Demain,Fabius ne dira pas du président Syrien:«Qu’il dégage!»,le complot qui vient de loin

Demain,Fabius ne dira pas du président Syrien:«Qu’il dégage!»,le complot qui vient de loin

Le Monde arabe vit une situation de déperdition totale

«Je ne m’étonne jamais de voir des hommes mauvais, mais je m’étonne souvent de ne les point voir honteux.» Henri Lacordaire

En commençant à rédiger mon article, j’avais choisi le titre suivant: «La Syrie…, pourquoi pas?», faisant allusion aux éventuelles frappes des «impénitents coalisés», contre ce pays frère. Et «pourquoi pas» -, comme titre, avant de trouver un autre, aussi significatif que pertinent -, voulait dire, tout simplement, qu’après l’humiliation de certains pays arabes, il n’y a pas si longtemps et qui continuent de l’être, en d’autres circonstances, la Syrie qui est concernée par ce vaste complot qui lui vient de loin, sera aussi frappée par cette force, qui est devenue «puissance» à cause de notre faiblesse…, pardon de notre absence.

Et je continue mon article…, qui ne doit pas être pris pour une attaque frontale contre un pays notamment, peut-être le nôtre, dans l’esprit de certains, mais plutôt comme un constat de la situation de déperdition totale dans laquelle vit le Monde arabe…, malheureusement et où «tous les éléments de l’invivable collectif et individuel sont présents. Le plus insoutenable étant peut-être l’humiliation quand elle se double d’impuissance», pour paraphraser Abdellatif Laâbi, écrivain et poète marocain.

Oui, la Syrie…, pourquoi pas, puisque nous ne sommes pas à notre premier exploit dans l’abandon de nos droits, et au lâchage des nôtres, face aux puissances occidentales qui ont bien pris en main le monde depuis que nous avons décidé de capituler devant leur coalition qui s’est cristallisée de plus en plus, lors de ces derniers conflits mondiaux, pour devenir permanente, invariable et, j’ajouterai un autre qualificatif, impénitente!

Oui, pourquoi pas, puisque «ceux-là», devenus les maîtres du monde, qui ont fait des «pactes solides» en des «rencontres sérieuses», ont décidé de s’octroyer la liberté de nous «corriger», chaque fois que de besoin, quitte à venir chez nous à bord de «pachydermes» volants ou glissants sur les flots ou dans les profondeurs de la mer, détruisant et brûlant tout ce qui représente la fierté de nos pays, y compris notre patrimoine matériel ancestral. Les exemples d’ interventions des coalisés sont là, devant nous, pour démontrer notre absence depuis bien longtemps sur la scène internationale, et la puissance de ces «maîtres» qui ont émergé par leur union, devenue force et pouvoir… Nous ne sommes pas à court d’exemples, évidemment!

La coalition occidentale et ses conséquences…, une rétrospective est nécessaire

Celle-ci a commencé, il y a des siècles quand il fallait unir toutes les forces de l’Occident pour combattre un ennemi, un seul, l’Islam, et prendre la terre des musulmans qui ne cessaient, malgré leurs divisions, de montrer à l’humanité qu’ils existaient et qu’ils étaient capables de grands développements, parce que la culture, la grande culture, leur appartenait encore…, avant qu’ils ne connaissent cette lamentable période de décadence.

C’est alors que l’appel d’Urbain II, à la classe dirigeante de l’époque, c’est-à-dire aux princes, aux seigneurs et aux chevaliers de l’Occident, n’était pas seulement pour l’annexion de Jérusalem, il visait également à mettre de l’ordre dans les rangs de ces derniers afin de s’unir, de ne pas se combattre et de se tourner vers les véritables ennemis: les «Infidèles», en termes clairs, vers les musulmans. Il voulait carrément repousser la guerre hors de l’Occident qui était soumis aux nombreuses querelles entre seigneurs.

La suite, nous la connaissons avec ses désastres, sa cruauté. «Si je dis la vérité [sur ce qui s’y passa], elle dépassera ce qu’il vous est possible de croire. Qu’il me suffise donc de dire… que les hommes chevauchaient dans le sang, qui leur montait aux genoux et à la bride», racontait un historien en décrivant le sac de Jérusalem par les croisés le 15 juillet 1099. Tout cela, pour nettoyer, soi-disant, la Terre Sainte des souillures engendrées par les «Mahométans»!

Faisons maintenant l’économie de temps, sautons des siècles au cours desquels s’est encore exprimée cette «contagion», et allons voir directement à partir du XVIIe siècle, les principales autres coalitions contre les pays arabes.

En effet, pour ce qui est de l’Algérie et en ce même siècle déjà, bien après l’expédition de Charles Quint, Français et Espagnols se sont relayés, en l’attaquant au moyen de flottes puissantes. Nous citons les bombardements français de 1683 par Abraham Duquesne et de 1688 par le vice-amiral Victor Marie d’Estrées, tous deux sous Louis XIV, les bombardements espagnols de 1783 et 1784 par Barcelo et anglais de 1816 et 1824, dont Lord Exmouth se présenta à Alger, pour la première expédition, au nom de sept (7) grandes nations d’Europe. Notons que l’Espagne avait envoyé contre Alger une expédition où figuraient 344 navires de transport avec 21.500 hommes et 1000 cavaliers sous le commandement du général O’Reilly, ainsi que 21 bâtiments de guerre en une force navale commandée par Don Castejo. Cette flotte fut vaincue le 30 juin à l’ouest d’El Harrach.

