Les débats publics sont absents. Les quelques exceptionnelles émissions consacrées à l’actualité traitent beaucoup plus des crises qui secouent nos sociétés qu’elles ne vulgarisent les principes démocratiques et les valeurs humanistes développés par la pensée des Lumières. Des débats superficiels qui ne se hissent pas aux attentes des démocrates qui voudraient voir leur société se développer, s’émanciper et se moderniser.
Les conditions objectives d’un amorçage démocratique ne sont donc pas encore réunies. Il y a un décalage entre ce que voudraient les intellectuels modernistes et la société qui baigne dans un obscurantisme religieux savamment entretenu et un nationalisme primaire ambiant. D’où les difficultés que rencontrent ces partis politiques, de gauche comme de droite, qui discourent comme qui prêche dans le disert.
Dans ces conditions là, la démocratie, dans nos sociétés, n’est pas pour demain. Le combat libérateur doit continuer mais selon de nouvelles méthodes car celles suivies jusque là, ont atteint leur limite. Les partis politiques se réclamant de la démocratie se doivent de changer de stratégie de communication politique et d’action permanente. Ils doivent se détacher des planigrammes du régime officiel pour se consacrer à des actions d’ancrage politique et sociétal profond. C’est par l’action permanente, pédagogique et publique que nous arriverons à enclencher les mutations socioculturelles qui permettraient aux citoyens de porter le projet démocratique pour en faire une revendication nationale.
En s’inscrivant dans les planigrammes du système, nous nous y enfermons tout en nous déconnectant de plus en plus de la société que nous voudrions développer et hisser au rang des grandes nations de ce monde. Les échéances électorales préfixées par le régime politique en place nous imposent un rythme et des modes d’actions que nous ne maîtrisons pas encore étant donné que les grands moyens sont détenus par le régime et à son service exclusif. Même les débats quand ils sont autorisés et organisés, ils sont indirectement orientés puisque les partis politiques invités à ces émissions se critiquent, se dévalorisent les uns les autres et se décrédibilisent par faute de programmes clairs et manque cruel de temps puisque les volumes horaires consacrés à ces débats sont infimes par rapport au temps accordés aux promoteurs de l’obscurantisme religieux et le nationalisme primaire.
Abdellaziz Djeffal