Le décès lundi dans un hôpital parisien du monument de la chanson kabyle Cherif Kheddam est une immense perte pour le paysage culturel algérien, ont estimé mardi dans la capitale française des artistes ayant côtoyé le chantre de la musique kabyle de l’exil.
Pour le chanteur kabyle Lounis Ait Menguellet, le décès de « Da Cherif » est une perte tant pour les artistes comme lui que pour le paysage culturel algérien.
« Feu Cherif n’a jamais cessé de produire malgré sa longue maladie qui a fini par l’emporter. En plus d’avoir été un grand artiste, +Da Cherif+ était un exemple de sagesse, de probité et de grande tolérance », a-t-il indiqué à l’APS.
Cherif Kheddam, en plus de ses talents de chanteur-compositeur, est connu pour avoir lancé et encadré, grâce à son émission, « Ighennayen Uzekka- les chanteurs de demain », qu’il animait à la chaine II kabyle dans les années 1960, des grands noms de la chanson kabyle dont Idir, Aït Menguellet, Malika Domrane et autre Nouara. C’est d’ailleurs par cette émission que le défunt sera connu et hautement apprécié pour avoir déniché des talents, conseillé et encouragé les nouveaux venus au monde de la chanson.
C’est l’un des souvenirs « indélébiles » que Lounis Ait Menguellet dit garder dans son esprit. « L’héritage qu’il nous laisse (compositions et chansons) nous console de sa disparition », a confié l’auteur d’Asfru.
Pour l’auteur-compositeur Kamel Hamadi, le décès de Cherif Kheddam est à la fois la perte d’un ami et d’un compositeur aux « valeurs intrinsèques ». « Nous avons travaillé ensemble pendant 55 ans, notamment en France. Je garderai toujours de lui l’image d’un homme simple, sage et disponible », a-t-il témoigné.
Hamadi, établi depuis quelques années en France, dit se rappeler de ce jeune homme qui venait d’arriver en France (1947) et qui a appris, sur le tas, le solfège avec Mohamed El Djamoussi dont la rencontre lui permettrade s’imprégner de la musique orientale qu’il couplera aisément et avec beaucoup d’adresse avec la musique kabyle.
Il évoque aussi les nombreuses fois où il a eu l’insigne honneur de diriger l’orchestre que Kheddam avait monté en France. « Nous étions liés comme des frères et nous étions surtout disponibles l’un pour l’autre, en dépit des vicissitudes de l’exil. C’est ce qui faisait notre force, à l’époque », ajoute Kamel Hamadi, d’une voix étouffée. Selon ses proches, un recueillement à la mémoire du défunt est prévu mardi entre 16 et 17h15 au funérarium du Père Lachaise, sur le boulevard Ménilmontant, dans le 20eme arrondissement de Paris.
La levée du corps aura lieu jeudi à 10h00 et la dépouille mortelle sera rapatriée le jour même, pour être inhumée le vendredi à Ait Boumessaoud, village qui a vu naitre le chanteur Kheddam, le 1er janvier 1927. Cherif Kheddam était père de quatre enfants, trois garçons et une fille.(