Déchéance de la nationalité aux binationaux en France : un tour de vis dangereux

Déchéance de la nationalité aux binationaux en France : un tour de vis dangereux

La France a décidé de tenter une mesure radicale qui ne manquera pas de faire jaser en France et dans les pays d’origine des binationaux. En effet, vingt quatre heures après les assurances de la ministre de la justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira, données à Alger que la déchéance de nationalité n’allait pas être étendue au binationaux, son président Hollande la désavoue publiquement.

En effet, l’extension de la déchéance de nationalité pour les binationaux, nés Français reconnus coupables de faits de terrorisme, figure bien dans le «projet de loi constitutionnelle de protection de la nation », présenté aujourd’hui en conseil des ministres. Christiane Taubira à l’origine de la rumeur sur l’abandon de cette mesure extrême se voit ainsi douchée par François Hollande qui en a fait une annonce spectaculaire lors de son discours de «guerre contre Daech» prononcé devant le Congrès réuni à Versailles, le 16 novembre dernier au lendemain des attentats de Paris.

Le premier ministre Manuel Vals a enfoncé davantage la ministre de la justice lors de sa conférence de presse estimant que la parole du président devait être respectée.

Un gouvernement, deux voix

«Comme l’a annoncé le président de la République devant le Congrès, le gouvernement a décidé de soumettre au Parlement l’extension de la déchéance de nationalité à tous les binationaux », a-t-il déclaré à la surprise générale lors de sa conférence de presse à la sortie du Conseil des ministres. Valls ne s’est pas empêché de tacler sa collègue glissant que «le respect de la parole présidentielle s’impose à tous».

Des responsables de la droite et du Front national ont appelé la ministre de la justice, Christiane Taubira, à démissionner pour avoir affirmé mardi que l’exécutif avait renoncé à étendre la déchéance de nationalité aux binationaux nés français d’autant disent certains que l’annonce a été faite à Alger, assimilée à un crime de lèse-majesté pour les nostalgiques de l’Algérie française.

«Le président et le premier ministre étaient fermement décidés à tenir bon par rapport à l’engagement fixé dans son discours au congrès », explique-t-on à l’Elysée, selon la presse.

Mais au-delà de ce lâchage public de Christiane Taubira, c’est la mesure elle-même qui suscite des réactions apeurées. «Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né français, je dis bien, même s’il est né français, dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité », avait insisté François Hollande devant le Congrès.

Hollande voudrait aux travers de cette mesure extrême réaffirmer sa «fermeté» et sa volonté de constitutionnaliser le tour de vis sécuritaire. La ministre de la justice avait rappelons le estimé à Alger être «persuadée que c’est une décision qui ne peut avoir d’efficacité dans la lutte antiterroriste au regard du type de terrorisme auquel on est confronté. En terme d’efficacité, ce n’est pas une mesure probante ».

La gauche, les communistes, l’extrême gauche et les écologistes ont d’ores et déjà critiqué cette disposition alors que le duo d’enfer Hollande-Valls, décidés à s’offrir les faveurs de la droite voire de l’extrême droite, laquelle a déjà annoncé qu’elle voterait cette disposition, surfent dangereusement sur cette vague de la peur qui pourrait provoquer des conséquences fâcheuses. Cela s’apparente à une décision administrative à des formes de terrorisme très sophistiqué. A moins que l’objectif de Hollande soit ailleurs…