L’initiative dite «le groupe des 19», perçue dès le départ comme étant un objet politique non identifiable par nombre d’observateurs de la scène politique nationale, était vouée à l’échec.
Du groupe des 19-4 il n’en reste qu’un souvenir. Après la défection, il y a quelques mois, de trois de ses signataires, Zehira Yahi, Samia Zennadi et Rachid Hadj-Naceur en l’occurrence, Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, vient de se retirer de cette initiative qui, pour rappel, avait pour seule et unique finalité, une audience avec le chef de l’Etat dans l’objectif de lui révéler ce que ses proches collaborateurs lui cacheraient. Noureddine Benissad a expliqué son retrait du Groupe conduit par Louisa Hanoune en disant avoir annoncé aux signataires lors de la première rencontre qu’«il n’avait pas de couleur politique et qu’il n’est pas concerné par les calculs politiciens que cache éventuellement la lettre adressée au chef de l’Etat». Le président de la Laddh a, ce faisant, fait savoir qu’il n’est plus concerné par cette démarche et qu’il n’assisterait plus aux rencontres des signataires.
Naturellement, l’initiative du groupe des 19, perçue dès le départ comme étant un objet politique non identifiable par nombre d’observateurs de la scène politique nationale, était vouée à l’échec. Basée sur une revendication somme toute banale, à savoir une audience avec le président de la République, elle était très peu prise au sérieux, y compris par certains de ses promoteurs.
Pris en aparté le jour même du lancement de l’initiative, M. Guerroudj avait de la peine à définir clairement les enjeux de la démarche. «Tel que je le connais, Bouteflika ne peut pas faire ce qui est en train de se faire», a-t-il avancé comme seul argument. Or, il n’est écrit nulle part qu’Abdelaziz Bouteflika ne doit pas changer de vision. De plus, la faiblesse organique de cette initiative compte tenu de la non-représentativité de certains de ses signataires, et l’impertinence de son objet politique, allaient vite se confirmer par la déféction de trois anciens «copains» de Khalida Toumi qui, pour toute explication, ont évoqué «une naïveté politique et une précipitation».

Par ailleurs, l’ancien moudjahid de la Wilaya IV historique, Lakhdar Bouregaâ, et Boudjemaâ Ghechir, ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’homme, seraient eux aussi sur le point de quitter le groupe. Lakhdar Bouregaâ évoque comme motif «l’instrumentalisation politicienne par certains» de l’initiative tandis que Boudjemaâ Ghechir se dit motivé dans son choix par l’essoufflement de la démarche, autrement dit de sa mort politique. «Nous n’avons pas encore décidé du sort de l’initiative. La non-satisfaction de la principale revendication par Bouteflika, à savoir sa rencontre rend inutile la poursuite de la démarche», a-t-il déclaré en effet. Louisa Hanoune, Khalida Toumi et Rachid Boudjedra vont-ils trouver un moyen de donner un nouveau souffle à leur démarche après tous ces ébranlements qu’elle a subis?