Décès de Warda El-Djazaïria à l’age de 72 ans la diva s’en va

Décès de Warda El-Djazaïria  à l’age de 72 ans la diva s’en va

Condoléances du Président Bouteflika à la famille de l’artiste

“La diva de la chanson arabe vouait un amour sacré pour sa patrie”

Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message de condoléances à la famille de la chanteuse Warda El Djazaïria. Le message du chef de l’Etat s’ouvre par cette évocation: «Sawt Younadi Ouhibouki ya biladi» (Une voix s’élève pour dire je t’aime ô mon pays), des paroles chantées par la diva de la chanson arabe qui auront couronné sa longue carrière artistique et consacré les derniers vers dédiés à sa patrie qu’elle a tant aimée», écrit-il. «Ouarda a été rappelée à Dieu alors qu’elle s’apprêtait à célébrer aux côtés de ses concitoyens et concitoyennes le cinquantenaire de l’indépendance et à y apporter sa contribution par ses créations sublimes, comme elle a eu à le faire durant la guerre de libération par son aide au FLN et aux représentations du gouvernement provisoire, notamment au Liban», écrit encore le Président. Le Président de la République poursuit: «La défunte a consacré toute son existence à son art, cet art qu’elle aura entièrement dédié à sa patrie. Elle chantera son pays à travers le monde et fera entendre la voix de sa patrie dans toutes les arènes de l’art, un don de soi qui scellera sa grandeur d’âme». «Warda est décédée en Egypte loin de sa patrie. Elle a certes passé sa vie au Caire où elle a gravi les marches de la gloire et côtoyé de grands artistes mais elle sera inhumée dans son pays, celui auquel elle aura voué un amour sacré avant de rejoindre l’Eternel», ajoute le Chef de l’Etat. «En cette douloureuse circonstance, je prie Dieu Tout-Puissant de lui accorder Sa sainte miséricorde, de l’accueillir en Son vaste paradis et d’assister les siens ainsi que la famille artistique dans cette épreuve», conclut le Président Bouteflika dans son message.

M. Ahmed Ouyahia, Premier ministre :

“Une grande perte

pour l’art authentique arabe”

Le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, a adressé hier un message de condoléances à la famille de la chanteuse Warda El-Djazaïria, décédée jeudi soir au Caire, dans lequel il écrit que «la disparition de cette diva constitue une grande perte pour l’art authentique arabe». «C’est avec une profonde affliction que j’ai appris la nouvelle du décès de Warda El-Djazaïria, cette grande diva de la chanson dont le départ constitue en soi une grande perte pour l’art arabe authentique, algérien en particulier », écrit M. Ouyahia dans son message. «On ne peut que ressentir une profonde tristesse suite à la disparition de cette diva au talent vrai et avéré, elle qui a chanté à la gloire de la patrie avant de faire la grandeur de la chanson algérienne et arabe et la hisser aux plus hauts sommets de la créativité», a-t-il ajouté. «Le destin a voulu que cette belle voix se taise au moment où l’Algérie s’apprête à célébrer le 50e anniversaire de son indépendance, d’autant que la défunte a toujours été au rendez-vous des grands événements nationaux», a encore ajouté le Premier ministre. «En cette douloureuse épreuve, je vous présente, à vous ainsi qu’à tous les admirateurs de la défunte, mes condoléances les plus attristées et vous assure de ma profonde sympathie, priant Le Tout-Puissant de lui accorder miséricorde et clémence et de l’accueillir en Son vaste paradis», conclut M. Ouyahia dans son message.

Mme Khalida Toumi :

“L’une des plus belles voix

d’Algérie et du monde arabe s’est tue”

“L’une des plus belles voix d’Algérie et du monde arabe vient de se taire à jamais», a écrit la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, dans un message de condoléances, à la suite du décès jeudi au Caire de la chanteuse Warda El Djazaïria. «Warda El Djazaïria nous a quittés ce jour en laissant derrière elle un silence assourdissant et une profonde tristesse», poursuit Mme Toumi qui exprime à la famille de la défunte son «immense peine» et sa «grande affliction». La chanteuse, dont la dépouille a été rapatriée de la capitale égyptienne hier vendredi, sera enterrée aujourd’hui au cimetière d’El Alia à Alger.

