À propos du possible emprunt chinois, le ministre du Commerce a fait cette judicieuse observation : “Diaboliser l’endettement extérieur est une démarche qui n’est pas sensée.”
N’importe quel “manuel des affaires pour les nuls” nous apprendrait ce fait de bon sens : on serait bien avisé de travailler avec l’argent des autres. Surtout lorsqu’on n’en a pas. Ou pas assez. Mais le même manuel enseigne sûrement que l’acquittement prématuré d’un crédit n’est pas “sensé” non plus. Cette décision augmente en général le coût de cette dette.
D’ailleurs, personne ne nous a expliqué si le pays a gagné à précipiter le remboursement de sa dette ou s’il avait quelque autre intérêt économique à cette décision. Le pouvoir s’est contenté de l’intégrer dans son discours politique comme une de ses “réalisations”. Depuis des années qu’il nous présente cette initiative comme un haut fait de gestion, il a fini par nous inculquer le culte du désendettement et son revers, le traumatisme de la dette.
Les exemples d’allers-retours sur le même thème, sans que l’on comprenne ce qui, en termes de stratégie, a changé, ne manquent pas. Ainsi, pendant de longues années, le même pouvoir s’affairait à accueillir des charters de patrons pour promouvoir sa “politique d’attractivité” envers les IDE, avant qu’en 1999, il ne proclame que le partenaire étranger devait se contenter d’une part minoritaire s’il voulait investir en Algérie. L’a priori autoritariste de la justesse du choix s’imposa dans les deux cas. Et même dans le troisième, celui où il fait d’autorité une entorse à la règle des 51/49.
Pas plus que personne ne nous explique la finalité économique ou stratégique de l’opération de rachat de la majorité de Djezzy que le gouvernement a présentée comme une priorité politique ! Ni ne nous a convaincus de la cohérence des deux décisions de cession puis de rachat de Sider, récupéré dans un état de performance moindre qu’au moment de sa “vente”.
Parfois, le pouvoir cultive une doctrine et en applique une autre. Ainsi, il entretient le culte de la concurrence dans l’octroi des marchés publics, en général, et pratique le gré à gré, en particulier, c’est-à-dire dans la majorité des cas. Ce qui lui permet d’avoir deux fois raison.
Bien sûr, en l’absence de prospective, c’est le pétrole qui décide. Quand la caisse est pleine, elle fonctionne comme un compte courant ; quand elle se vide, on tire sur le cordon de la bourse. Même avec la même mentalité rentière dénuée d’anticipation.
En plus de fonder l’échec économique que l’on sait, ce fait d’être sommé d’applaudir les décisions nécessairement pertinentes du pouvoir, dans un cas comme dans son contraire, pose un problème, non pas seulement de gestion économique, mais aussi de démocratie. Dans l’instabilité même de la décision se niche la nécessité autoritaire du régime.
M. H.