REPORTAGE. Aïn El Hammam, la zone d’ombre où l’insécurité règne

REPORTAGE. Aïn El Hammam, la zone d’ombre où l’insécurité règne

Par les temps qui courent et au rythme où vont les choses, Aïn El Hammam « Michelet » sera une région à éviter, c’est vraiment regrettable pour cette région ayant donné ses meilleurs filles et fils durant la Révolution de novembre 1954.

Toutes les enveloppes financières votées depuis la nuit des temps n’ont pas suffi pour assurer une seule voie carrossable. L’on se demande où a été injecté cet argent.

La ville est plongée dans l’obscurité depuis plusieurs mois, les lampadaires grillés n’ont jamais été remplacés. Les habitants sont également confrontés à un dysfonctionnement du ramassage des ordures ménagères et à ses désagréments.

Les rues sont jonchées d’ordures. Le visiteur a l’impression que les éboueurs sont en grève depuis bien longtemps. Les autorités de cette daïra ont certainement reçu le message de ces habitants qui n’ont pourtant pas demandé la lune, mais le minimum d’une vie décente. Ces derniers se plaignent du manque de raccordement au gaz naturel dans certains villages. Ils se lamentent de la connexion Internet qui a la lenteur d’un escargot alors que les abonnés paient rubis sur ongle chaque mois. L’état de la chaussée à proximité du chef-lieu de daïra est impraticable. En ville, il suffit d’une averse pour que les rues deviennent boueuses. « Parfois, il m’arrive de ne pas pouvoir accéder à ma demeure à cause de la boue », témoigne un jeune homme.

En période hivernale, il est très difficile de circuler au niveau des quartiers de plusieurs cités, de petites et grandes agglomérations, bien que ces chaussées soient pour la plupart nouvellement réalisées. Ceci nous renseigne que les services de contrôle placés au niveau de chaque commune et chaque daïra sont quasiment inexistants ou complices de ces malfaçons qu’on relève chaque jour. Une chaussée réalisée à coups de milliards de centimes ne tient pas le temps d’une saison.

Les entrepreneurs ayant pris en charge la réhabilitation des chaussées de cette commune ont failli à leur mission, ils ont empoché l’enveloppe financière sans pour autant en assurer la réparation, et éventuellement une remise en état.

D’autre part, les habitants de la région vivent au rythme des chutes de tension et autres avaries du réseau électrique. Ces perturbations électriques ont engendré beaucoup de désagréments et causé bon nombre de dégâts, notamment en ce qui concerne les appareils électroménagers.

Certains nous confient qu’ils ont perdu leurs téléviseurs récemment, d’autres une machine-à-laver suite aux coupures récurrentes. « Nous avons tenu à informer les responsables de ce secteur en vain. Ces derniers font la sourde oreille alors que ce problème est récurrent et touche plusieurs quartiers du chef-lieu de daïra et des localités rurales ».

Manque flagrant d’infrastructures

La ville de Michelet manque de tout, c’est le calvaire en été et en hiver. Ni aires acceptables pour la pratique de certaines activités sportives ni parc de distractions pour les jeunes, et il n’y a ni usine ni commerce.

« Nous sommes des damnés de la terre, pas de travail, pas de lieu de distraction, pas de lieu culturel, excepté un semblant de bibliothèque (aucun livre), et ce, depuis la nuit des temps », nous disent des jeunes.

Dans cette bourgade, tous les autres secteurs (aménagement urbain, électricité, santé, jeunesse) sont restés dans la même situation depuis des années. Les jeunes de la région rappellent le problème du manque d’infrastructures culturelles dans la commune, manque induit par un abandon par le secteur de la culture.

À noter que la maison de la culture rénovée récemment ferme ses portes aux jeunes de Michelet, néanmoins elle est souvent utilisée pour des fins politiques qui servent les autorités locales, en accueillant des ministres et des meetings même au temps de la Covid-19.

Cette situation s’applique particulièrement à l’apprentissage et à la formation artistique qui restent inaccessibles à la majorité des enfants et à tous ces jeunes qui aspirent à faire du théâtre, à jouer de la guitare ou à pratiquer toutes sortes d’activités culturelles et artistiques.

« Nous sommes obligés de travailler dans des garages privés ou chez soi par manque d’infrastructures culturelles », dira un jeune peintre. « Nous n’avons aucune aide. On travaille avec peu de moyens et avec nos propres moyens », ajoute-t-il.