Le 9 février 1830, bien avant ce funeste 5 juillet, les différents ports de France reçurent l’ordre d’armer immédiatement une escadre belliqueuse, qui sera commandée par De Bourmont, et jeter 40.000 hommes sur la côte d’Alger. En somme, 16 régiments d’infanterie de ligne et deux régiments d’infanterie légère devaient composer la force principale de l’armée expéditionnaire. Plusieurs personnages de distinction…prenaient part à cette expédition contre Alger, comme s’ils partaient pour un safari…, quelque part dans la brousse!

Parmi ces personnalités, le prince de Schwarzenberg, fils aîné du feld-maréchal qui commandait, en 1815, les armées de la coalition, le prince de Carignan, le prince Poniatowski, le fils d’un magnat de Hongrie, le baron Leclerc de Berlin, le colonel Filosof, aide de camp du Grand-duc Michel de Russie, et Sir W.Mansell, capitaine de vaisseau de la marine anglaise qui avait fait partie de l’expédition de Lord Exmouth en 1816. Ainsi, les uns poussés par l’exaltation religieuse et la haine pour les musulmans, les autres par des visées expansionnistes, pensaient qu’un établissement français sur le littoral algérien leur offrirait de précieux avantages. En outre, la perte de l’Égypte, celle des concessions africaines avaient causé de graves perturbations dans les fortunes. Le moment de les réparer leur paraissait venu.

En 1916, quelque part en Palestine, le projet de Herzl fait son chemin. La France et la Grande-Bretagne convoitent le pays et posent le principe de son internationalisation par les accords Sykes-Picot, après avoir étudié la situation au Moyen-Orient et convenu qu’«elle était dangereuse», car pouvant changer les rapports de force dans la région. La solution? Eh bien, rien de mieux que de créer un pseudo-État dans cette partie du monde, en chassant ses habitants, de leur propre pays… Ainsi, et dans la même foulée, la déclaration de Balfour intervient une année après, en 1917, et est «pertinente» car elle met à nu les visées expansionnistes de l’Europe. C’est alors que le 2 novembre de la même année, les Anglais prennent un engagement à l’égard du mouvement sioniste et prévoient un foyer national pour le peuple juif qui, dans «un aboutissement logique», deviendra, plus tard, cet État d’Israël.

Mais bien avant la création de cet État, les «sponsors» anglais et américains proposent, en novembre 1945, au nom du comité qu’ils créent entre eux, la venue d’encore 100.000 juifs en Palestine qui s’ajoutent aux 450.000 qui sont déjà arrivés, avant cette date et plus exactement depuis 1919. Le 14 mai 1948, et toujours en Palestine, l’«indu-occupant» est aidé, soutenu et officialisé sur les lieux par les grandes puissances ainsi que par la plus haute instance du monde, l’ONU qui décide la création d’Israël en divisant l’ancienne Palestine en deux États, l’un arabe, l’autre juif… Cette dernière date représente effectivement l’affront que fait le monde aux Arabes en général et aux Palestiniens, en particulier, par la création du nouvel «État d’Israël». Viennent ensuite les exactions, les massacres en série, les dépossessions de terres et de biens. C’est l’apocalypse, c’est véritablement l’extermination des Palestiniens…, un véritable Holocauste avec l’approbation des «Grands» de ce monde. Le reste nous le connaissons fort bien…, l’affaire n’est toujours pas réglée, jusqu’à ce jour.

Bien avant cette date, la France mandataire, adepte de l’intangible principe du «diviser pour régner», et sous la houlette du haut-commissaire français, le général Gouraud, entreprend en 1920 de découper le «Bilâd Shâm» en cinq petits États: l’État du Grand Liban, l’État de Damas, l’État d’Alep avec le sandjak d’Alexandrette, le Djebel druze, le territoire des Alaouites. De même qu’en 1939, elle se permet d’offrir à la Turquie «le sandjak» ou province d’Alexandrette sur le territoire syrien. Ainsi, l’Histoire écrite par l’Occident, en l’absence des Arabes, dans cette partie du Moyen-Orient, est d’autant plus amère que douloureuse.

En 1954, pendant la révolution menée par le peuple algérien, la France a utilisé, contre nos djounoud, armés de foi et de fusils de chasse, en plus de son stock restant de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d’Indochine, l’armement moderne alloué par l’Otan dans le cadre de la Guerre froide et destiné à être utilisé en Europe. Comme elle a utilisé un armement non conventionnel, dont le napalm qui n’a été interdit qu’en 1980 par une convention des Nations unies. Quant aux États-Unis, ils ont fourni à la France, notamment, des hélicoptères Sikorsky qui lui ont servi pour les opérations aéroportées dans les régions montagneuses d’Algérie.

