A six heures du matin, un monde fou de demandeurs est déjà là à attendre en face des bureaux de TLS Contact d’Oran ,un centre prestataire de service utilisé comme sous-traitant pour gérer les demandes de visa pour le compte des ambassades de plusieurs États, dont la France, le Royaume-Uni et l’Italie. Cet organisme est une branche de Teleperformance, une société française devenue en quelques années le leader mondial dans le domaine de l’acquisition clients, des services de relations clients, de l’assistance technique, du recouvrement de créances et des médias sociaux. La galère des demandeurs débute aux alentours du centre où se garer relève déjà de l’impossible, tous les trottoirs sont occupés. Des jeunes les gèrent et exigent 200 dinars pour le stationnement. Les deux couloirs, bardés par des grilles, l’un pour les femmes et le second pour les hommes, débordent déjà. Munis de leurs dossiers de visa, les solliciteurs attendent leur tour de passage, livrés à une chute de pluie qui s’annonce. Une dame tente de se cacher la tête avec son sac à main, et lance à sa voisine :’’Avec tout l’argent ramassé, ce centre ne peut-il nous aménager des préaux pour se protéger contre la pluie ? ’’
Une fouille systématique, digne de la Gestapo !
Des agents de sécurité s’activent à l’entrée, et demandent les rendez-vous aux personnes qui les présentent. Ils les font entrer par dizaines dans l’enceinte du centre, un second contrôle est déjà là, d’autres gardiens du temple sont là, deux pour fouiller les hommes et deux dames pour les femmes. Une fouille minutieuse est effectuée, rien n’y échappe, les sacs à main, les poches. De drôles de mesures sont imposées, rien n’est admis à l’intérieur des bureaux, les téléphones portables et les briquets ne peuvent y accéder sous peine de se faire annuler le rendez-vous pris. Beaucoup de personnes ont été sommés de les déposer au dehors. Heureusement, un jeune disposant d’une table, les prend en consigne contre une somme d’argent allant de 300 à 500 dinars. Le manège se poursuit encore par la présence de deux autres couloirs, également gardés d’autres surveillants qui régulent l’entrée. Les quémandeurs de visas sont encore confrontés à présenter à tour de rôle, leurs dossiers à des guichetières qui contrôlent les passeports et les photos. Malheureusement, beaucoup de vieilles femmes et de jeunes filles, photographiées en ‘’khimar’’ sont contraintes de se faire photographier de nouveau, sur place pour la forte somme de 500 dinars !
Un hangar glacial pour le traitement des dossiers
Le calvaire continue par l’admission au sein d’un hangar où les demandeurs sont parqués à une longue attente. Appelés à tour de rôle, ils passent devant d’autres réceptionnistes où leurs dossiers sont épluchés, document par document. Malheureusement, le lieu ne semble point se prêter, de par le froid glacial du coin, et les longues heures d’attente. Après le contrôle des dossiers, le postulant au visa est orienté encore vers un autre couloir barricadé, pour s’acquitter des frais du traitement de son dossier, en versant un montant de près de 13.000 dinars, qui demeure si exagéré et non remboursable en cas de rejet. A la fin de ce parcours ‘’inhumain’’, le demandeur doit encore attendre dans un lieu si exigu, réservé au service de biométrie. Reçu dans un box, le demandeur est obligé de se faire encore photographier et d’effectuer un relevé de ses empreintes digitales, comme si le passeport qui lui a été délivré par l’état algérien n’est pas suffisant à titre de document officiel. En dernier, le quêteur du visa est enfin libéré, mais ne peut nullement revenir sur ses pays, il est encore appelé à quitter les lieux par un couloir fermé par un drôle de tourniquet, pour finir dehors sans le moindre merci pour le supplice enduré !
Pour un peu plus d’humanisme et de transparence
Aujourd’hui, beaucoup d’Algériens se plaignent de cette forme d’humiliation ‘’inavouée’’ sous le prétexte de mesures sécuritaires si forcées et sollicitent l’intervention des instances concernées. N’est-il pas temps de revoir ces mesures et les alléger davantage, afin de libérer les citoyens d’un si lourd fardeau. Comment expliquer à de vieilles dames et autres personnes si âgées de telles pratiques au nom de la sécurité ? Certains ne parviennent plus à se tenir debout pendant de longues heures à transiter par ces multiples couloirs, d’autres souffrent de tant de maladies, et nécessitent des mesures prioritaires. Quant à ceux qui essuient encore des refus étonnants en dépit de la solidité de leurs dossiers, ils ne cessent de se poser sur quelle base leurs dossiers sont toujours rejetés d’une demande à l’autre. En particulier, la catégorie des jeunes, qui parait être la plus ciblée par les rejets sans trop d’explication. Face à cette situation si ambigüe, beaucoup de jeunes sollicitent de plus amples informations sur le refus d’octroi de visas, en exigeant un peu plus de transparence, et moins d’opacité. Le prestataire ne pourra que gagner des points positifs pour consolider davantage sa réputation et faire taire toutes les mauvaises langues.
Un climat, décrié par les demandeurs de visas
En conclusion, le climat régnant au sein du centre, ne semble faire que des mécontents, à voir la mine des demandeurs de visas, si effacée par le trop d’attente, et l’accueil soumis à de pénibles mesures sécuritaires, décriées par tous. Beaucoup de personnes rencontrées sur les lieux, espèrent une meilleure prise en charge, avec moins de frustrations. Certains déplorent les mesures de sécurité, jugées trop rigides et le rejet excessif des dossiers qui ne présentent point d’anomalie. Il est temps d’alléger certaines conditions, car, comme l’a bien résumé un vieillard, ayant déposé un dossier de visa pour partir en France, voir sa petite fille, ‘’la sécurité est présente partout et il n’y plus de feu à craindre ‘’.