Décès du colonel Sadek : Un grand Moudjahid nous quitte

Décès du colonel Sadek : Un grand Moudjahid nous quitte

Le moudjahid Slimane Dehilès, plus connu sous son nom de guerre de « colonel Sadek », (de gauche à droite sur la photo: Sadek, Abane, BenMhidi au maquis en 1956) s’est éteint presque sur les pointes des pieds samedi soir à son domicile à El Biar (Alger), à l’âge de 91 ans.

Souffrant depuis plusieurs années déjà, le défunt grand maquisard, faisait pourtant la navette entre son domicile algérois et son village natale aux Ouadhias, à Tizi Ouzou. Slimane Dehilès, « Mohand Awadhi »pour les intimes est né le 14 novembre 1920 dans la commune des Ouadhias (Tizi Ouzou). Il n’avait que 21 ans quand il fut engagé de force comme tous les jeunes algériens de l’époque dans le corps expéditionnaire français pour aller participer à la Deuxième Guerre mondiale, aux côtés des forces françaises et Alliées.

Démobilisé juste après les massacres du 8 mai 1945, pour avoir refusé d’aller combattre en Indochine, Slimane Dehilès part en France pour y travailler.

Et c’est là qu’il fera ses armes politiques contre la France, sensible au discours indépendantiste de Messali El Hadj qu’il a côtoyé dans le milieu ouvrier. C’est naturellement qu’il rejoint les rangs du MTLD où il militera jusqu’à son arrestation en 1953 par les autorités coloniales. Libéré en 1954, il rentre au pays où il rejoint sans tarder les rangs de la Révolution.

Il ne tardera pas à montrer son talent de chef de guerre. Il a en effet brillamment réussi a mener une offensive contre l’armée coloniale en 1955 en Kabylie qui a permis à ses compagnons de récupérer un bon « butin de guerre » (armes, munitions…) alors que la wilaya était pratiquement à sec. » En juin 1955, tout le monde se rendit à l’évidence que, pour avoir les armes, il fallait se bagarrer. C’est en tous les cas la conclusion à laquelle nous sommes parvenus à l’issue de la réunion de Beni Douala, qui a regroupé Amirouche, Krim, Mohamedi Saïd, Yazourène, Mira et moi-même. Quelques semaines après, on a agi en conséquence en menant une grande offensive contre l’armée française, au cours de laquelle nous avons réussi à récupérer 1200 armes, 627 millions en argent liquide et 12 millions de cartouches » racontera plus tard ce valeureux moudjahid.

Remarqué pour ses qualité de meneur d’hommes et de fin organisateur, Slimane Dehilès a tapé dans l’œil du grand Abane Ramdane, dont il est proche, et qui l’a envoyé à la wilaya IV avec pour mission d’organiser la lutte armée. Mission brillamment accomplie par Si Sadek qui accédera après ses hauts faits d’armes au grade de colonel en charge du commandement de la Wilaya IV historique, après le départ du colonel Ouamrane pour Tunis.

Un chef politico-militaire

Il effectue un voyage au Caire en compagnie de Abane, où il est reçu par Djamel Abdennasser. En tant que colonel, il participe avec 9 de ses pairs à Tunis, au remaniement des organismes extérieurs (CNRA et GPRA). Il devient membre du CNRA de 1957 à 1962. Il était aussi adjoint du chef d’état major général d’un certain Houari Boumediene. Après l’indépendance, Slimane Dehilès fut élu député de la wilaya de Tizi Ouzou. Mais n’ayant pas apprécié les manœuvres du pouvoir de l’époque, Si Sadek a participé activement à la création du FFS en 1963. Une expérience politique qui a fait long feu puisque le défunt moudjahid allait quitter le parti d’Ait Ahmed en 1965 voire le monde politique depuis. Pour la petite histoire, le regretté colonel Sadek a épousé la veuve de Abane Ramdane, Zeria qu’il vient de quitter pour l’éternité.

(Sur la photo de gauche à droite : Si Cherif (Ali Mellah), Si M’Hamed (Ahmed Boughara),Si Salah (Mohamed Zamoum), Bou Koro (Amar Ouamrane), Si Sadek (Sadek Dehilès), Si Tayeb (Omar Oussedik) ).

En reconnaissance aux sacrifices de ce grand homme, AlgeriePlus s’associe à la douleur de la famille du défunt, de celle des moudjahiddines et de toute l’Algérie qui pleure un digne fils.

Les condoléances du président de la république

Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message de condoléances à la famille du défunt moudjahid, le colonel Sadek, dans lequel il a exprimé sa compassion en cette pénible circonstance. « C’est avec une profonde affliction que j’ai appris la nouvelle du décès du compagnon d’armes le colonel Sadek, que Dieu lui accorde Sa Sainte Miséricorde », écrit le Président Bouteflika dans son message. « Le défunt a voué sa jeunesse à la libération de sa patrie du joug de l’occupation et à l’affranchissement de sa nation de l’aliénation et de l’exploitation.

Un serment auquel il demeura attaché jusqu’à son rappel auprès de Dieu en ces jours bénis de l’Aïd du sacrifice et de la saison du hadj », souligne le Président de la République. « Je prie Dieu Tout-Puissant d’accueillir le défunt dans Son Vaste Paradis, aux côtés de ceux qu’Il a comblés de Ses bienfaits et entourés de Sa grâce éternelle et d’assister sa famille et ses proches en cette pénible épreuve », poursuit le Président Bouteflika. « C’est avec un cœur résigné devant la volonté de Dieu que je présente mes condoléances à la famille, aux proches et aux compagnons d’armes du défunt « , conclut le Président de la République.