Délocalisation de la Faculté des sciences exactes de Béjaïa, Les étudiants s’impliquent dans le mouvement de refus

Délocalisation de la Faculté des sciences exactes de Béjaïa, Les étudiants s’impliquent dans le mouvement de refus

Le bras de fer qui oppose l’administration rectorale aux enseignants de la faculté des sciences exactes, depuis près deux semaines autour de la délocalisation de cette dernière vers le nouveau campus d’Amizour, fraîchement inauguré, s’accentue avec le refus manifesté par les étudiants.

Ces derniers refusent à leur tour de rejoindre la nouvelle faculté d’Amizour. Ils ont exprimé leur solidarité avec les enseignants et annoncent même la tenue d’un rassemblement devant le rectorat ce dimanche à 10h. Une action qui sera observée sous la houlette du comité provisoire de la faculté des sciences exactes. Cette situation pourrait engager l’université de Béjaïa dans une crise avant même le début de la nouvelle année.

D’ailleurs, elle a déjà causé un grand retard dans la tenue des examens de rattrapage qui devaient débuter le 03 et être clôturés à la fin du mois courant. Des examens boycottés par les frondeurs qui considèrent la décision de transfert de leur faculté à Amizour d’«unilatérale et méprisante».

Le conflit s’est exacerbé ces derniers jours avec la réaction du rectorat qui a décidé de sanctionner le doyen de la faculté et deux chefs de départements accusés d’avoir soutenu les enseignants dans leur mouvement de refus lié à la délocalisation de la faculté en question qui se trouve actuellement au campus Targa Ouzemour, vers la ville d’Amizour (20km environ du chef-lieu de Béjaïa).

Il y a lieu de rappeler que les enseignants et étudiants en sciences exactes ainsi que le staff administratif observent depuis quelques jours des rassemblements de protestation devant le siège du rectorat pour dénoncer la décision de l’administration et exprimer leur soutien aux responsables pédagogiques suspendus. Un soutien exprimé également via les réseaux sociaux ces derniers jours.

Un nouveau doyen et des chefs de départements etc. ont été installés à la tête de cette faculté. Cependant, cela n’a rien changé quant à la position des enseignants et étudiants qui se disent déterminés à faire plier l’administration de l’université quant à ses décisions. Pour rappel, la délocalisation de la faculté de sciences exactes vers la ville d’Amizour a été prise par le conseil de direction de l’université lors d’une réunion tenue le 27 juillet dernier et validée par le Conseil scientifique deux jours plus tard.

Cette décision selon l’administration rectorale devrait permettre à la faculté des sciences exactes qui regroupe les filières mathématiques, physique, chimie et recherches opérationnelles (RO) «de meilleures perspectives de développement».

Pour les enseignants, le campus d’Amizour était destiné au départ pour la faculté de droit et que «cette mesure signe la mise à mort de la faculté des sciences exactes». Les enseignants évoquent aussi les volets pédagogique, scientifique et économique. Ils estiment que «les facultés de sciences exactes et de technologie sont complémentaires et doivent rester l’une près de l’autre, à l’image de l’USTHB, USTO, ou encore l’Académie des sciences technologiques d’Alger. Leur séparation est anti-pédagogique».

Certains évoquent les lacunes: manque de labos, manque d’unité de calculs intensifs, pas de plateau technique, etc… Pour sa part, le recteur de l’université qui avait invité les frondeurs au dialogue récemment estime que «la décision de délocalisation de la faculté des sciences exactes du campus de Targa-Ouzemour vers celui d’Amizour est irrévocable». «Le campus Targa Ouzemour a accueilli 16 000 étudiants l’année 2104/2015 pour 13 000 places pédagogiques, il en accueillera 20 000», indique-t-il.

Pour lui, «le choix de délocalisation de la faculté des sciences exactes vise à enrayer la surcharge à Targa Ouzemour et le campus d’Amizour est idéal pour accueillir cette dernière avec ces 4 100 places pédagogiques dont 250 doctorants. Il dispose de 750 places de bibliothèque et 500 autres de laboratoire». Il dira sur radio Soummam récemment que «les lacunes seront comblées et le déménagement se fera progressivement.

Ce sera seulement l’essentiel de cette faculté qui devra partir: certains départements resteront sur place dans un premier temps». Pour le responsable de l’université, «le campus d’Amizour compte dix laboratoires en phase d’achèvement et 30% des étudiants de la faculté des sciences exactes n’ont besoin que de l’outil informatique qui est déjà disponible».