Délit d’opinion sur Facebook : trois Algériens jetés en prison !

Délit d’opinion sur Facebook : trois Algériens jetés en prison !

Qui a dit que les réseaux sociaux ne sont pas surveillés par les limiers du pouvoir ? Rachid Fodil et deux de ses amis viennent d’en faire les frais pour avoir exprimé leurs opinions.

Rachid Fodil, un jeune actif sur Facebook, et deux de ses amis animant un groupe sur le réseau social ont été présentés hier lundi devant le procureur de la République près le tribunal de M’sila, au sud-est d’Alger. Après leur audition le juge a ordonné leur détention préventive jusqu’à la fin de l’instruction de l’affaire. Les griefs retenus contre les trois jeunes sont liés à leur activité sur Facebook exprimant des opinions et des idées d’ordre philosophique à travers un groupe nommé « Athées algériens ».



Rachid Fodil a été arrêté dans la nuit de jeudi à vendredi par les éléments de la brigade de la gendarmerie de la localité de Briga, dans la wilaya de M’sila, dans le magasin où il travaillait. Agissant sur l’ordre du procureur de la République en tant que police judiciaire, les gendarmes ont procédé à la confiscation de son ordinateur portable et de son téléphone personnel pour les besoins de l’enquête, à savoir afin de matérialiser l’objet de délit.

L’internaute a été conduit ensuite au siège de la brigade de la gendarmerie de Briga où il est resté en détention jusqu’à hier lundi, le jour de sa présentation devant le procureur. Il aurait été, selon ses proches, maltraité, violenté et frappé dans les locaux de la gendarmerie. Ce n’est pas étonnant en vue de la procédure, qui est entachée d’irrégularités et qui relève de l’arbitraire puisque les écrits incriminés sont d’ordre philosophique et d’opinions s’interrogeant sur la vie et le monde. Il est manifeste que l’arrestation intervenant la veille du week-end est abusive et elle cachait une volonté de punir et de faire de Rachid un exemple, qui serait un gage offert par le pouvoir aux abois, et en panne de base, aux islamistes auxquels il avait déjà cédé la société.

Sinon rien n’explique, en se référant à la loi, le maintien en détention des trois jeunes décidé, hier, par le procureur. C’était l’exception, alors que les trois jeunes présentent toutes les garanties de répondre libres aux besoins de l’enquête et ils ne représentent aucun danger à la société.

Les pouvoirs publics se sont auto-saisis de l’affaire en s’associant à une plainte civile « pour préjudice et atteinte à la religiosité de la société et injures à l’encontre des valeurs sacrées du peuple ». Rien n’y fit.

Youcef Rezzoug

Rachid Fodil, victime de ses opinions.