Michelet, considérée comme l’une des principales communes de sport de Tizi Ouzou et d’Algérie, au regard des performances de ses athlètes et sportifs (football, handball, athlétisme, sports de combat…), souffre paradoxalement d’un manque criant en infrastructures sportives.

Pour permettre aux nations de développer le secteur sportif, des infrastructures adaptées sont primordiales, des investissements réguliers sont nécessaires à la construction et la maintenance de ces infrastructures ainsi que la gestion et l’animation des espaces dédiés au sport qui doivent faire partie de la stratégie des pouvoirs publics. Ces ingrédients réunis peuvent hisser le sport en tant que vecteur important de développement social et économique. Or, à Ain El Hammam ces critères font défaut. Il n’existe qu’un seul stade, toujours occupé. Il ne peut pas contenir tous ces jeunes, férus de sport en général, de football en particulier. De petits espaces de jeu, notamment dans les quartiers populaires, avec les stades des anciens maticos en béton, ne peuvent résoudre le manque cruel d’installations sportives. Aussi, pour les salles couvertes, de nombreux citoyens regrettent qu’elles soient fermées, et la seule, qui est en fonction (Salle omnisport) ne peut satisfaire la demande croissante.

Sur le plan santé, la commune est loin d’être gâtée bien qu’elle soit dotée d’un hôpital et d’une polyclinique. Les accouchements se font souvent après transfert au niveau d’un des hôpitaux du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou.

Les habitants affirment que l’unique établissement de santé de cette commune ne répond pas de manière suffisante aux exigences de la population

« La commune compte un nombre limité d’infrastructures sanitaires et les services d’urgence proposés ne couvrent pas totalement cette commune qui a connu une croissance très rapide de ses habitants, surtout ces trois dernières années. »

Sans oublier le problème qui persiste depuis des années à savoir, l’insuffisance de moyens de transport, vers Tizi-Ouzou et vice-versa, en effet, les voyageurs et spécialement les étudiants, sont confrontés chaque semaine au même problème du manque de transport. Les nombreux fourgons et taxis assurant la desserte se trouvent souvent dépassés par le flux des voyageurs.

Les habitants dénoncent l’insécurité

Décidément, rien ne va plus en matière de sécurité dans le centre-ville à Ain El Hammam. Pour l’ensemble des habitants locaux, la situation est de plus en plus grave et insupportable. Selon des témoignages recueillis auprès de plusieurs citoyens de cette ville, le climat d’insécurité qui y règne est de plus en plus inquiétant et se prolifère au fur et à mesure que les jours passent.

« Ce sont des bandes de jeunes consommateurs de drogue et d’alcool qui font la loi ici. Personne ne peut les approcher ou leur faire face. Malgré nos multiples plaintes qui sont régulièrement adressées aux autorités locales compétentes administratives et sécuritaires, personne de celles-ci n’osent mettre fin à cette situation dramatique qui s’amplifie gravement de jour en jour », lancent nombre d’habitants à Michelet, la peur au ventre en permanence de jour comme de nuit.

Ces derniers temps, le cambriolage des maisons est monnaie courante, les voyous qui y sévissent atrocement, qui ne reculent devant rien et dont le nombre augmente sensiblement de jour en jour, nous raconte-t-on avec regret et indignation, sont tous des jeunes et même des moins jeunes connus de tous, étant donné qu’ils sont originaires de la même localité. « Gare à celui qui ne laisse personne dans sa maison lorsqu’il la quitte ne serait-ce que pour aller faire des achats ».

Plus grave encore, les scènes de bagarre qui se produisent fréquemment, où on n’hésite aucunement à utiliser différentes sortes d’armes blanches, entre délinquants sous l’effet de l’alcool et de la drogue se terminent à chaque fois par des blessures graves aux uns et aux autres et parfois par une mort malheureusement, sous le silence total des services de sécurité de cette ville.

C’est ce qui s’est passé hier seulement, un propriétaire de bar très connu dans la région a été mortellement tabassé, dans la nuit et non loin de son domicile familial, par des individus bien connus dans la ville et plusieurs fois signalés.

Les habitants demeurent sérieusement préoccupés par cette insécurité sans précédent qui continue de s’accroître étonnement en faisant à chaque fois des victimes, tandis que les multiples doléances adressées aux responsables sécuritaires locaux n’ont toujours pas abouti.