En 1956, en Égypte, parce que Nasser a procédé à la nationalisation du Canal de Suez -ce qui était son droit au nom d’un pays souverain -, les foudres du ciel sont tombées sur lui, en une intervention tripartite de la Grande-Bretagne, de la France et d’Israël. Les États-Unis et l’Union soviétique ont agi de concert pour stopper cette attaque, pour des raisons qui leur ont permis d’apparaître comme étant les deux seules grandes puissances de la planète pouvant influer sur le cours des événements.

En juin 1967, pendant la troisième guerre israélo-arabe, appelée «guerre des Six-Jours» en raison de sa durée, et qui s’achève par une victoire foudroyante de l’armée israélienne sur les pays arabes, tout l’Occident soutenait Israël, de différentes manières et par des moyens colossaux. Quant à nous…, en ayant un tant soit peu de courage, nous disons que nous sommes les premiers responsables de cette débâcle, mais nous exprimons cependant notre indignation contre le fait que la résolution 242 du 22/11/67 des Nations unies n’a pas eu de répondant au sein des grandes puissances, comparativement à ce que font celles-ci, aujourd’hui, pour «mater les récalcitrants parmi les Arabes».

Et la saga de la coalition et de ses expéditions belliqueuses continue!

Octobre 1973, pendant la guerre de Kippour: l’Occident menace le Monde arabe qui a osé «secouer le cocotier», en s’attaquant à Israël. Pour cela, il y a eu une mise en alerte des forces nucléaires américaines, car pour la première fois au Moyen-Orient, 13 missiles Jéricho (israéliens), d’une puissance de 20 kilotonnes chacun, sont armés avec pour cibles Damas, Le Caire, Assouan, suite à une décision du Premier ministre israélien Golda Meïr.

L’Irak, et la «Tempête du désert» où une armada a été rassemblée par les Anglo-Saxons et les Européens sous le commandement du général américain Norman Schwarzkopf, Colin Powell étant le chef de l’état-major américain.

La coalition a réuni 28 pays et 605.000 hommes dont une moitié d’Américains. Elle a disposé d’armes sophistiquées face à une armée irakienne de 540.000 hommes. A partir du 17 janvier 1991, 85.000 tonnes de bombes ont été déversées sur le pays pendant 42 jours. Incroyable!

Sur le plan financier, la guerre-éclair n’aura rien coûté aux pays coalisés. Les pétromonarchies du Golfe ont supporté tous les frais, en payant rubis sur l’ongle. Ont participé, cependant, l’Allemagne et le Japon, qui s’étaient refusés à intervenir militairement dans la guerre pour ne pas raviver les souvenirs douloureux de la Seconde Guerre mondiale.

Quant à la troisième guerre du Golfe, qui a commencé le 20 mars 2003 avec l’invasion de l’Irak, elle a été dirigée contre le régime de Saddam, en l’accusant de posséder illégalement des armes nucléaires, ce dont l’inspecteur de l’ONU Hans Blix a indiqué, dans son rapport, «qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massives en Irak». Les inspections américaines menées pendant la guerre s’accordent pour dire que l’Irak avait abandonné son programme nucléaire, chimique et biologique, après 1991.

La chute de Saddam est intervenue le 9 avril 2003 et le 30 décembre 2006, il a été exécuté par pendaison dans la base militaire de «Kadhimiya», le jour de l’Aïd El Adha. C’est scandaleux pour tous les Arabes et les musulmans de la planète!

Où allons-nous avec notre silence et notre sujétion?

La Syrie aujourd’hui…, est en train de souffrir, malheureusement, et ce n’est pas à nous sans doute d’hésiter pour dire qui est responsable de cette situation, entre le régime, l’opposition, le peuple, tous les Arabes de la planète et l’Occident, tant le complot savamment orchestré exprime éloquemment pour quels «intérêts» a-t-il été commandité. Il est dommage que ce beau pays, ce grand berceau de la civilisation qui a brillé à travers les siècles, cette terre qui a vu naître les prophètes et les religions, connaisse, à Dieu ne plaise, le malheur de la désagrégation avec l’arsenal qui lui sera opposé par les forces du mal.

Loin de nous, cette sentence facile, et tellement hypocrite, celle qui consiste à jeter le discrédit sur les «autres». Car, aujourd’hui, en nous départissant de notre habituelle démagogie, nous sommes forcés d’admettre qu’il y a véritablement ce complot diabolique décidé à partir du «Plan Yinon» de 1982, qui a pour objectif de créer de mini-États rivaux, voire ennemis, dans le Monde arabe. Son auteur Oded Yinon, cadre israélien des Affaires étrangères, expliquait clairement qu’«aujourd’hui, s’ouvrent à nous d’immenses possibilités de renverser totalement la situation, et c’est ce que nous devons accomplir dans la prochaine décennie, sous peine de disparaître en tant qu’État». Nous avons évoqué l’Irak, peut-être longuement dans le flash-back. C’était nécessaire puisque ce plan, en question, a déjà commencé par ce pays qui perturbait toute la politique d’Israël, tout en menaçant sa «paix et sa sécurité», selon la conviction des sionistes et leurs suppôts.