La Fédération nationale des associations des parents d’élèves (FNAPE) a qualifié d’irréfléchie la décision de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, d’annuler le seuil des cours pour les élèves des classes terminales devant se présenter à l’examen du baccalauréat 2015.
« En raison des grèves à répétition qui secouent le secteur de l’éducation et perturbent par voie de conséquence les cours, il est erroné de s’engager dans cette décision de limitation du seuil », a affirmé au Jeune Indépendant le président de la FNAPE, Hadj Bachir Dellalou.
Benghebrit a affirmé mecredi à Boumerdès que le seuil des cours en vigueur depuis sept ans a été officiellement annulé cette année pour « préserver la crédibilité et la valeur » de ce diplôme, soulignant que cette décision était « irréversible ». Elle a motivé sa décision par le fait que le gouvernement « entend restituer à ce diplôme la valeur qui est sienne pour qu’il soit reconnu à l’échelle internationale ».
Mais la FNAPE ne l’entend pas de cette oreille. « Nous avons clairement signifié à Mme Benghebrit qu’aussi longtemps que les syndicats de l’éducation débrayent, il est incohérent de contraindre les élèves, huit mois avant les examens, à se préparer pour un programme qui ne va pas être achevé », a indiqué M. Dellalou, précisant qu’en raison du bras de fer entre le ministère et les syndicats, le risque que tous les cours ne soient pas tous dispensés est présent.
« Il y a douze syndicats qui activent dans le secteur de l’éducation et si chacun observait une grève d’un jour seulement, les conséquences seraient désastreuses pour les élèves », a-t-il fait remarquer, ajoutant que les perspectives ne sont pas du tout rassurantes compte tenu du fait que dans quelques jours le Cnapeste va lancer une grève nationale.
Le Conseil national des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest-élargi) a annoncé, dimanche dernier, une grève pour les 8 et 9 décembre. Ce débrayage est imputé par le syndicat au non-respect des engagements pris par la tutelle et au fait que la ministre de l’Éducation continue de faire cavalier seul sans associer les syndicats.
Benghebrit avait pourtant plaidé pour un dialogue permanent avec les acteurs sociaux de son secteur. Le Cnapeste et la ministre de l’Education ont tenu le 18 novembre dernier une réunion au terme de laquelle 12 revendications ont été examinées dont la promotion des enseignants, le logement, les primes zonales, les atteintes au libre exercice syndical par certains directeurs de l’éducation de wilaya.
Pour M. Dellalou, cette situation rend impossible toute certitude quant à l’achèvement des cours prévus et de l’impossibilité des les rattraper. L’an dernier, les élèves de terminale ont observé des sit-in, y compris devant l’Office national des examens et des concours (ONEC) pour qu’un seuil des cours soit fixé en raison des séries de grèves qui ont émaillé l’année scolaire 2013-2014.
« En tant que parents, nous sommes mus par l’intérêt de nos enfants et nous savons que les cours perdus ne seront pas rattrapés », a dit M. Dellalou. « Le rattrapage est du crayon noir pour des yeux noirs « , a-t-il encore lancé, rappelant que les fédérations des parents d’élèves des 48 wilayas consignent chaque année les retards dans les programmes.
Des rapports sont ensuite transmis au ministère de l’Education pour qu’il en tienne compte et ceci sans parler du manque d’enseignants pour certaines matières essentielles. La ministre de l’Education nationale a reconnu qu’il existait un déficit en enseignants dans langues au niveau national.