Ses spectacles en Algérie étaient de grands événements

Une voix lumineuse

Elle a chanté et aimé son pays jusqu’à son dernier souffle. «Mazalnawagfine», aura été son ultime offrande à l’Algérie. Un hymne à l’Algérie. «Une voix appelle, je t’aime ô mon pays» chantait Warda El Djazaïria avec sa voix si belle et si mélodieuse qu’elle se fraye une place de choix dans le cœur des mélomanes et de ses milliers de fans. On ne prête pas oreille facilement à ce genre de chants que lorsqu’ils sont empreints d’une charge patriotique mais surtout lorsqu’ils sont interprétés par des voix qui sont en mesure de donner un souffle, une épaisseur et une émotion. Warda faisait partie de ces exceptionnelles icônes de la chanson, un art qu’elle a adopté dès son jeune âge et qu’elle a manié à la perfection durant toute sa longue carrière, une carrière remarquable jalonnée de succès retentissants dans le monde, notamment dans les pays arabes.

Warda El Djazaïria née en 1939 à Puteaux, France, d’un père algérien et d’une mère libanaise a évolué dans l’atmosphère des spectacles et de la chanson dans un établissement artistique du Quartier latin que tenait son père. Elle est bercée par les chansons orientales et reprenait déjà des succès des grandes stars de l’époque. Au déclenchement de la guerre de libération nationale, ce sont les chansons patriotiques qui orienteront ses premiers pas. A peine âgée de onze ans, elle chantait déjà des titres du répertoire de la Révolution algérienne. Son premier cri, pourrait-on dire, était de chanter l’Algérie au combat pour son indépendance, son dernier opus sera aussi consacré à l’Algérie.

Warda El Djazaïria, comme à son accoutumée, avait rendez-vous avec son pays, l’Algérie, à des dates précises, les grandes célébrations de l’Algérie indépendante, les grands événements nationaux et elle devait encore une fois, selon certaines sources, marquer de son talent avec une œuvre, la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.

Le lien ombilical avec l’Algérie et la fibre patriotique de Warda El Djazaïria sont avérés. En femme qui a toujours su prendre ses responsabilités et assumer ses actes et ces décisions dans des moments cruciaux de sa vie privée et artistique, Warda aura prouvé durant toute sa carrière son penchant pour l’art de la chanson et pour l’Algérie.

Qu’on en juge ! Elle avait décidé de passer outre le veto de son premier mari en 1972 pour répondre à l’invitation du Président Houari Boumediène de participer aux célébrations du 10e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Warda chantera admirablement «Min Baîde», une magistrale œuvre. Sa prestation reste gravée dans la mémoire des Algériens. D’une part, elle marque le retour triomphal de cette diva de la chanson dans la sphère artistique après un break qui aura duré une dizaine d’années, d’autre part, elle marquera à jamais les esprits de ses fans par le fait qu’elle place l’Algérie au-dessus de toute autre considération. Elle divorcera pour chanter lors du 10e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.

Elle avait conquis le monde arabe avec son immense répertoire et les Algériens reconnaissants pour son immense talent et pour son patriotisme lui ont toujours réservé un accueil des plus chaleureux à chaque fois qu’elle crée l’événement lors de ses galas à travers le pays. Le monde artistique perd une immense artiste, une icône de la chanson, une des grandes voix…

Abdelkrim Tazaroute

LA CANTATRICE DU MAGHREB ET DU MACHREQ

La chanteuse algérienne Warda el Djazairia est décédée en fin d’après-midi du jeudi au Caire des suites d’une crise cardiaque. La nouvelle est tombée comme un couperet, même si l’on savait déjà que sa santé était fragile. La cantatrice était attendue pour la célébration du Cinquantenaire de l’Indépendance nationale. Dans ce cadre, elle s’est récemment associée à l’opérateur de téléphonie mobile Nedjma pour un clip patriotique (Mazal waqfine) la mettant en scène avec les habitants de la petite localité de Sidi Ghilès, près de Cherchell (Tipasa). Talentueuse interprète, celle que les musicologues qualifient de Sayyidat At-Tarab el Arabi (La Grande Dame du chant arabe arabe) a eu un parcours exceptionnel. De la légende qui vient de nous quitter, ici seulement quelques repères.

