Les ministres des Affaires étrangères du groupe des 5+5 ont décidé dans une déclaration finale, à l’issue de leur réunion hier à Rome, de raffermir le dialogue en Méditerranée occidentale. En s’appuyant sur l’acquis de «l’expérience unique» que les pays du dialogue des 5+5 ont développé dans le domaine sécuritaire, en particulier à travers les rencontres des ministres de la Défense et de l’Intérieur, les ministres appellent à «la poursuite du travail dans les domaines prioritaires de la lutte contre le terrorisme et les organisations criminelles et les trafics illicites».
Ils ont convenu, à cet égard, de «renforcer la coopération» en «tenant compte des nouveaux défis », en allusion à la situation dans la région du Sahel, estimant qu’une «attention particulière» doit être dédiée au thème migratoire dans «une approche globale qui prenne en compte les dimensions du développement, de la mobilité légale et de la lutte contre les flux illégaux». A ce sujet, ils ont plaidé pour la reprise et la relance du travail de la Conférence des ministres de l’Intérieur du groupe des 5+5 dont la dernière rencontre a eu lieu à Venise en 2009, et la prochaine aura lieu en Algérie, selon la déclaration. Les ministres ont également convenu d’élargir le dialogue à d’autres domaines de coopération, tels que la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, l’environnement, le commerce et les transports. Ils ont plaidé pour «une coopération régionale structurée» dans les domaines de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique afin de «créer un véritable espace intégré de recherche et d’innovation basé sur un pont technologique entre les deux rives». A cet effet, ils ont fait part de leur désir d’encourager l’échange d’expériences en matière de politiques scientifiques et technologiques et de gestion des systèmes nationaux relatifs à l’innovation. Les ministres ont dit «appuyer» les actions de formation des formateurs et de perfectionnement au profit des chercheurs dans les domaines scientifiques et technologiques.
Ils ont en outre, fait appel à «l’élargissement» du dialogue des 5+5 à la société civile et à l’introduction de dimensions nouvelles telles que le dialogue interparlementaire, indiquant qu’un forum sur la société civile pourrait être convoqué et réuni «de façon institutionnelle». Les ministres, qui ont reconnu «l’importance» de la coopération décentralisée en tant que facteur de croissance pour les populations locales et de renforcement du développement économique et social, ont convenu de «favoriser» cette coopération entre les Collectivités locales, le patronat et les Chambres de commerce et d’industrie, avec «une attention particulière» au secteur des micro et petites et moyennes entreprises. Par ailleurs, les ministres ont souligné «le rôle stratégique» du secteur du Tourisme dans les économies des pays membres et ont constaté que ce secteur a été touché «de plein fouet» par la crise économique mondiale.
Dans ce cadre, ils ont appelé à l’élaboration d’une «approche commune» afin de stimuler davantage la coopération en matière de stratégie touristique et d’examiner la possibilité de réactiver les rencontres ministérielles dans le cadre du groupe des 5+5, réaffirmant que le tourisme est un facteur de rapprochement et de développement durable dans la région.
Ils ont également réaffirmé «l’importance» du dialogue dans le domaine culturel, en soulignant le «rôle déterminant» de la culture dans le rapprochement des peuples de la région et dans le renforcement de la stabilité régionale. Ils ont considéré que la coopération culturelle constituait «un important vecteur» pour favoriser «l’enrichissement mutuel» et promouvoir «les valeurs de tolérance, de solidarité et de paix». A cet égard, ils se sont «félicités» de la poursuite des efforts et des initiatives des pays membres s’inscrivant dans le cadre de la promotion du dialogue interculturel tout en rappelant «la nécessité et l’importance» de la concertation entre les ministères de la Culture des pays membres.
Evoquant l’Union pour la Méditerranée (UpM), les ministres ont convenu de la nécessité de promouvoir sa «vocation spécifique» à l’impulsion de projets d’utilité commune. «Conscients de la rareté de sources de financement», ils ont constaté que «la recherche en cours de nouveaux mécanismes de financement dans la région pourra contribuer à la concrétisation de ces projets».
