Décédé il y a 39 ans des suites d’une maladie rare : Houari Boumediene fascine toujours

Décédé il y a 39 ans des suites d’une maladie rare : Houari Boumediene fascine toujours

Discret, mais efficace, réservé, mais volontaire, humain, mais autoritaire, ouvert, mais exigeant, prudent dans l’audace, il travaille avec acharnement. Ainsi était le défunt président Houari Boumediene.

Le 27 décembre1978, le monde apprenait la mort du «Raïs» quand le communiqué officiel annonça à 3 h 55 du matin, le décès du colonel Houari Boumediene, président de la République algérienne depuis le putsch, un certain samedi 19 juin 1965 à 12h, quand la radio avait fait l’annonce du redressement révolutionnaire et la création du Conseil de la révolution présidé par Houari Boumediene. Ce jour-là la mort de Boumediene a été un véritable choc émotionnel pour les Algériens et les Algériennes. La nation algérienne perdait un de ses plus valeureux fils et véritables leaders du tiers-monde et des pays non-alignés, qui succombait à une longue maladie restée mystérieuse à ce jour. La nouvelle plongea le pays dans une douleur que seul le peuple algérien pouvait ressentir pour ses dignes fils. Une vie entière consacrée à la libération du pays et à la construction de l’Etat et ses institutions. Autrement dit, c’était un homme qui était marié à l’Algérie.

Tous les regards du monde entier se tournent vers l’Algérie. Son président vient de s’éteindre à l’âge de 46 ans, après 13 ans à la tête de l’Etat, emporté par une maladie où il avait subi des soins intensifs pendant deux mois à l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger.Le peuple algérien pleure cet Homme qui a su se faire respecter et l’Algérie commençait à prendre une place importante dans le concert des nations. L’Algérie a eu le privilège de recevoir une pléiade d’illustres dirigeants étrangers, car elle était devenue la Mecque des mouvements de Libération nationale à travers le monde.

On n’a jamais vu pareille foule et des représentants de nombreux pays à un enterrement au cimetière d’El Alia à Alger qui est toujours d’actualité surtout à travers cette oraison funèbre historique prononcée par l’actuel président, Abdelaziz Bouteflika.

Au-delà du souvenir de sa mort, en cette fin d’année 2017, Houari Boumediene représente le symbole de la finalité d’une lutte qui continue. C’est tout le peuple algérien qui se rappellera bien longtemps encore l’oeuvre de Houari Boumediene pour l’Algérie qu’il aimait tant pour lui donner une place qu’elle n’avait jamais occupée auparavant sur la scène internationale, a connu aujourd’hui de nombreux bouleversements, à tel point que Boumediene aurait bien du mal à la reconnaître.

Il a laissé un pays debout

Ces Algériens qu’il a laissés derrière lui, que pensent-ils de lui aujourd’hui?

«Mais ce qui est sûr c’est que Si Boumediene ne laisse personne indifférent. Tous sont d’accord sur un seul point, il a laissé un pays debout, cet aspect de la personnalité du président défunt attire aujourd’hui la sympathie des Algériens et Algériennes.»

«Si Boumediene présent dans les coeurs et les mémoires des Algériens et Algériennes est sur les lèvres des Algériens. Il revient assidûment aussi bien dans des discussions entre amis, dans les bureaux, dans les cafés ou dans la rue que dans les rencontres-débats. Pour certains, il n’y a pas l’ombre d’un doute que Si Boumediene était le meilleur de son temps. Je ne pense pas qu’un Algérien puisse oublier Boumediene qui a marqué l’histoire de notre Algérie moderne»

«La période Si Boumediene est exaltante par l’esprit constructif, la vision d’avenir d’une Algérie plus juste, plus développée et dont nos enfants auront la tête haute avec un avenir de dignité dans leur propre pays.»

Qui était Houari Boumediene qui fascine tant les Algériennes et Algériens?

De son vivant, un grand journaliste- écrivain étranger a dit de lui qu’il est «discret mais efficace, réservé, mais volontaire, humain, mais autoritaire, ouvert, mais exigeant, prudent dans l’audace, il travaille avec acharnement» lui, c’est le président défunt Houari Boumediene.

Et enfin, il lisait lui-même la presse nationale et internationale et le courrier parvenu des citoyens.