De son vrai nom Fettouki, elle naquit le 22 juillet 1939 à Puteaux près de Paris (France), d’un père algérien (Mohamed Fettouki) originaire de Souk Ahras et d’une mère libanaise. Gérant d’un foyer d’ouvriers à Boulogne-Billancourt qui devient dès 1936, un des centres d’activités de l’Etoile Nord-africaine, le père sera ultérieurement le propriétaire du «Tam Tam», cabaret du Quartier Latin dont Warda sera la vedette et qui sera également le centre d’activité du FLN, jusqu’à sa fermeture en 1958, date de l’exil de toute la famille.

A l’école la plus authentique

Sa mère, issue d’une grande famille musulmane de Beyrouth, avait appris à la jeune fille tout ce qui compte dans la chanson libanaise. C’est dire que son goût pour la chanson moyen-orientale était formé à l’école la plus authentique, la tradition orale. Fillette, elle chantait déjà des chansons de Mohamed Abdelwahab et de Farid El Atrache. Sa carrière débute très tôt (onze ans) comme présentatrice de l’émission enfantine qu’Ahmed Hachelaf produisait pour la RTF en 1951. Chaque jeudi, elle devait présenter cette émission et chanter une chanson pour son jeune auditoire. Le succès était tel que, beaucoup de compositeurs s’étaient intéressés à elle et lui avaient fait des chansons adaptées à son âge. Zaki Khraief lui avait fait Ya Mrawwah labladi, Jamoussi Ya bladi ya bladi, Rédha el Kalaï Ya habib el qalb, Saber es-Safh Min Allah. Les succès obtenus par la jeune Warda auprès des auditeurs avait fait que, le disque aidant, sa renommée avait atteint le monde entier.

Des chansons patriotiques dès 14 ans

Dès 1954, année du déclenchement d la Révolution algérienne, âgée de quatorze ans, elle interprétait des chansons patriotiques telles que Ya habibi ya moudjahid (O Ami O Combattant) ; Bladi ya bladi (O mon pays), Ya mrawwah labladi (Toi qui retournes au pays). En 1958, la guerre atteint son paroxysme à Paris, elle est contrainte avec toute sa famille de se réfugier au pays de sa mère, Beyrouth, où elle continue à interpréter des chansons militantes, en particulier, Djamila, dédiée à la résistance féminine en Algérie, Ana Min al Djazaïr, Ana Arabia (Je suis d’Algérie, je suis Arabe). Le talentueux compositeur Riad Sombati qui n’avait entendu sa voix que sur les ondes égyptiennes, qui transmettaient alors Djamila chantée au Festival de Damas, va composer pour Warda, la musique de deux poèmes d’un auteur algérien, Salah Kharfi, dédiés à la lutte de libération : Essaïdoune (Pour les Maquisards) et Nidaou Adhamir (L’appel de la conscience). Quand elle arrivera au Caire en 1960, elle trouve Sombati prêt à l’aider et lui composera encore des chansons sur des paroles d’un auteur égyptien : Ana Houria, Ana Bendahlek (Je t’appelle ô Liberté) et, en l’honneur de la Palestine Dalia Djamila ainsi que la pièce musico-théâtrale Alikhwa athlatha (Les Trois frères de Dir Yassine). En 1961, elle participe à deux opérettes aux côtés des chanteurs et chanteuses Nadjat Es-Seghira, Abdelhalim Hafed, Sabah, Chadia, Mohamed Kendil etc. : El Watan el Akbar dédiée à la Patrie arabe et où Warda interprète la partie consacrée à l’Algérie et aussi El Djil Essaed (La génération montante). Et c’est avec ce passé de militante qu’elle est devenue Warda el Djazaïria.

Les retrouvailles avec le pays

Quelques mois après l’indépendance, elle retrouve son pays, un pays qu’elle ne connaissait pas. En 1963, elle se marie à Alger, avec Djamel Kesri et, à la demande de son mari, Warda disparaît totalement de la scène musicale pour se consacrer à sa famille. Dix ans de silence ! Silence mal supporté. Elle continue à chanter pour elle-même, ses enfants et quelques amis, mais sa carrière semble définitivement enterrée. Arrivent en 1972, les fêtes commémoratives du 10e anniversaire de l’Indépendance. Le président de la République, Houari Boumediene, lui demande alors de chanter à cette occasion. Elle accepte, ce qui va disloquer son foyer. Selon ses propres termes, elle avait besoin de la musique comme de l’air qu’on respire et son choix était fait. Pour l’accompagner, on fait venir d’Egypte l’orchestre d’El Massia auquel viendront s’ajouter quelques musiciens algériens. Elle interprète une nouvelle composition de Baligh Hamdi qu’on fait venir pour l’occasion : Ad’ouka ya Amali (Je t’en supplie, Ô mon espoir) sera la chanson du come-back de Warda sur des paroles de Salah Kharfi. Elle donne deux concerts, le premier le 5 juillet et le second le 1er Novembre.

