La liste s’allonge. Une femme, âgée d’une quarantaine d’années, a essayé de s’immoler par le feu mardi 18 janvier dans la localité de Sidi Ali Benyoub, dans la wilaya (département) de Sidi Belabs, située à 600 km à l’ouest d’Alger. Son geste porte à sept le nombre de tentatives de suicide similaires en Algérie. Le suicide par immolation prend ainsi une ampleur inquiétante et dramatique non seulement en Algérie, mais également dans d’autres pays du Maghreb et du monde arabe.
Une femme tente de se donner la mort. Selon l’agence AP (Associated Press) citant un responsable de la municipalité, cette femme qui habitait une maison insalubre a appris que les services sociaux de la commune lui refusaient une aide pour restaurer son logement. Du coup, elle s’est aspergée le corps avec un liquide inflammable avant de craquer une allumette, selon la même source. Le maire et des travailleurs de la municipalité sont intervenus à temps et elle n’est que brûlée aux doigts.
Six Algériens ont déjà tenté déjà de s’immoler par le feu pour dénoncer la pénurie d’emplois, l’injustice ou leurs mauvaises conditions de vie. Dimanche 16 janvier, à Oum El Bouaghi, à l’est d’Algérie, Mehanaine Karim, 38 ans, père de 3 enfants, a tenté de se suicider à l’intérieur d’une caserne de pompiers pour protester contre une décision de mutation dans le sud d’Algérie prise par sa direction. L’intervention du wali (préfet) a permis d’éviter l’irréparable.
Un jeune chômeur également s’est aspergé le corps d’essence le même jour devant la direction de la sureté de wilaya de Mostaganem, 350 kms à l’ouest d’Alger. Le drame a été évité de justice quand des policiers ont accouru pour secourir l’homme alors qu’il mettait le feu à ses vêtements
Pris en charge par des pompiers, il a été transféré vers le service des urgences à l’hôpital de la vile où il a été placé sous observation médicale.
Le premier cas a été signalé mercredi 12 janvier à Borj-Menaïl. Les deux autres se sont produits à Tébessa et à Jijel.
Dans la région de Tébessa, à l’est d’Algérie. Mohcin Bouterfif, 27 ans, a tenté de mettre fin à sa vie en s’immolant par le feu. Donné pour mort, l’homme est toujours vivant, mais dans un état grave. « Il est en vie mais dans un état critique. Il est sous assistance respiratoire », a déclaré lundi 17 janvier à l’AFP Salah Medjalakh, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital d’Annaba où l’homme avait été admis samedi après s’être aspergé d’essence et avoir mis le feu
« On lui administre des sédatifs pour calmer ses douleurs », a-t-il ajouté. Dimanche, un membre de la famille de la victime avait indiqué que Mohcin Bouterfif, 27 ans, avait succombé à ses brûlures en fin d’après-midi. « Il est toujours en soins intensifs à l’hôpital d’Annaba. Il est actuellement suivi par de grands spécialistes venus d’Alger », a assuré de son côté lundi à l’agence de presse APS le père de la victime, Amor Bouterfif.
Mohcin Bouterfif faisait partie d’un groupe d’une vingtaine de jeunes rassemblés devant la mairie de Boukhadra, dans la région de Tébessa, pour protester contre le refus du maire de les recevoir, selon des habitants de la région. Ils demandaient des emplois et des logements. Selon des titres de la presse algérienne, le maire l’aurait rabroué. Ce dernier a été relevé de ses fonctions depuis par le wali (préfet) de Tébessa.
Depuis mercredi 12 janvier, sept tentatives d’immolation par le feu ont été enregistrées en Algérie, voisine de la Tunisie où c’est un acte similaire perpétré le 17 décembre dernier par un chômeur de 26 ans, Mohamed Bouazizià, qui a déclenché les manifestations à l’origine de la chute du président Ben Ali vendredi, après 23 ans au pouvoir.
Face à l’ampleur que le phénomène est en train de prendre, le président algérien Abdelaziz Bouteflika se serait monté, selon des comptes rendus de presse, personnellement au créneau en ordonnant une enquête aux services de gendarmerie et de police pour élucider les causes de ces suicides.
Le phénomène ne concerne pas uniquement l’Algérie. Trois tentatives ont été déjà enregistrées en Egypte et une autre en Mauritanie.