La filière avicole traverse un moment charnière. Depuis plusieurs jours, les prix du poulet dévalent d’un palier à l’autre, jusqu’à atteindre ce mardi des niveaux que le marché n’avait plus connus depuis longtemps.
Cette baisse spectaculaire, appréciée par les ménages qui tentent de préserver leur pouvoir d’achat, prend une tournure alarmante pour les éleveurs, pris entre une offre abondante et des coûts qui ne reculent pas.
Dans les marchés, la tendance n’est plus à la simple fluctuation. Elle se transforme en effondrement, révélant une filière qui avance sans régulation claire et expose les producteurs à un risque de pertes systématiques. Beaucoup craignent désormais un point de non-retour.
Des prix du poulet qui franchissent un seuil de danger
Le premier signal se lit dans les marchés de gros. Le poulet vivant s’échange aujourd’hui entre 220 DA et 240 DA le kilo, un tarif qui ne couvre plus les charges liées à l’élevage, estimées entre 250 DA et 280 DA selon les professionnels. Chez les détaillants, les prix s’alignent sur cette dynamique :
- Poulet vivant : 270 à 300 DA/kg
- Poulet déplumé : 330 à 360 DA/kg
- Escalopes : 650 à 730 DA/kg
Ces valeurs, parmi les plus faibles enregistrées depuis des années, dévoilent une réalité paradoxale : le consommateur souffle, mais l’éleveur s’enfonce.
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Les éleveurs tirent la sonnette d’alarme. Beaucoup expliquent qu’ils vendent désormais à un prix inférieur à leurs propres coûts, une situation qui, selon eux, ne pourra pas durer sans provoquer une série de fermetures d’exploitations.
Un marché saturé et une concurrence extérieure qui bouscule les équilibres
La chute des prix ne doit rien au hasard. Deux éléments principaux alimentent cette pression inédite :
1. Une offre qui dépasse largement les capacités d’absorption du marché
Les cycles de production se sont succédé sans que ne s’installent de mécanismes capables de gérer les excédents. Les élevages ont alimenté le marché de volumes importants, mais l’absence d’outils de stockage ou de régulation laisse ces quantités s’écouler directement, même lorsque la demande ralentit.
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2. Des importations de poulet congelé qui tirent les prix vers le bas
L’arrivée de quantités notables de poulet congelé importé accentue la pression sur le produit local. Cette concurrence crée une situation où le poulet frais, pourtant plus coûteux à produire, doit s’aligner sur des prix imposés par des cargaisons venues de l’étranger.
Une filière menacée par un risque de décrochage durable
Cette phase de prix bas pourrait, à première vue, sembler favorable aux ménages. Mais les professionnels alertent sur les conséquences d’une crise prolongée. Si les éleveurs multiplient les pertes, beaucoup risquent d’abandonner l’activité, réduisant brusquement la production locale.
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Un tel scénario ouvrirait la voie à une nouvelle flambée des prix, faute d’offre suffisante, et renforcerait la dépendance aux importations. Une situation que les acteurs souhaitent éviter, mais qui pourrait devenir inévitable sans régulation de l’offre et des importations.
Les producteurs, déjà fragilisés, appellent les autorités à intervenir pour éviter le décrochage d’une filière essentielle à l’alimentation du pays.
