Le cinéaste italien Bernardo Bertolucci est décédé hier des suites d’un cancer, à l’âge de 77 ans, à Rome. Il a marqué le septième art pendant plus de cinquante ans d’œuvres singulières comme Le Conformiste, Le Dernier Tango à Paris ou 1900.
Considéré comme «Le Dernier Empereur du cinéma italien», un titre inspiré de celui d’un de ses célèbres films, il était l’une des dernières grandes figures du cinéma italien et mondial.
Fils du grand poète italien Attilio Bertolucci, il est né à Parme en 1941. Sa vocation pour l’écriture apparaît dès l’adolescence. Sa rencontre avec le réalisateur Pier Paolo Pasolini, dont il devient l’assistant, le marque pour la vie. Il côtoie ensuite Sergio Leone, avec qui il travaille sur le scénario du Western Il était une fois dans l’Ouest. Bernardo Bertolucci réalise Prima della Rivoluzione, inspiré de La Chartreuse de Parme, en 1964, qui marque l’entrée du jeune réalisateur dans le monde du grand cinéma d’auteur.
Le Conformiste, avec Jean-Louis Trintignant, en 1970, est le récit, psychologique, intime, d’un homme qui tombe, contre toute attente, dans les pièges du fascisme. Dans la capitale française, le réalisateur tourne notamment en 1972, Le Dernier Tango à Paris qui provoque un énorme scandale en Italie, en France et dans le monde entier. En effet, les amours de Marlon Brando, un homme âgé, et Maria Schneider, une adolescente, choquent l’opinion. D’ailleurs, Maria Schneider affirmera avoir été traumatisée par la violence de certaines scènes.
En 1972, Bertolucci tourne 1900, fresque épique sur la naissance du communisme qui met, face à face, Robert De Niro dans le rôle d’un puissant et Gérard Depardieu dans celui d’un paysan. En 1987, il prend le cadre de la Chine pour raconter la vie du dernier empereur, un jeune souverain abandonné à lui-même, qui vit le désespoir au milieu du pouvoir. Bernardo Bertolucci «était un immense artiste et une personnalité hors normes qui a accompagné le cinéma italien du XXe siècle en devenant une figure majeure de son identité», ont réagi hier Pierre Lescure et Thierry Frémaux, président et délégué général du Festival de Cannes, dans un communiqué à l’AFP.
Le cinéaste italien «avait pour Cannes un lien indéfectible. Il est parti rejoindre son père Attilio, poète, et son frère Giuseppe, cinéaste, en laissant une trace ineffaçable dans l’histoire du cinéma», ont ajouté MM. Lescure et Frémaux. Bernardo Bertolucci avait présidé le jury du Festival de Cannes en 1990. Le cinéaste italien a reçu en 2011 la première Palme d’honneur de l’histoire du festival. «Brando, Depardieu, Trintignant, De Niro… Si Bertolucci a tourné avec les plus grands et les a magnifiés à l’écran, c’est parce qu’il était lui-même un géant», a estimé, pour sa part, le ministre français de la Culture Franck Riester, sur Twitter. «Il va manquer au septième art, cet art auquel il a tant donné», a ajouté le ministre français.
K. B.