De son vrai nom Mohamed Boukharouba, dont le nom de guerre est Houari Boumediene né à Guelma, dans une famille de paysans pauvres. L’homme qui a dirigé le pays de 1965 à 1978, durant les périodes cruciales qu’a traversées l’Algérie, ce grand homme d’Etat, est incontestablement un patriote avant tout qui a marqué l’histoire de son pays d’une force morale et d’une intégrité intellectuelle extraordinaires dans la mesure où il a marqué des faits et évènements dans un contexte historique dans le monde. Il s’est voué très jeune au service du pays aux premières heures de la révolution, chef d’état-major de l’Armée de Libération nationale (ALN), à 28 ans. A 44 ans, il est devenu un leader du tiers-monde, le plus écouté.

Deux causes très chères au président défunt, la Palestine et le Sahara occidental.

Son fort engagement à la guerre israélo-arabe (1967 et 1973) aux côtés de la cause palestinienne, l’Egypte et de la Syrie. L’engagement sans faille de l’Algérie envers la cause palestinienne comme le prouve la contribution militaire, financière et politique dans la guerre des Six-Jours des années 1960- 1970 où le sang des militaires algériens a coulé avec celui des autres soldats arabes.

La cause palestinienne très chère au président défunt Boumediene où l’Algérie avait mené via la guerre du pétrole contre l’Occident pour son soutien à l’Etat d’Israël. Le président Boumediene a laissé sa célèbre expression «L’Algérie est avec la Palestine à tort ou à raison.» C’est à Alger lors d’un Sommet arabe extraordinaire que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait recueilli le statut de représentant unique et légitime du peuple palestinien dont l’acte de naissance de l’Etat palestinien a été délivré. De même pour la question sahraouie, le président Boumediene se montra intraitable pour les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et contribua à la création de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) à Alger. Il était animé par une profonde conviction, l’argent de l’Etat appartenait à la nation et ne devait pas être dilapidé.

A sa mort, ses détracteurs ont découvert avec étonnement qu’il ne détenait aucun patrimoine immobilier, aucune fortune personnelle et que son compte courant postal(CCP) le seul compte qu’il possédait, avait un solde de 6000 DA (six cents mille centimes).

Ainsi, on retiendra quelques-uns des événements très importants dans l’histoire du monde.

L’oeuvre entreprise est importante sous le mandat du président Boumediene qui voulait d’une Algérie futuriste et belle qui fut un combat sur tous les fronts; politique, économique, social, culturel, national et international même si elle est controversée. Président des pays non-alignés, Boumediene voulait donner à l’Algérie une place qu’elle n’avait jamais occupée auparavant sur la scène internationale. En effet, le président demanda et obtint en 1974, la convocation d’une session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies sur les matières premières, le transfert de technologie et sur les rapports entre pays en voie de développement et pays développés. Au sujet de cette idée, le président Boumediene provoqua des changements en orientant dès 1974 la politique internationale de l’Algérie: au sommet des pays non-alignés, au sein du groupe des 77, de l’OUA, de l’Opep et dans toutes les discussions avec les pays occidentaux dans tous les forums internationaux.

Historique Assemblée générale de l’ONU

L’Algérie de Boumediene offrit un soutien très actif aux différents mouvements de libération d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.

Cette même année sous la présidence de l’Algérie, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, aujourd’hui président de la République, invite le président de l’OLP, Yasser Arafat, à prendre la parole devant l’Assemblée générale de l’ONU qu’il préside. Le monde entier considère cette assemblée générale comme historique. Rappelons aussi le sommet de l’Opep à Alger lorsqu’il a appelé à la nécessité pour une juste rémunération des hydrocarbures après le choc pétrolier de 1973 où en s’en souvient, Boumediene avait mené via la guerre du pétrole contre l’Occident pour son soutien à l’Etat d’Israël.Le président Boumediene a réussi à réconcilier l’Irak et l’Iran, mettant fin à une guerre séculaire en marge de la conférence des pays non-alignés à laquelle les plus grands dirigeants du tiers monde de l’époque ont assisté, il est à l’origine de ce que l’on a appelé le dialogue (Nord-Sud). La politique des nationalisations est considérée comme une des grandes oeuvres de Boumediene, par un programme de nationalisations touchant l’ensemble des secteurs, surtout dans les domaines stratégiques des hydrocarbures, des banques, des transports, des assurances et des mines.Il faut souligner qu’une telle démarche, placée dans le contexte de l’époque, était loin d’être aisée dans le sens où elle s’inscrivait dans un cadre international hostile qui n’entrevoyait pas d’un bon oeil ces nationalisations, du fait qu’elles menaçaient ses intérêts néocoloniaux et dérangeaient ses structures. le 8 mai 1966, fut décidée la nationalisation des mines de fer, phosphates, plomb, zinc et marbre. En 1967 fut décrétée la nationalisation des sociétés étrangères (américaines, allemandes, britanniques et françaises).

