Dégringolade des prix du poulet,Un feu de paille?

Dégringolade des prix du poulet,Un feu de paille?

Le consommateur a trouvé son compte

La chute de près de 50% du coût de la volaille inquiète les professionnels de cette filière, qui revendiquent des prix qui ne doivent pas pénaliser les éleveurs, tout en assurant des prix raisonnables pour le consommateur.



La joie sera-t-elle de courte durée? Le consommateur, qui a trouvé son compte depuis la baisse aussi spectaculaire qu’inattendue du prix du poulet, prie désormais, pour que cela ne soit pas qu’un feu de paille. Les Algériens, qui ont pris l’habitude de voir les produits de consommation (fruits et légumes, viandes, poisson…) jouer au yo-yo, craignent fort justement que les prix de la volaille ne reprennent l’ascenseur dans les prochains jours.

Familiarisés avec ce type de phénomène, ils espèrent que cette rare bonne nouvelle ne sera pas contrariée. Le mois du Ramadhan, qui doit coïncider avec le début du mois de juillet constituera un véritable test. La filière avicole est en pleine restructuration. Les signes ne trompent pas. Ils indiquent que les mesures prises par l’Etat pour réguler cette branche du secteur de l’agriculture commencent à porter leurs fruits. La suppression de la TVA, décidée l’été 2012 sur les matières premières suite à la flambée de leurs prix, décidée sur les marchés internationaux, a provoqué une baisse des prix qui dure depuis la fin du mois de janvier 2013. Une chute de près de 50% des prix de la volaille (après avoir frôlé les 400 DA le kg, ils oscillent aujourd’hui autour des 220 DA) qui inquiète les professionnels de cette filière. Ces derniers revendiquent des prix qui ne doivent pas pénaliser les éleveurs tout en assurant des prix raisonnables pour le consommateur. Trouver le juste prix c’est l’objectif que se sont assignés les différents intervenants de la chaine de production de ce produit de forte consommation, qui s’est substitué par la force de la «loi du marché» aux viandes rouges dont les prix demeurent inaccessibles pour les faibles revenus.

«Le prix du poulet vif, cédé par l’éleveur, a chuté jusqu’à 120 DA/kg voire 100 DA dans certaines localités, alors qu’il devrait osciller entre 180 et 200 DA/kg pour garantir un bénéfice à l’éleveur» estiment les spécialistes. Le Conseil interprofessionnel de la filière avicole qui s’est réuni le 14 mars 2013 au ministère de l’Agriculture a pris acte de cette «forte» chute des prix, due à une offre abondante et a mis en exergue l’inquiétude des éleveurs qui craignent de subir des pertes.

Le ministre de l’Agriculture y voit plutôt «une occasion en or pour la filière afin qu’elle se structure davantage et devienne plus forte». «Il faut que cette dynamique se maintienne et s’amplifie» a conseillé Rachid Benaissa qui a appelé les membres du conseil interprofessionnel à «sensibiliser les abattoirs, notamment privés, à adhérer au dispositif de régulation et à absorber le maximum de surplus de production pour consolider la pérennité de la filière». Le dispositif mis en place est encore fragile.

«Seulement une trentaine d’abattoirs privés et publics ont adhéré au système de régulation de la filière avicole, appelé «la triangulaire» et chapeauté par le groupe public Onab. Ce dispositif consiste à fournir le poussin et l’aliment à l’éleveur qui, en retour, vend sa production à l’abattoir», nous indique-t-on. Pas question de baisser les bras. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud.

«L’interprofession a un délai d’un mois devant elle pour structurer les relations entre les acteurs de la filière et contractualiser les rapports entre les abattoirs (publics et privés) et les éleveurs pour constituer des stocks», a recommandé le ministre cité par l’APS. Le patron du secteur de l’agriculture n’écarte pas l’éventualité d’une rechute de l’offre. Il a appelé à la vigilance: «Les membres du conseil sont appelés à veiller à ce que les mises en place, prévues fin mai et début avril prochains, se maintiennent», a-t-il indiqué.

«Le système de régulation mis en place par les pouvoirs publics a permis certes d’absorber une grande quantité de poulet, mais les abattoirs privés doivent y adhérer pour augmenter les capacités de stockage pour une meilleure régulation durant la période de forte demande» précise le bilan mensuel de l’Observatoire de la filière avicole pour le mois de février 2013. Cette stratégie tiendra-t-elle le choc? Les spéculateurs contourneront-ils l’écueil? Le début du mois de Ramadhan rendra le verdict…