Déclaration de politique générale – Commerce : ces chiffres qui contredisent le gouvernement

Déclaration de politique générale – Commerce : ces chiffres qui contredisent le gouvernement

       Contrairement à ce qui a été mentionné dans la déclaration de politique générale du gouvernement, les mesures prises par l’Exécutif dans le secteur du commerce ces dernières années n’ont pas pu réduire les importations et réguler le marché local.

Les statistiques avancées par le Centre national des transmissions et du système d’information des douanes (CNTSID), confirmées par le ministère du Commerce, contredisent le bilan présenté dans le document gouvernemental. Le Centre a, en effet, indiqué, récemment, que les importations se sont établies à 46,197 milliards de dollars (mds usd) en 2018 contre 46,059 mds usd en 2017, soit une hausse de 138 millions de dollars (+0,3%). La facture globale des importations des produits alimentaires, qui a représenté près de 19% de la structure des importations, a enregistré une hausse durant les dix premiers mois de 2018.

Le montant a atteint 7,25 mds usd entre janvier et fin octobre 2018 contre 7,12 mds usd durant la même période de 2017, en hausse de 130 millions de dollars (+1,83%), précise le CNTSID. C’est dire qu’en une année de restrictions, à savoir le régime des licences institué en 2016, l’élaboration de listes de produits interdits à l’importation, les résultats escomptés n’ont pas été réalisés. Les importations n’ont pas été réduites. Il reste à savoir si l’on concrétisera de meilleurs résultats avec l’instauration du droit additionnel provisoire de sauvegarde (Daps) dont le taux varie entre 30 et 200% de la valeur du produit importé. Le document dit qu’il a été mis en place en concertation avec les producteurs locaux. “Faux, pas tous”, relèvent de nombreux opérateurs qui avouent ne pas être associés à l’élaboration de cette taxe.

En tout cas, il est attendu que le DAPS apporte des recettes supplémentaires au Trésor public. Ces différents dispositifs visaient en principe la réduction des importations et la promotion des exportations hors hydrocarbures (EHH). Celle-ci est considérée comme le “cheval de bataille” des politiques publiques depuis plus d’une décennie et constitue un objectif stratégique au vu de la réduction des revenus extérieurs de l’Algérie, est-il précisé dans le document de l’Exécutif. Or, sur le terrain, les EHH sont encore à leurs premiers balbutiements. Leurs promoteurs sont toujours au stade de l’apprentissage.

Ce qui a d’ailleurs contraint le rédacteur de la déclaration de politique générale à ne faire mention que des facilitations accordées et des décisions de soutien prises dans ce sens. Car, le montant insignifiant des exportations en 2018, en dehors des hydrocarbures, jette à la face des responsables du secteur la réalité amère du terrain. Une autre preuve par les chiffres officiels : les exportations hors hydrocarbures sont restées marginales en représentant 6,87% du montant global des exportations, soit une valeur de 2,83 mds usd. Le seuil psychologique des 3 mds usd déclarés par les collaborateurs du ministre du Commerce pour la fin de l’exercice 2018 n’a finalement pas été atteint… Néanmoins, le gouvernement nourrit un grand espoir de l’adhésion de l’Algérie à des organismes et autres espaces commerciaux internationaux à l’instar de la Zone continentale africaine de libre-échange (ZCALE), de la Zone arabe de libre-échange (Zale) ou de la zone franche avec l’Union européenne qui sera effective à la fin de cette décennie.

Importations, exportations, marchés, zones de libre-échange, informel…, l’échec d’une politique

Or, force est de constater qu’en adhérant à ces organisations, notre pays a subi, jusque-là, un échec cuisant. Les échanges commerciaux de l’Algérie avec l’Afrique demeurent faibles puisqu’ils ne dépassent pas les 3 mds usd/an et s’effectuent avec seulement cinq pays du continent. Échaudé par les contre-performances de la mise en œuvre de l’accord d’association avec l’UE, notre pays doit, en principe, tirer les enseignements de sa présence dans ces deux espaces commerciaux arabe et africain. L’accord d’association avec l’UE n’a été, aux yeux de tous les Algériens, profitable qu’aux pays du Vieux Continent.

En effet, l’Algérie perd au change dans ses échanges avec les pays européens et arabes. La création de zones de libre-échange devrait, cependant, se faire avec des pays où les produits algériens ont plus de chance de se placer. Au registre de la régulation du marché local, l’Exécutif s’enorgueillit des mesures prises. Mais le marché demeure marqué par de récurrentes perturbations de plusieurs produits, notamment le lait, la pomme de terre…, et ce, à longueur d’année.

Le citoyen fait face à la flambée des prix alors que son pouvoir d’achat poursuit une inexorable érosion. Le gouvernement n’a également pas pu résoudre l’épineuse problématique de l’informel qui représente plus de 40% de l’économie nationale. Pour cela, l’on a projeté la réalisation de nouveaux marchés.

La concrétisation de ces projets, en revanche, accuse un retard flagrant. Le programme présidentiel 2010-2014 a prévu la construction de 1 000 marchés de proximité, de 800 marchés de détail et de 30 marchés de gros.

Cependant, le taux d’avancement de cette opération n’a pas dépassé 30%. En revanche, la seule vérité expliquée dans le document est que le déséquilibre continu de la balance commerciale impacte négativement la balance des paiements extérieurs et contribue fortement à la baisse continue des réserves de changes du pays pour s’établir à 84 milliards de dollars à fin octobre 2018.

B. K.