Le 24 février 1971 «Kararna ta’emine el mahroukate» «Nous avons décidé la nationalisation des hydrocarbures». Par cette phrase, Boumediene annonçait à la face du monde que l’Algérie tenait en main son destin énergétique. Aujourd’hui il est clair que l’Algérie a fait le bon choix en nationalisant ses hydrocarbures puisque cela lui a permis de s’engager dans différents plans de développement nationaux pour financer son développement économique et social à ce jour.

Boumediene était aussi préoccupé par l’édification d’un Etat qui survive aux hommes et aux événements, notamment d’asseoir les fondements de l’Etat. Après une période de légitimité révolutionnaire, vint celle de la légitimité institutionnelle.

Boumediene a mené également une politique d’équilibre régional par la mise en oeuvre de programmes spéciaux de développement, qui a permis de mettre fin aux disparités entre les régions. Faut-il rappeler au passage que des réunions du gouvernement se tenaient au niveau des régions, dont notamment les Aurès, le Titteri, l’Oasis, la Saoura, la Kabylie…? Les hôpitaux universitaires (CHU) d’Alger, Oran et Constantine sont devenus un haut lieu de formation et pour la tenue de séminaires nationaux et internationaux, ce sont aussi des lieux de recherche où l’on accueillait également des étudiants universitaires de l’Afrique et du Maghreb. Dans cette optique, le choix de la politique économique se manifesta par trois révolutions considérées par le président Boumediene comme fer de lance dans la bataille d’un 1er Novembre économique pour l’indépendance économique et la promotion de l’homme. La révolution industrielle, pour l’édification d’une base industrielle solide et la formation d’une classe ouvrière. On peut rappeler ici, essentiellement, la réalisation de grands ensembles industriels et technologiques (production et transformation) et ce, dans tous les secteurs d’activités; énergie et pétrochimie, sidérurgie, industrie agroalimentaire, pêche, mines hydraulique, dont les barrages de Beni Haroun et Abadla qui comptent parmi les plus importants en Afrique.

On a eu un tissu industriel avec près de 70 zones industrielles à travers le pays aussi diversifié qu’étendu d’une économie aux grandes ambitions. L’Algérie avait acquis une réelle expérience dans l’industrie, l’agriculture et le tourisme, et s’est classée après l’Espagne et l’un des premiers pays industriels du continent africain. Le tourisme rapportait environ 7% des revenus en devises fortes. La fiscalité ordinaire assurait les dépenses de fonctionnement, la fiscalité pétrolière était consacrée seulement à l’équipement. L’Epargne nationale était en moyenne de 40% du PIB, la stabilité du taux de change fluctuant entre 4 et 5 DA pour 1 dollar. La révolution culturelle, condition essentielle selon le président, pour la concrétisation des objectifs des deux révolutions. Elle a permis à notre pays de se doter de milliers d’écoles, de lycées, d’universités, l’ENA, Polytechnique, d’instituts technologiques, de centres de recherche scientifique, de centres nucléaires et de grandes écoles de cinéma, théâtre, musique où le taux d’alphabétisation a atteint près de 75% à la fin de 1970, cela grâce à un corps enseignant riche, intègre et de rang magistral. La révolution agraire, visait la transformation du Monde rural par l’éradication de gourbis hérités de la période coloniale, la mise en valeur agricole et de freiner l’exode rural. Elle a permis la mise en valeur des terres pour une agriculture rénovée et organisée en grandes exploitations agricoles (domaines autogérés) avec des moyens d’équipements et d’irrigation à travers toutes les régions du pays, ce qui revêt aujourd’hui une importance stratégique dans le cadre de l’équilibre régional et du développement local. Le lancement du barrage fruitier à Beni Slimane fut abandonné à la mort du président Boumediene. Malheureusement, le président Boumediene, le garant de cette politique des grandes ambitions qui voulait d’une Algérie futuriste et belle, sera emporté par la maladie le 27 décembre 1978.