Soulignant «l’importance» de la complémentarité entre l’UpM et le groupe des 5+5, les ministres ont rappelé leur «attachement» à la poursuite des efforts de l’Union européenne en faveur des pays du sud de la Méditerranée.
Pour un Etat palestinien indépendant et viable
Les ministres des Affaires étrangères des pays de la Méditerranée occidentale (5+5) ont plaidé hier, en faveur d’un Etat palestinien indépendant et viable. Les ministres ont réaffirmé dans une déclaration finale, à l’issue de leur réunion, «le droit des Palestiniens à créer un Etat indépendant, démocratique, contigu, viable et souverain» qui ne doit pas «être remis en question».
«La viabilité de la solution des deux Etats (palestinien et israélien) doit être préservée», ont souligné les ministres, exprimant leur «ferme conviction» que l’implantation de colonies sur les territoires palestiniens constitue un «obstacle aux perspectives de paix au Moyen-Orient». «Profondément préoccupés» par la situation à El-Qods, ils rappellent que l’établissement d’une paix véritable «passe par la résolution du statut de cette ville, par la voie de la négociation», a fait savoir la déclaration, ajoutant que les ministres «ne reconnaîtront aucun changement des frontières antérieures à 1967, y compris à El-Qods, que ceux qui seraient agréés par les parties». Ils demandent de «mettre un terme à toutes les pratiques discriminatoires à l’encontre des Palestiniens» à El-Qods, selon la déclaration. Par ailleurs, les ministres expriment leur «pleine appréciation» et apportent leur «soutien» à l’action menée par les autorités palestiniennes en vue de mettre en place les institutions du futur Etat palestinien, faisant part de leur «préoccupation» quant à la crise financière que l’Autorité palestinienne affronte et soutenant l’organisation d’une nouvelle conférence des donateurs «au moment approprié». Dans ce cadre, ils invitent les donateurs à «rendre disponibles des aides suffisantes pour combler les besoins financiers de l’Autorité palestinienne en assurant la répartition des efforts dans ce sens». Les ministres réaffirment leur «conviction» qu’une paix durable «ne pourra être atteinte que par un règlement d’ensemble incluant les volets syro-israélien et libano-israélien». Evoquant la situation en Syrie, les ministres expriment leur «vive préoccupation face à la violence» et «continuent de soutenir» les efforts déployés par la Ligue arabe afin de «trouver une solution politique à la crise» dans ce pays.
Le groupe des 5+5 appelé désormais groupe des 10 pays du dialogue méditerranéen
Les ministres des pays membre du groupe des 5+5 ont décidé hier, lors de leur réunion à Rome d’appeler désormais ce groupe celui des 10 pays du dialogue méditerranéen, ont annoncé les chefs de la diplomatie italienne et tunisienne, MM. Giulio Terzi Di Sant’Agata et Rafik Abdessalem. «Nous avons décidé de changer l’appellation du groupe et de tenir les réunions des 10 pays du dialogue méditerranéen chaque année d’une façon régulière», ont dit les deux ministres dans un point de presse à l’issue de la rencontre. Les deux conférenciers ont également annoncé que les ministres des 10 pays du dialogue méditerranéen ont convenu de tenir leur prochaine réunion annuelle en Mauritanie, dont le représentant avait proposé sa tenue dans son pays. Ils ont par ailleurs, indiqué que les 10 pays comptent élargir le dialogue à d’autres acteurs, aussi bien nationaux qu’au sein des organisations régionales dans lesquelles ils sont représentés. Interrogé sur la position du groupe par rapport à la situation en Syrie, le ministre tunisien a annoncé que son pays allait abriter une réunion des «Amis de la Syrie», le 24 février 2012 à laquelle seront conviées toutes les parties syriennes. Sur une éventuelle intervention militaire en Syrie, M. Abdessalem a souligné que les 10 pays du dialogue méditerranéen refusaient que se répète dans ce pays le scénario irakien, pour dire qu’ils sont opposés à cette option. Sur l’immigration clandestine, les deux ministres ont annoncé que le groupe des 10 pays du dialogue reconnaissaient que ce phénomène ne préoccupait pas seulement les pays de la rive nord, mais également, ceux du sud.