L’accueil du public est triomphal. En décembre de la même année, elle part au Caire où elle est bien accueillie mais on lui donnait des cachets dérisoires. Sa chance réside dans le fait qu’elle travaille dès son arrivée avec des compositeurs consacrés : Sombati bien sûr mais aussi Kamel Ettawil, Sayyed Mekkaoui, Hilmi Bakr, Amar Ech-Charfi sans oublier Mohamed Abdelwahab. Très vite, elle se hisse au tout premier rang des vedettes arabes avec El Ouyoune Essoud (Les Yeux noirs), Khallik Hina (Reste auprès de moi) et d’autres chansons que lui composait Baligh Hamdi qu’elle venait d’épouser. Elle tourne deux films : Sawt al Hob (La voix de l’amour) et Hikaïti maâ Azzamane (Mon histoire avec le destin), deux films dans lesquels elle interprète des chansons de Abdelwahab, de Kamel Ettawil, Mohamed El Moudji et de son mari Baligh Hamdi.

Une manière très personnelle de chanter en transcendant les frontières

Sans doute pour mieux situer la cantatrice, il faudrait insister sur la manière très personnelle qu’a Warda de chanter de façon souple et sinueuse autour de structures sous-jacentes précises et aussi sur sa tendance à prendre de plus en plus de risques, à les assumer et à les dépasser. Elle est la seule interprète arabe à pouvoir dépasser les frontières linguistiques et musicales du monde arabe : sa formation musicale, ses origines mêmes, la mettent en mesure d’interpréter à la perfection toutes sortes de folklores arabes, de pays aussi différents que ceux du Golfe ou ceux qui bordent la Méditerranée ou l’océan Atlantique. Ses possibilités sont apparentes dans ses chansons d’après 1972 et son influence personnelle est très sensible dans les compositions de Baligh Hamdi : on y trouve du flamenco, de l’Oranais, du chaoui, des vocalises andalouses selon les plus belles traditions et la puissance vocale du Sahel tunisien. Depuis son retour à la carrière musicale, il ne se passe pas un an sans que Warda ne produise quatre ou cinq albums, si bien qu’elle se retrouve avec un répertoire énorme. Le 7e Art l’accapare le temps de cinq comédies musicales dont Ah ya leïl, ya zamane (Quelle nuit, quelle époque !) avec Rochdi Abaza. Puis elle se tourne vers la télévision qui l’emploie dans des feuilletons « mélos » diffusés à 19 h. Le plus populaire est Pétales de roses, réalisé en 1975 par Wagdi el Hakim, ex-speaker de radio, et narrant les problèmes d’une femme divorcée qui se voit confisquer, ainsi va la loi égyptienne, son fils dès qu’il a atteint l’âge de 11 ans.

Elle n’éprouve aucun mal à incarner un rôle qui semble épouser les contours de sa vie personnelle. Au cours de la même année, l’Egypte plus que bouleversée, perd la plus représentative de ses voix : Oum Kaltoum, vénérée comme jamais personne ne le fut. Une fois le deuil digéré, on compte sur Warda, pour porter le flambeau et se muer en réplique exacte de la défunte, rude succession qu’elle assumera sans rien céder de sa personnalité et de sa vision novatrice de la musique. Deux ans plus tard, pourtant au sommet de sa gloire, Warda profondément affectée par son divorce avec Baligh Hamdi (1978), son second époux, part se réfugier dans son pays. L’éclipse sera de courte durée et elle surmonte toutes les épreuves grâce à l’appui de son extraordinaire public. Elle repart avec Fiyoum wa lila.

Depuis, elle n’arrête pas de chanter un peu partout dans le monde et de collectionner les disques d’or. En dépit de la concurrence féroce de la belle Syrienne Mayada el Hanaoui ou de la jeune marocaine Samira Saïd, Warda occupera toujours une place particulière au sein du panthéon musical arabe, à côté des plus grands. Elle a conservé, en grande dame lucide, sa simplicité, son amabilité et son franc-parler. Depuis 1990, elle affirme aspirer à une musique davantage dépoussiérée, déplore les enregistrements émaillés d’applaudissements illusoires, rage contre les préjugés qui empêchent de chanter le quotidien dans sa nudité et entend se rapprocher de ses racines maghrébines sans jamais rompre avec le cinéma (Lih ya Dounya, 1994).

