Écrit par Houria Moula
La réunion entre le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et les représentants des médecins résidents s’est terminée sur une déception. C’est du moins le sentiment des délégués du Camra (Collectif autonome des médecins résidents algériens) qui a, en réaction, décidé de reconduire son mouvement de grève cyclique entamé le 14 novembre dernier.
« Les résultats de la réunion avec le ministre n’ont pas été concluants », nous a déclaré un délégué du Collectif, joint hier au téléphone, accusant le ministre de tutelle d’avoir été vague et d’avoir esquivé toute prise de position concernant les points inscrits sur la plateforme de revendications.
Sur la question du service civil, Hasbellaoui a fait valoir « les besoins de l’Etat en personnel spécialiste », rapporte notre source. Idem pour le service militaire auquel les médecins résidents sont astreints contrairement à toutes les autres catégories. Un point sur lequel le ministre de la Santé a avancé « les besoins du ministère de la Défense » en la matière. Cependant, c’est loin d’être convaincant, de l’avis des délégués du Camra.
« Puisqu’on a vraiment besoin de nous, qu’on nous donne alors les moyens qui nous permettent d’opter volontairement pour ces services. Il faut aller vers plus de mesures incitatives sur le volet prise en charge et rémunération », plaide le délégué.
Quant à la revendication portant sur les œuvres sociales, les représentants du collectif des médecins résidents disent avoir été surpris par la réaction du ministre qui, selon eux, « n’est même pas au courant » de l’existence ou non d’un tel droit. « Sa réponse était : on va étudier le dossier et si vous avez droit aux œuvres sociales, nous ferons tout pour que vous en bénéficier », nous dit-on.
Pour le reste, le ministre de la Santé a opté, selon nos sources, pour un discours paternel, empreint de sentiments et de promesses d’amélioration des conditions de travail, sans aucun engagement concret. Voilà donc la montagne qui accouche d’une souris dans ce qui va certainement se transformer en un bras de fer bien parti pour durer. Première réunion qui se termine en dialogue de sourds, ce n’est pas vraiment ce qu’attendaient les médecins résidents qui ont vu en cette invitation une lueur d’espoir vers un dénouement et une prise en charge de leurs revendications. Hélas, le gouvernement, à travers son ministre, ne semble pas prendre toute la mesure de la détresse des blouses blanches, mais surtout leur détermination à aller jusqu’au bout de leur combat.
D’ailleurs, à l’issue de cette réunion, le Camra a décidé de poursuivre son mouvement, comme il l’avait entamée le 14 novembre dernier, à raison de deux jours de grève par semaine, en attendant de débattre de la possibilité d’aller vers une radicalisation de la protestation. « La grève va se poursuivre. Nous verrons plus tard comment faire augmenter la pression », avertit notre source.
Rappelons que la plateforme de revendications du Camra porte sur « l’abrogation du service civil dans sa forme actuelle, de l’application de l’article 32 du chapitre IV de la Constitution pour bénéficier de la dispense du service militaire, de la révision du statut général du résident, du bénéfice des œuvres sociales et enfin de l’amélioration des conditions de travail ».
Hier matin, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, invité de la chaîne III de la radio nationale, avait indiqué avoir parlé du problème des médecins résidents avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, promettant de trouver des solutions, « en leur expliquant comment on voit le futur du service civil ». Apparemment, ses arguments n’ont pas été convaincants !
