Déclarations contradictoires entre les dirigeants du FLN: L’ombre des doutes

Déclarations contradictoires entre les dirigeants du FLN: L’ombre des doutes

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Au FLN, certains affirment que Djamel Ould Abbès continue d’assurer ses fonctions de secrétaire général du parti alors que d’autres se réjouissent déjà de son départ.

L’Instance de coordination des quatre partis de l’alliance présidentielle, en l’occurrence le parti du Front de Libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND), le Mouvement populaire algérien (MPA) et Tajamou Amel El Djazair (TAJ), s’est en fin de compte réunie, hier, malgré les affirmations de sources proches du FLN de l’annulation de cette rencontre, en raison de la «démission» inattendue de Djamel Ould Abbès pour raisons de «maladie». Deux représentants de chaque parti ont pris part à la rencontre qui est chargée d’élaborer un programme unifié, en prévision de la prochaine élection présidentielle.

Pour le FLN, c’est Mustapha Karim Rahiel et Ahmed Boumehdi qui ont été désignés. Ahmed Boumehdi, le plus vieux membre du bureau politique de cette formation politique, a eu également la charge de superviser, la veille, les primaires des sénatoriales de la wilaya d’Alger en l’absence de Mouad Bouchareb, le fraîchement désigné comme coordinateur du FLN, selon une dépêche de l’agence de presse officielle (APS). Car, il faut le rappeler, seule l’APS a annoncé de manière formelle la démission du secrétaire général du FLN, en citant «une source officielle». L’agence a également fait état, dans une deuxième publication, de la désignation de Mouad Bouchareb comme intérimaire «en attendant que les organes habilités du parti du FLN se prononcent sur son remplacement». Ahmed Boumehdi a, dès le premier jour, réagi à ce qui peut être qualifié de «putsch déguisé».

Mercredi dernier, à l’annonce du départ surprise de Djamel Ould Abbès, Ahmed Boumehdi a déclaré au sortir du siège du FLN «Djamel Ould Abbès n’a pas démissionné». Il a continué à le répéter avant-hier et hier donnant chaque jour un peu plus d’informations. Ainsi lors des primaires d’Alger pour les sénatoriales, Ahmed Boumehdi, cité par TSA Arabi, a demandé la divulgation de l’identité de «la source officielle» à l’origine de l’information sur la démission du secrétaire général du parti. Le membre du BP a ajouté «il n’est pas possible de destituer un SG du FLN et de nommer un autre de cette façon», ne manquant pas ensuite de rappeler les statuts et le règlement intérieur du parti. Hier, et lors de la réunion de l’Instance de coordination de l’alliance présidentielle, Boumehdi va encore répéter non seulement que Djamel Ould Abbès est toujours le secrétaire général du parti, mais que ce dernier «continue d’assurer ses fonctions à partir de son domicile». Et si cette fidélité de Ahmed Boumehdi à son secrétaire général est cohérente et légitime, l’attitude de Mahdjoub Bedda, le ministre des Relations avec le Parlement, est pour le moins inattendue.

Cet ancien élu du FLN, dont le nom était souvent associé à celui de Djamel Ould Abbès, durant les semaines d’agitation qu’a connue l’APN, semble ne pas regretter Djamel Ould Abbès. Mieux, il estime que ce changement est le bienvenu. De Annaba où il se trouvait, samedi dernier pour une nouvelle activité de l’Association des anciens élus du FLN qu’il préside, Mahdjoub Bedda, accompagné de deux autres têtes d’affiche Amar Tou et Rachid Harraoubia, a commenté les derniers événements qui se succèdent au FLN, en disant: «Le changement arrive au bon moment au sein du parti. Il fallait du sang neuf.» Ce Flniste qui semblait être un compagnon de parcours du secrétaire général du FLN n’a pas attendu, selon un site électronique, pour remercier le président Bouteflika «président du parti pour avoir insufflé du sang nouveau qui sera un stimulant pour les militants pour fournir des efforts et appuyer la nouvelle direction provisoire du parti, à sa tête Mouad Bouchareb». Mahdjoub Bedda semble donc affirmer que Mouad Bouchareb a bel et bien été désigné par le président du parti. Ahmed Boumehdi n’en est pas du tout convaincu.

Les deux hommes, militants du même parti FLN, produisent deux sonorités différentes pour le même morceau de musique. Est-ce le début d’une brèche qui ne dit pas son nom? Ou est-ce que tout cela n’est en réalité qu’un nouvel écran de fumée, après celui de l’APN, celui des changements, des arrestations et autres événements qui ont capté l’opinion nationale? Est-ce que toute cette agitation, à quelques mois d’une échéance électorale capitale pour le pays, n’est qu’une distraction qui détourne les regards d’un événement majeur à venir? L’avenir proche nous le révèlera.