La reine du tarab

Celle qui est considérée comme la reine du tarab – un des styles musicaux les plus authentiques, basé sur le registre émotionnelle – sort, en 1994, à Paris, au Club du Disque Arabe, le volume III d’un concert enregistré à Alger, en 1972, à l’occasion du Xe anniversaire de l’indépendance qui immortalise son grand retour sur la scène musicale, sans pour autant se momifier. Elle essaiera de se renouveler en s’adressant cette fois-ci à un public de jeune : Bahr el Hob traduit parfaitement cette orientation. Son parcours étant une suite de disparitions et de réapparitions, confrontée à de graves problèmes de santé, un cœur fragile qu’il faut opérer et puis avec le début des années 2000 une lourde intervention chirurgicale, une fois sa convalescence finie, la voilà de nouveau de retour… toujours aussi triomphale et étonnante. Sa santé s’améliorant, elle décide de faire son come-back et de renouer avec les enregistrements. Le 1er novembre 2004 à Alger, elle remonte sur scène avec une chanson écrite en hommage à l’Algérie. Ce jour-là, le Président Bouteflika lui a décerné la médaille d’ordre national du mérite. Deux ans plus tard, elle revient avec Han al Awan (Le temps est venu), le feuilleton et l’album (2006). Le feuilleton est programmé par l’ENTV durant le mois de ramadhan (octobre 2006) à 17 heures. Ainsi après Awraq el Ward dans lequel elle joua aux côtés du grand comédien Omar el Hariri, elle renoue avec l’interprétation en jouant le rôle principal dans le feuilleton, histoire d’une grande chanteuse éprise d’art authentique, la soixantaine entamée qui revient au chant après une longe éclipse tout en découvrant de jeunes talents dans le monde de la chanson pour les propulser au devant de la scène et les aider à concrétiser leurs rêves. L’album de ses nouvelles chansons est sorti au même moment au Moyen-Orient. Après l’énorme succès qu’elle a obtenu à Baalbek en 2005, elle revient en 2008, pour interpréter à ses fans de par le monde, ses titres les plus connus accompagnée par l’orchestre «Majed Serour» et un nouveau titre : Al dhamir Al Arabi (La conscience arabe).

Une interprète exceptionnelle

Son répertoire alternant, au gré de l’actualité, mélodies d’amour et chants patriotiques, comprend plus de 300 chansons. En cinquante ans de carrière (1957-2007), Warda a vendu plus de 20 millions d’albums. Exceptionnelle interprète arabe, Warda eut un parcours à la mesure de son appartenance au patrimoine universel, tout en symbolisant la complémentarité entre le Maghreb et le Machreq, les deux versants du Monde arabe.

A. C.

Discographie sommaire :

Aho Da El Kalam, Allah Yegazek, Ahebak Foq Ma Tetsaoar, Aergaa Le Hayatak, Aayza Aheb, Batwanes Bek, Bawadaak, Awsefak, Ana Lya, Men Ghaerak, Ana Aarfa, Benkhaf Min El Ain, Fain Ayamak, Eshtrony, Enta hyna, El Remsh, El Loom Alyna, Hekayte Maa El Zaman, Haramt Ahebak, Gawabaty, Garab Nar El Ghera, Farq El Seneen, Hobak Addar, La Tewadaany Habeby, Kol Ateba El Alb, Hobak Wasal Madah, Hobak Salehny, Nar El Ghera, Menak Le Lah, Men Radak Rodoh, Mehtagalak, Mawasem, Mallit Min El Ghorba, Ma Testahelch, Low Mehtagle, Low Kan Alaya, Lola El Malama, Wahda Be Wahda, Tabaan Ahbab, Tab Wa Ana Maly, Sotak Nadany, Salam El Ahbab, Sahe El Nom Ya Alby, Welad El Halal, Wahshtony, Ya Leil Taol, Ya Leil, Ya Khosara, Zarny Fil Doha, Yal Habeb, Yah Al Donia, Ya Sidi, Dandana.

