Quelques jours après le démantèlement de quelques marchés informels, les services de l’APC d’Oran sont à pied d’œuvre pour réhabiliter les espaces «récupérés».
A Es-Seddikia et Point du Jour, la présence des éléments de Police instaure une ambiance de sécurité, sous les regards de quelques malheureux vendeurs de fruits et légumes qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Rencontrés sur les lieux hier (lundi), des travailleurs de la commune procédaient au nettoyage d’un rond-point et d’autres espaces en retirant l’ancien bitume. «Nous ne savons pas si on va vêtir les espaces de gazon ou les paver», explique un agent.
Quelques instants après, vers 10H30, les caméras de la Télévision débarquaient pour recueillir les impressions des citoyens. Et ce sont des commerçants qui sont intervenus, se plaignant unanimement de la situation pénalisante dans laquelle ils se trouvent. «Nous avons des amendes à payer, se chiffrant par dizaines de milliers de dinars. En plus, la source de notre vie a été coupée.
Nous ne savons plus quoi faire ni vers qui nous tourner», a regretté un intervenant devant les caméras, avant de se tourner vers la presse écrite. «Nous souhaitons que ces messages arrivent aux autorités concernées. Nous nous somme comportés de manière civilisée et avons interdit aux jeunes tout débordement. Mais que va-t-on faire à présent? Car aucun d’entre nous n’est diplômé», confesse-t-on.
Pour les habitants de Point du Jour, il est agréable de retrouver l’espace public. Selon un citoyen, «on ne reconnaissait plus le quartier. Les vendeurs imposaient leur diktat, ne respectaient pas les règles d’hygiène et ont fini par transformer cette zone, autrefois paisible, en un véritable dépotoir de déchets et un concentré d’anarchie».
Certains habitants relativisent et compatissent avec les vendeurs. «J’espère qu’ils seront tous recasés dans un marché couvert. C’était un mal nécessaire pour nous. Nous avons supporté les désagréments causés par le marché informel, mais nous en profitions en faisant nos courses juste à côté de chez nous», ajoute un riverain.
UN SUPERMARCHÉ INFORMEL À PETIT LAC
En tout état de cause, la campagne de «toilettage» qui cible les neuf daïras continue et devra toucher la totalité des points noirs enregistrés. Les autres commerçants attendant tous leur tour. C’est le cas à Hai Daya, où le fameux marché à puces a complètement défiguré le quartier.
En plus, le marché des fruits et légumes a été entièrement délocalisé de l’enceinte du marché couvert. Des étals sont installés dans les ruelles entourant l’ancien marché jusqu’au chemin vicinal principal. On y trouve de tout : fruits et légumes, pain, viandes issues d’abattages clandestins, produits alimentaires, brocanterie, meubles neufs, habillement neuf et d’occasion, quincaillerie, etc.
«C’est un supermarché informel», résume un vendeur de téléphones portables qu’on retrouve debout devant l’entrée centrale du marché couvert. Des centaines de personnes gagnent leur vie dans ce coin de la ville et proviennent de différents quartiers. Les vendeurs sont dans l’expectative. «Nous sommes conscients qu’il faudra plier bagages, car nous sommes certainement concernés par cette campagne d’assainissement de l’informel.
Mais nous ne savons quand est-ce que on sera délogé et où pourrait-on aller», s’exclame Kamel, marchand à Petit Lac. Par ailleurs, d’autres types d’activités pourraient être touchés par les opérations de lutte contre l’informel. Il s’agit des marchands ambulants comptés par milliers dans la ville, dont des vendeurs de fruits et légumes, surtout des vendeurs de poissons où des acheteurs de brocanterie.
Ces derniers sillonnent les rues des 26 communes d’Oran à la recherche de pièces devenues sans valeur aux yeux des possesseurs et ménages, mais qui pourraient être revalorisées avant de les proposer à la vente à des sommes modiques et parfois même à la limite du luxe. Il y a six ans, une campagne a été lancée contre ce type d’activités. Les services de Police procédaient à la saisie des carrosses de fortune et charrettes. L’on s’attend au même procédé cette fois-ci.
En somme, toutes les activités commerciales informelles sont concernées par cette campagne, notamment celles qui fardent le décor à Oran et se caractérisent par le squat des espaces publics. Devant cette situation, l’on s’interroge, d’une part, sur le sort des milliers de déshérités qui voient leur gagne-pain disparaitre et, d’autre part, sur les mesures qui seront prises afin de lutter efficacement contre tout éventuel retour de l’informel ou la répartition de nouveaux appendices.
Redouane B.