Des scientifiques français ont fait la lumière sur l’arme cachée de certains rétrovirus causant les cancers et se déclarent déterminés à les combattre, y compris par des vaccins, à l’avenir.
L’étude effectuée par une équipe dirigée par Thierry Heidmann (Institut Gustave-Roussy, près de Paris) vient de paraître dans les comptes rendus de l’Académie des sciences américaine, les PNAS.
Les rétrovirus oncogènes sont à l’origine de cancers notamment animaux.
Chez l’homme deux rétrovirus, nommés HTLV et XMRV, sont associés à des cancers (respectivement leucémie et cancer de la prostate). Toutefois, le rôle déclencheur de ce dernier virus n’est pas encore clairement établi : l’association du XMRV avec des formes familiales de cancer de la prostate, décrite chez des patients américains, n’a pas été retrouvée, selon une étude réalisée en Allemagne sur près de 600 patients (Institut Robert Koch et hôpital de la Charité à Berlin).
L’équipe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a identifié la protéine permettant à ces virus à l’origine de cancer de neutraliser les défenses immunitaires de l’hôte attaqué. Cette protéine permet la fusion des particules virales avec la membrane de la cellule, leur permettant ainsi d’y pénétrer.
Les chercheurs ont montré qu’elle possédait aussi des propriétés immunosuppressives, c’est-à-dire qu’elle bloquait la défense immunitaire de la cellule pour permettre au virus de s’y installer puis de se propager dans l’organisme. Pour la démonstration, ils ont étudié un virus responsable de leucémie chez la souris (VLM/MLV).
Après avoir identifié une zone-cible sur la protéine de l’enveloppe virale, les chercheurs ont modifié le virus, le privant ainsi de sa capacité à déjouer le système immunitaire.
Résultat : si le virus naturel a infecté durablement les rongeurs, le virus modifié privé de son arme habituelle a été neutralisé par les défenses immunitaires des animaux.
De surcroît, l’inoculation de la version désarmée du virus aux souris les a « vaccinées », offrant là une nouvelle piste aux recherches pour des vaccins. En effet, les virus HTLV et XMRV, associés à des maladies humaines, possèdent des propriétés analogues au virus de rongeur initialement étudié, selon les chercheurs s’intéressant également au VIH.
Agences