Réactions d’artistes

Warda El Djazairia tire sa révérence et le monde artistique est bouleversé par la triste disparition de celle qui a enchanté des générations de mélomanes férus de sa belle voix, amoureux de son talent inaltérable. Warda, l’Algérienne jusqu’au bout des ongles a quitté presque sur la pointe des pieds, son nombreux public, non sans laisser un souvenir impérissable de son brio sur scène, de son élégance toute féminine, et de son répertoire artistique et lyrique incontestable. Elle ne sera plus présente dans nos cérémonies et festivités nationales mais sa présence ne s’effacera jamais des cœurs et de l’esprit. En témoignent toutes ces démonstrations d’amitié, de reconnaissance et de gratitude que noua avons recueillis auprès d’artistes absolument peinés et éplorés par la triste nouvelle. Chapeau bas à l’artiste.

Saloua : « Warda, un bouquet conçu

de plusieurs qualités »

C’est une très haute stature du monde artistique arabe. C’est une très grande chanteuse dans le monde arabe et même en Europe. Elle a eu un parcours très honorable. Elle a honoré son pays d’abord par son nom « El Djazairia » puis par ses chansons patriotiques. Elle avait une voix superbe. C’est une femme qui avait des principes. Son pays, l’Algérie passait avant tout, pour elle. Bien qu’elle habitait en Egypte, son cœur était toujours en Algérie. Je trouve que nous avons perdu une grande cantatrice de la chanson arabe qui a donné beaucoup pour la musique algérienne et arabe d’une manière générale. J’ai eu l’occasion de la connaître dans des cérémonies, où j’ai toujours trouvé que c’est une dame modeste avec un grand sens d’humour. Elle était un bouquet conçu de plusieurs qualités. C’est une grande perte pour la chanson arabe. Le suis vraiment affectée et triste par sa disparition.

Abdelkader Bendamache, musicologue

Je considère Warda comme étant l’une des figures les plus marquantes de la musique arabe. Depuis Oum Kaltoum on a que ce nom qui est aussi algérien et dont nous sommes vraiment fiers. Elle a toujours était présente lorsqu’il fallait chanter l’Algérie même durant la Guerre de libération. Elle a fait une tournée arabe pour chanter la cause algérienne. Elle a aussi fait plusieurs galas au cours de cette période en faveur de la cause algérienne dans les années 58-59. Par la suite elle se marie avec un officier de l’armée algérien qui l’oblige à choisir entre sa vie d’épouse et chanter pour son pays, mais Warda a choisi de divorcer et de chanter pour l’anniversaire de l’indépendance de son pays. Dernièrement, avec les événements de l’Algérie-Egypte, plusieurs personnes ont osé dire qu’elle na pas soutenu son pays, et je tiens vraiment à précisé le contraire de ce qui a été dit au point qu’elle a été boycottée par les médias égyptiens, comme il l’ont fait d’ailleurs plusieurs fois auparavant quant elle prenait position pour l’Algérie. La meilleure des preuves c’est qu’en 1998 elle chante le style chaâbi pour dire et montrer son amour pour l’Algérie avec un immense clip, en plus de cela le dernier qu’elle vient de faire Mazalna wakfine qui montre qu’elle est toujours debout et présente pour son pays.

Noureddine Belghali,

chanteur, auteur et compositeur

Je peux vous dire que Warda El Djazairia est un pilier de la chanson arabe qui a marqué tous les temps. Ils l’ont nommée « Amirate tarab el arabi » et elle l’est vraiment. Elle a côtoyé les plus grands noms de la musique arabe telle que Balighe Hamdi, Riad El Sambati, Mohamed Abdelwahab, Abdelhalim Hafed… et bien d’autres artistes de renom qui ont marqué la scène musicale arabe. Elle a beaucoup donné pour son pays à travers le chant patriotique démontrant ainsi son nationalislme et son grand amour qu’elle avait pour son pays, même dans les périodes les plus difficiles elle n’a jamais raté l’occasion de venir chanter et célébrer l’anniversaire de l’indépendance de son pays. Nous ne pourrons jamais l’oublier. Nous avons toujours eu un grand respect et un grand amour pour elle et pour ses chansons.

