D’éminents chercheurs décryptent “la perspective historique du Hirak”

D’éminents chercheurs décryptent “la perspective historique du Hirak”

Le mouvement de contestation algérien Hirak continu de susciter l’admiration. Son côté historique et sociologique devient désormais un centre d’étude et de recherche dans plusieurs universités à travers le monde.

Au cours de cette semaine, c’est des chercheurs à l’Université de New York, à Abu Dhabi qui se sont penchés sur les éléments qui ont constitué son caractère inédit, sa dynamique ou encore la manière dont il a scandé ses revendications.

Alors que le mouvement vient tout juste de souffler sa troisième bougie, le 22 février dernier et continu encore de remplir les rues des villes à travers tout le territoire national, voilà qu’il est encore une fois abordé lors d’une conférence académique.

Mardi dernier, une rencontre virtuelle lui a été consacré à l’Université de New York, à Abu Dhabi, sous le thème : « Le Hirak, mouvement de contestation dans une perspective historique », a rapporté le quotidien Liberté. Plusieurs chercheurs imminents en histoire et en sociologie se sont intervenus sur ce thème.

« Le fil révolutionnaire de la guerre contre le colonialisme n’a pas rompu »

Parmi eux, l’historienne américaine, Muriam Haleh Davis, a carrément qualifié le mouvement Hirak de « la deuxième révolution algérienne ». Sa comparaison est axée sur notamment « la dynamique populaire, le caractère transgénérationnel, la résistance… ».

Il s’agit là d’entre autres aspects qui font la ressemblance du mouvement du 22 féviers 2019 à révolution algérienne de 1954, selon l’intervenante, qui souligne, par conséquent que « le fil révolutionnaire de la guerre contre le colonialisme n’a pas rompu ».

Pour appuyer sa comparaison, l’historienne a mis l’accent sur le caractère populaire des slogans, les portraits des figures historiques brandis ou encore la mobilisation des différentes tranches d’âge et des couches de la société qui marchent ensemble dans un seul mouvement.

L’intervenante n’a pas manqué de noter que « le Hirak a permis de lever le couvercle sur beaucoup de non-dits ». À ce propos, elle cite « la torture, qui restée pendant longtemps un tabou ». Tout comme d’ailleurs « la question de la place et surtout de l’influence de l’institution militaire qui est en train d’être débattue en toute liberté, dans les rues » …

« La société algérienne a accumulé les expériences passées »

Pour sa part, l’historien anglais, James McDougall, de l’université d’Oxford, a évoqué le point « des ruptures » qu’il estime « se poursuivre et s’affirmer de plus en plus », notant que la contestation en Algérie n’a jamais cessé avant même l’avènement du Hirak.

Dans ce sens, il avance qu’avant même le 22 février 2019, « les signes de la révolte étaient déjà partout ».

Sur la question du caractère unique et inédit, l’imminent historien a mis en relief la différence du mouvement Hirak avec tous les mouvements de contestation de ces dix dernières années, à travers le monde arabe et ailleurs. Cela s’est arrivé, selon lui, grâce à l’accumulation « de la société algérienne des expériences passées ».