Des chercheurs ont découvert pratiquement toutes les anomalies génétiques à l’origine des cancers du sein, une « avancée majeure » qui pourrait permettre de développer de nouveaux traitements plus efficaces contre cette maladie, révèle une étude publiée mardi dans la revue britannique « Nature ».
« C’est une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes dans nos cellules qui, lorsqu’ils sont altérés, aboutissent à des cancers du sein », souligne Christine Chomienne, directrice de recherche à l’Institut français du cancer (InCA) qui a co-dirigé l’étude avec l’Institut Sanger à Cambridge (Royaume-Uni).
Elle ajoute que l’étude a permis d’établir « un catalogue quasi exhaustif des anomalies qui interviennent dans les cancers du sein ».
Tous les cancers sont dus à des mutations qui se produisent dans l’ADN de nos cellules au cours de notre vie. Ces changements interviennent à cause de l’environnement mais également au fur et à mesure du vieillissement.
En séquençant le génome complet de l’ADN de 560 tumeurs du sein provenant de plusieurs pays, les chercheurs ont identifié plus de 1.600 anomalies suspectées d’être à l’origine des tumeurs. Les anomalies portent sur 93 gènes différents, dont 10 sont altérés dans plus de la moitié des tumeurs du sein.
Certaines de ces altérations étaient déjà connues tandis que d’autres ont été identifiées pour la première fois grâce au séquençage entier du génome qui a permis d’étudier 100% des gènes, alors que jusqu’alors les anomalies connues n’avaient été identifiées qu’au niveau de 10% des gènes.
Cinq nouveaux gènes impliqués dans les cancers du sein ont ainsi été découverts grâce à cet énorme travail mené dans le cadre du consortium international de génomique du cancer (ICGC) mis en place en 2008.
« Ces gènes n’étaient pas jusque-là associés aux cancers du sein », note Mme Chomienne qui espère que cette découverte permettra de trouver de nouveaux traitements ciblés.
« Il est crucial de trouver ces mutations pour comprendre les causes du cancer et développer de nouvelles thérapies », souligne de son côté le Pr Mike Stratton, du Sanger Institute.
Des traitements ciblés existent d’ores et déjà, comme l’Herceptin (trastuzumab) qui permet de cibler des mutations qu’on retrouve dans 15 à 20% des cancers du sein avec métastases.
Selon la directrice d’InCA, l’étude a également permis de trouver des mutations proches des mutations BRCA1 et BRCA2 qui sont présentes dans certains cancers du sein familiaux.
« Les traitements déjà proposés à ces patientes pourraient également s’avérer efficaces chez celles possédant des mutations proches », estime-t-elle.