Décès de Fadéla M’Rabet : une voix algérienne, savante et militante, s’éteint à Paris [1936-2025]

Décès de Fadéla M’Rabet : une voix algérienne, savante et militante, s’éteint à Paris [1936-2025]

Fadéla M’Rabet, femme aux multiples combats, s’est éteinte ce mercredi 14 mai 2025 à Paris. Écrivaine, chercheuse en biologie et figure majeure du féminisme algérien, elle laisse derrière elle une œuvre riche et un héritage indélébile.

Née en 1936 à Skikda, Fadéla M’Rabet grandit dans un environnement familial progressiste. Son père, homme éclairé et formé à l’Institut d’Al Zeitouna en Tunisie, est un défenseur de l’éducation et de l’égalité entre les sexes, bien avant que cela devienne un enjeu public.

Sa grand-mère, Djedda Djemaa, une figure respectée et indépendante, incarne également un modèle de féminité forte et émancipée. C’est dans ce cadre où tolérance et rationalisme se rencontrent que Fadéla forge son identité. Elle écrira d’ailleurs sur cette période de sa jeunesse dans Une enfance singulière, un ouvrage où elle évoque avec sensibilité et poésie son milieu familial.

Dr M’Rabet : une scientifique algérienne engagée s’éteint à l’âge de 89 ans

Formée à l’université de Strasbourg dans les années 1950, Fadéla M’Rabet obtient un doctorat en biologie, un parcours rare pour une Algérienne de sa génération. Spécialisée en embryologie, elle intègre après l’indépendance la faculté d’Alger comme enseignante-chercheuse.

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Exilée en France en 1971 pour ses prises de position politiques, elle poursuit sa carrière médicale à Paris. Elle devient maître de conférences à l’hôpital Broussais-Hôtel-Dieu. Tout en continuant ses recherches. Son travail scientifique, bien que moins connu que son militantisme, témoigne de sa rigueur intellectuelle et de sa soif de connaissance.

Les œuvres de Fadéla M’Rabet : une plume au service des femmes et de la science

Son engagement pour l’émancipation des Algériennes s’appuie sur une approche rationnelle, nourrie par sa formation scientifique. Dans La Femme algérienne (1965), elle analyse les inégalités avec la précision d’une chercheuse. Démontrant comment le patriarcat entrave le développement social.

Même dans ses écrits littéraires, comme Le Muezzin aux yeux bleus (2008), elle mêle souvenirs personnels et réflexions sur la place des femmes dans la société. Avec la même exigence de vérité que dans ses travaux universitaires.

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En somme, Fadéla M’Rabet n’était pas seulement une voix militante. Elle incarnait la synthèse entre science et engagement.

Aujourd’hui, son message résonne plus que jamais. L’émancipation des femmes passe par l’éducation, la connaissance et le refus des dogmes. Médecin, chercheuse, écrivaine, Fadéla M’Rabet restera un modèle de résistance et d’intégrité.