Écrit par Bouzid Chalabi
Les soldes d’hiver commencent ce vendredi à Alger comme dans d’autres grandes villes du pays. Pour la circonstance, de nombreuses enseignes commerciales versées dans la vente du prêt-à-porter et de la chaussure s’y sont préparées avec l’objectif d’attirer un maximum de clients, l’intérêt grandissant pour cette période n’est plus à démontrer. Mais de l’avis de nombreux gérants d’enseignes de la capitale, la frénésie de l’achat en cette période comme enregistrée les années précédentes risque de régresser…
Selon certains patrons d’enseignes, que nous avons rencontrés sur les lieux de leur activité et qui ont bien voulu nous répondre sur les raisons de cette crainte de voir la période de solde synonyme de fort pic de vente se transformer en mévente, «les séries de promotions auxquelles se sont adonnés de nombreux commerçants ont permis à beaucoup de potentiels clients de ne pas attendre la période des soldes d’hiver pour procéder à des achats». En clair de nombreux citoyens ont déjà fait leurs emplettes en vêtements et chaussures et, du coup, il ne serait pas étonnant de constater que la frénésie de l’achat ne sera pas de même ampleur que celle constatée auparavant.
Les promos à tout va rendent les soldes moins attractives
«De ce fait, on craint que cette période, synonyme de fortes ventes, attire moins de monde et génère moins de chiffres d’affaires qu’attendus», nous ont affirmé plusieurs commerçants. Pour un autre, « les promos, c’est partout et tout le temps, et du coup, la notion de juste prix devient extrêmement floue pour le consommateur, habitué qui plus est à faire le plein d’achat lors de la période des soldes».
Par ailleurs, nos interlocuteurs nous ont affirmé : « Devant cette situation, il nous sera difficile de mettre à profit cette période à moins d’aller vers l’extrême, liquider nos articles à des prix symboliques.»
A propos de cette alternative, l’un d’entre eux nous a lancé : «Franchement, qui d’entre nous ira jusqu’à cet extrême ?» Un autre, plutôt inquiet sur le scénario à venir, a toutefois reconnu dans la profession, «nous sommes libres de décider d’engager des ventes promotionnelles, c’est pourquoi nous ne pouvons pas reprocher à ceux qui se sont adonnés à organiser des ventes promotionnelles trois semaines avant la période des soldes d’hiver. A nous donc de faire avec. Nous espérons seulement que les habitués des soldes ne vont pas trop nous tourner le dos. Et le cas échéant, nous allons tenter de rattraper cette déconvenue lors des prochaines soldes d’été».
Veiller au respect des règles en vigueur
Pour revenir aux soldes d’hiver actuelles, il convient de rappeler qu’ils sont 112 commerçants d’habillement et de chaussures sur la place de la capitale à avoir obtenu de l’administration compétente, en l’occurrence la direction du commerce de la wilaya, l’autorisation de pratiquer des soldes. Un aval subordonné à des conditions comme le stipule le règlement en vigueur. Entre autres, que les produits objets de soldes soient acquis trois mois avant le début de la période des soldes.
Autrement dit, le détaillant doit prouver que les articles faisant l’objet d’une solde de prix ont été acquis bien avant le mois d’octobre dernier comme il leur est exigé de présenter les factures d’achats des articles concernés. C’est ce que nous a expliqué un responsable de ladite direction chargée de traiter les demandes des commerçants désirant participer à la période des soldes, fixée uniquement par le wali. Toutefois, ce responsable a reconnu qu’un commerçant peut afficher sur son espace de vente des soldes sans pour autant avoir l’aval de sa direction. «Mais une fois détecté, il encourt des sanctions, c’est-à-dire de payer une amende», nous a-t-il indiqué.
A notre question de savoir quel a été le nombre de procès-verbaux dressés lors de la dernière période, c’est-à-dire celle de l’été dernier (juillet 2018), le responsable nous a révélé que durant cette période les agents de contrôles ont établi neuf P-V pour défaut d’affichage alors que les rayons portaient indication « prix soldés», et 34 P-V pour défaut de présentation de facture.
Et de nous préciser que la direction du commerce a enregistré 425 demandes d’autorisation d’opérations de soldes mais n’en a accordé que 173, dont la majeure partie pour des commerçants en produits d’habillement ou de chaussures et très peu de marchands de tissu d’ameublement ou de meubles. Vu le nombre élevé de demandes déposées pour obtenir le feu vert pour procéder à des soldes, on peut déduire que cette période est attendue.
En effet, pour de nombreux concitoyens, les périodes des soldes sont une occasion de s’habiller et de se chausser qualitativement à moindre coût. C’est d’ ailleurs ce que nous ont dit des pères et mères de famille, des étudiants et autres rencontrés lors de notre passage dans de nombreux centres commerciaux à la veille du début de la période des soldes d’hiver.
Une occasion à ne pas rater pour les faibles et moyens revenus
Pour beaucoup de gens, la période des soldes leur permet de bien s’habiller. C’est surtout le cas pour les jeunes, très portés sur les dernières modes. Selon Madjid, un étudiant rencontré au centre d’affaires de Bab Ezzouar et à qui nous avons demandé que représente pour lui la prochaine période des soldes nous dira : « Une occasion à ne pas rater pour moi et pour pratiquement tous les étudiants et étudiantes. La plupart d’entre nous n’hésitent pas à claquer toute leur bourse perçue ces derniers jours pour faire le plein d’achat en habits et chaussures. C’est une aubaine qu’il est impensable de ne pas saisir tant les prix affichés hors périodes de soldes sont inabordables. Quand bien même nous arrivons à résister à la tentation de nous vêtir à la mode, c’est au prix de lourds sacrifices et de privations qui vont se prolonger jusqu’à la perception de la prochaine bourse.»
Les étiquettes barrées ont pignon sur rue
A partir des avis récoltés auprès de multiples personnes de divers horizons, et parfois même de chômeurs, on constate que les Algériens commencent à s’habituer aux étiquettes barrées qui fleurissent lors des deux rendez-vous saisonniers (soldes d’été et d’hiver) au point où elles se sont sacralisées chez bon nombre de nos concitoyens. Ces deux rendez-vous sont de plus en plus attendus par une grande frange de la population. En témoignent les scènes de bousculades constatées les premiers jours des soldes au niveau notamment des magasins franchisés. En effet, on a assisté en ces endroits, dès l’ouverture des rideaux, à une véritable razzia sur les rayons par une foule pressée de profiter de l’aubaine car convaincue que les stocks des articles soldés vont très vite s’épuiser. Un attrait pour ces rendez-vous commerciaux qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où chez les franchisés, les prix proposés se traduisent par des pics de fréquentation, «suivis d’une baisse sensible les semaines qui suivent», nous ont rappelé des patrons d’enseignes franchisées établis du côté du Centre d’affaires et des loisirs de Bab Ezzouar ainsi qu’au sein de la grande surface Ardis.
Les gérants restent optimistes car s’appuyant sur le constat que cette période «attire plus de monde, ce qui génère plus de chiffres d’affaires». «C’est pourquoi nous allons démarquer plus que d’habitude», nous ont affirmé certains. Une bonne initiative pour les férus de soldes. Attendons voir si c’est vraiment le cas lors de la première semaine de l’entame de la période en question.