Mohamed Mokhtari, violoniste

J’ai connu Warda depuis mon jeune âge. J’ai travaillé avec elle dans plusieurs galas en France dans le restaurant nommé « Tam Tam » de Paris qui appartenait à son père, et nous avons côtoyés les grands artistes arabes et européens qui fréquentaient le lieu. Je l’ai beaucoup accompagné dans son travail et m’appréciait beaucoup. Elle était une sœur, une mère, une amie… elle était tout pour moi. J’ai passé avec elle les plus beaux et meilleurs moments de ma vie qui me marquent jusqu’à présent, mais mon plus beau souvenir c’est l’enregistrement qu’on a fait à Paris avec la chanson Ya m’raweh lablad salamni Alihoum. Cette chanson m’avait beaucoup touché à l’époque et que je garde précieusement en mémoire. C’est une grande dame et une grande artiste. Elle a toujours donné le meilleur d’elle-même pour honorer son pays partout dans le monde. C’est une grande personnalité de la chanson arabo-algérienne.

Propos recueillis par Kafia Ait Allouache

Le ministre égyptien de la Culture présente ses condoléances aux peuples algérien et égyptien

Le ministre égyptien de la culture, Mohamed Sabar Arab a exprimé sa profonde tristesse à la suite de la disparition de la grande artiste algérienne Warda El Djazairia et présenté ses condoléances aux peuples algérien et égyptien. M. Sabar Arab a déclaré à la presse que la Diva de la chanson arabe était « une partie » de l’Egypte depuis l’époque du feu président Jamal Abd El Nasser et de la génération qui a apporté une grande tournure à la conscience arabe et a « joué un grand rôle et a concrétisé la relation entre l’Egypte et l’Algérie ». Pour sa part, le Doyen des musiciens égyptiens Aymen el Bahr Darwich à déclaré que le syndicat des musiciens va honorer la défunte au regard de sa grande histoire artistique et musicale qui a enrichi la vie musicale en Egypte et dans le monde Arabe. Plusieurs autres artistes égyptiens et arabes, dont le grand compositeur Hilmi Bakr, la chanteuse Samira Said, ont exprimé leur tristesse quant à la disparition de la Diva de la chanson arabe.

La grande diva s’est éteinte Warda nous laisse sans voix

La grande diva de la chanson algérienne Warda el Djazaïria vient de s’éteindre des suites d’une longue maladie pour reprendre la formule désormais consacrée. Chanteuse au long souffle, bien servie par des textes de haute voltige signés tantôt Baligh Hamdi, tantôt Mohamed Abdelouahab, outre les fréres Rahabani, la célébre cantatrice à la voix chaude et sublime aura marqué son époque et plus d’une génération. Loin de la chansonnette et tous ces airs vieillots qu’on sifflote lorsque le stress se fait pesant, ses chansons dont la thématique est centrée sur l’amour, la mort et tout ce qui fait la raison d’être des créatures dans un monde qui ne lui a pas toujours souri. Et ce malgré cette devanture volontiers affichée de femme épanouie, sûre d’elle-même et surtout de son art. Son répertoire est si fécond qu’il paraît difficile pour le moins de s’attarder sinon retenir une de ses oeuvres en particulier. Je ne sais trop pourquoi d’ailleurs je la préfère pour ma part, sur le versant et registre patriotique. L’entendre chanter l’Algérie qu’elle chérissait tant et qu’elle ne manquait jamais d’évoquer sous toutes les latitudes où elle avait eu à se produire, est un régal et un pur moment de bonheur. Non point au demeurant que sa voix si prégnante ne sonnait pas juste lorsqu’elle investissait un autre champ mais bon à chacun son truc. Et comme ses multiples fans et admirateurs d’ici et d’ailleurs l’aimaient et l’adoraient dans son « entièreté », inutile donc de ne pas rallier la loi de la majorité et surtout celle du talent connu et reconnu sous toutes les latitudes. Il faut reconnaître aussi que la diva avait une présence scénique extraordinaire tant elle « remplissait l’œil » et l’âme sans forcer son talent qui plus est. Tout comme on l’imaginait mal chanter un autre registre que le charqui dont elle épousait parfaitement et le côté langoureux et le souffle surtout. En tout cas sa disparition toujours prématurée pour ceux qu’on aime et admire parce qu’ils nous auront apporté ici-bas ne serait-ce qu’une parcelle de bonheur dans un monde où le malheur se conjugue hélas au présent, laisse un grand vide difficile à combler. Malgré tous les nouveaux moyens technologiques qui permettent désormais de préserver la mémoire. Repose en paix Warda en cette inéluctable nouvelle demeure et n’oublie surtout pas de continuer à illuminer notre humble destinée de ton génie.

A. Zentar