Le crime organisé a connu, ces dernières années, une ampleur inédite au sein de la communauté algérienne à l’étranger.
Le nombre de détenus dans les prisons européennes a augmenté de près de 50%, a signalé, hier, Samir Chaâbna, journaliste et député de la communauté algérienne à Marseille, lors du séminaire international sur « les communautés algériennes à l’étranger et leurs problèmes religieux et socioculturels », organisé, à Alger. Le conférencier est revenu sur la délinquance qui prend des proportions dans le milieu des émigrés. « Il y a une hausse de 50% de ce phénomène.
Les crimes les plus dominants sont le vol, le trafic de drogue et l’escroquerie, surtout en France, en Allemagne, en Hollande, en Espagne et en Belgique. « A Marseille, 35 Algériens ont été assassinés, l’année dernière, dans des règlements de comptes. Ces affaires ont été exploitées par des cercles islamophobes », tient à souligner M. Chaâbna.
25% des détenus sont des musulmans Dans le même sillage, Kaci Azzedine, professeur à l’Ecole supérieure de physique à Lyon, indique que la population carcérale musulmane représente un taux de 25% du total des prisonniers, dont 80% sont d’origine algérienne. « On a des difficultés à alimenter les prisons. On a des détenus qui n’ont pas mangé de viande pendant 10 ans », a signalé le docteur Kaci. Samir Chaâbna a évoqué les difficultés économiques et sociales des Algériens établis à Marseille. Le député a plaidé pour une politique nationale claire envers cette communauté. Il a souligné que ces préoccupations ont été exposées lors des réunions avec les ministres de la Jeunesse et des Sports, des Affaires étrangères, des Moudjahidine ainsi qu’avec le secrétaire d’Etat chargé de la Communauté algérienne à l’étranger. « Nous avons exposé nos problèmes et nos besoins. A Marseille, il n’existe pas de mosquée, ni de centre culturel. On a demandé aussi la révision des tarifs de voyage qui sont élevés par rapport à d’autres destinations.
On a même proposé l’organisation de colonies de vacances en Algérie pour les enfants des émigrés qui ne peuvent se permettre des séjours dans leur pays d’origine », a-t-il souligné. M. Chaâbna a appelé à la formation d’un lobby pour s’imposer. « La plupart des musulmans ont voté pour François Hollande, on devait saisir cette occasion pour exiger la réalisation de mosquées, la prise en charge de nos problèmes et même participer au changement de la politique étrangère, par exemple vis-à-vis du dossier du Sahara occidental », préconise-t-il.
De son côté, le Dr Fodil Benabadji, président d’une association religieuse et aumônier dans des prisons à Grenoble, a fait part dans sa conférence, intitulée « A propos d’islamophobie : expériences vécues en France », des témoignages sur la situation des détenus musulmans dans les prisons françaises. « Le problème de la discrimination s’est exacerbé après l’affaire de Mohamed Merah », a signalé le conférencier. « Ce n’est pas facile d’intervenir, on a des difficultés pour nous protéger (…) parce qu’on n’est pas chez soi », avoue-t-il. Il saisit l’occasion pour appeler à la multiplication des échanges entre les communautés. « On a effectué 27 échanges internationaux, le meilleur était celui de Timmimoun. On veut multiplier ces échanges pour le bien de nos enfants », a-t-il conclu.
Neïla B.