Un grand ami de l’Algérie
Il a lutté durant près de deux ans contre une maladie maligne, le cancer, qui l’emporta dans la nuit de mardi. Hugo Chavez, qui révolutionna la pensée politique, a été l’un des concepteurs des passerelles dressées entre l’Amérique latine et le Monde arabe.
Le président vénézuélien Hugo Chavez est décédé dans la soirée de mardi à Caracas à 58 ans des suites d’un cancer. La mort de Chavez, si elle met un terme à quatorze ans de pouvoir «chaviste», pourrait avoir des répercussions sur le «chavisme», ce socialisme spécifique mis au point par le charismatique président vénézuélien.
Des élections anticipées sont prévues dans les 30 jours suivants la vacance de la présidence qui verra, sans aucun doute, Nicolas Maduro, vice-président et successeur désigné par le défunt chef de l’Etat, reprendre le flambeau et poursuivre la politique de socialisation entamée, depuis 2003 par Hugo Chavez. C’est de fait, le vice-président Nicolas Maduro qui eut la difficile mission d’annoncer le décès de Chavez.
Les autorités ont décrété sept jours de deuil et des funérailles nationales sont prévues demain. S’il ne fait pas de doute que Nicolas Maduro «héritier» de Hugo Chavez serait le candidat du parti au pouvoir – «Nous allons être les dignes héritiers d’un géant» a assuré en larmes le vice-président – il est tout aussi certain qu’il aura face à lui le gouverneur du riche Etat de Miranda (nord) et chef de file de l’opposition, Henrique Capriles Radonski, qui envoya un message de «solidarité» à la famille du président défunt sur son compte Twitter. «Ma solidarité à toute la famille et aux partisans du président Hugo Chavez, nous plaidons pour l’unité des Vénézuéliens» écrit-il, avant d’ajouter «Dans des moments difficiles, nous devons démontrer notre amour et notre respect profond à notre Venezuela! Unité de la famille vénézuélienne!». Battu en octobre dernier par Hugo Chavez à la présidentielle, M.Capriles, 40 ans, devrait, sauf surprise, se présenter contre M.Maduro à la mi-avril prochain. Le décès de Hugo Chavez a particulièrement affecté Cuba – Fidel Castro considère le défunt comme son «fils» spirituel – et les principaux alliés latino-américains du président vénézuélien. De l’Equatorien Rafael Correa au Bolivien, Evo Morales en passant par le Nicaraguayen, Daniel Ortega, tous ont salué la mémoire de Hugo Chavez, «Homme exceptionnel» et «perte (…) irréparable» pour le sous-continent ont-ils assuré unanimes. Il est vrai que le défunt chef de l’Etat vénézuélien a travaillé sans relâche à l’intégration de l’Amérique latine et à sa libération des multinationales comme il travailla à la récupération des richesses nationales du Venezuela aux mains des multinationales américaines. Farouche adversaire du nouvel impérialisme, Hugo Chavez a incontestablement révolutionné et donné à la lutte des peuples pour le recouvrement de leurs droits et de leurs biens une dimension internationale inusitée.
Il bouleversa de même les rapports entre les pays en développement, propriétaires d’immenses richesses énergétiques sans en posséder l’usufruit et les multinationales qui s’en sont accaparées sans que ces richesses se traduisent par un mieux-être pour les populations locales. Aussi, c’est son action à l’international qui imposa le président du Venezuela autant comme ennemi déterminé de l’impérialisme économique des grandes puissances à leur tête les Etats-Unis, que comme interlocuteur incontournable participant activement à la reprise par les peuples de leur pouvoir de décision. Avec, notamment l’ancien président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, le défunt Hugo Chavez prit part à la mise sur pied de l’association Amérique latine-Monde arabe et Amérique latine-Asie du Sud-Est. Deux organisations qui tendaient à rapprocher l’Amérique latine des mondes arabe et asiatique avec lesquels ont été tissés des liens étroits. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, ne s’y est pas trompé en mettant en exergue le fait que Hugo Chavez «est en réalité un martyr pour avoir servi son peuple et protégé les valeurs humaines et révolutionnaires», dans une lettre de condoléances aux autorités de Caracas. Même écho à Damas où l’on souligne que Chavez «a toujours soutenu les droits légitimes arabes, y compris face au complot contre la Syrie et il avait à maintes reprises exprimé sa solidarité avec la direction et le peuple syriens face à l’attaque impérialiste sauvage», indique l’agence syrienne Sana en annonçant son décès. S’il s’attaqua donc avec brio dans son pays aux monopoles, aux oligopoles et aux latifundias, Hugo Chavez a également largement influé sur le cours des relations internationales en soutenant les luttes des peuples pour leurs droits comme le droit de l’Iran, contesté par l’Occident, d’effectuer des recherches scientifiques sur ses sites nucléaires. Par sa vision novatrice des rapports entre les nations, Hugo Chavez a été en fait le leader «tiers-mondiste» le plus important de la dernière décennie. Les messages provenant de l’hémisphère Sud de la planète en attestent grandement.